"Ne nous sacrifiez pas", la pétition des opposants au blocage de l'université Jean-Jaurès à Toulouse

Une pétition-lettre ouverte à la ministre de l'enseignement supérieur, signée par des étudiants, enseignants et personnels de l'université est en ligne : elle s'inquiète de la possible "année blanche" en raison de blocage et du report des examens. 

C'est comme un cri de désespoir : "Prenez vos responsabilités, agissez avec l’autorité et le pouvoir qui sont les vôtres, ne nous sacrifiez pas", c'est ainsi que ce termine la longue lettre ouverte, sous forme de pétition, adressée à Frédérique Vidal, la ministre de l'enseignement supérieur, par une partie de la communauté universitaire de Toulouse Jean-Jaurès, occupée depuis début mars. 

Le texte est intitulé "L'UT2J (Ndlr : Université Toulouse Jean Jaurès) mérite mieux que ça". Il dresse le constat de la situation actuelle de l'université toulousaine et, sans remettre en cause les raisons de la grève, s'en prend directement à la "minorité" qui bloque et s'inquiète du report des examens en juin

Les signataires de ce texte s’élèvent en fait avec force et indignation non pas contre la grève mais contre les conséquences des modalités adoptées par des AG dites souveraines -alors qu’elles représentent au mieux, les jours fastes et en comptant les opposants au blocage, 5 à 6 % du total de la communauté universitaire- et qui, de blocages partiels en blocage total, nous mènent de fait tout droit dans le mur, avec une obstination et une intransigeance qui pourraient aboutir non seulement à une année universitaire 2017-2018 blanche (sans délivrance de diplôme ni recrutement d’aucune sorte) mais aussi à l’impossibilité d’organiser et de mettre en place l’année 2018-2019.


Les signataires regrettent aussi que l'administrateur provisoire, Richard Laganier, nommé par la ministre, ait annoncé dès son arrivée qu'il ne demandera pas le recours aux forces de l'ordre pour débloquer le campus : 

Il a déclaré d’emblée –sans doute avec votre accord, peut-être même à votre demande- qu’il ne ferait pas intervenir les forces de l’ordre, signal fort parfaitement entendu par les uns –qui s’en sont réjouis et y ont vu des raisons d’aller toujours plus loin dans leurs exigences- et les autres –qui se sont sentis abandonnés et y ont vu des raisons de désespérer un peu plus encore-.


Et les pétitionnaires sont ensuite extrêmement sévères vis-à-vis des occupants de l'établissement, parlant même d'un groupe "nihiliste" : 

Nous comprenons parfaitement l’attention prioritaire accordée aux personnels grévistes et aux étudiants engagés dans le mouvement, seules composantes désormais présentes quotidiennement sur le campus et que vous ne pouvez négliger, ne serait-ce que parce qu’elles vous menacent et vous contredisent ouvertement. Mais faut-il pour autant oublier tous les autres usagers de cette Université ? Lâcher celles et ceux, étudiants, BIATSS et ITA, chercheurs, enseignants-chercheurs, enseignants, incontestablement majoritaires, qui tiennent et tiendront la boutique, celles et ceux à qui on demandera une fois de plus à la fin, quand il s’agira de sauver ce qui pourra l’être, de s’asseoir sur ce qu’il reste de leur idéal universitaire et de bricoler, pour faire comme si...

Pour faire comme si cela n'avait aucune importance qu'un établissement entièrement remis à neuf et dont l’image restaurée commençait à peine à se teinter positivement soit saccagé... Pour faire comme si cela n'avait aucune importance qu'un groupe totalement nihiliste et pour l'essentiel extérieur à notre université se soit emparé d'un bâtiment entier et nargue notre communauté à coup de dazibaos d'un autre âge...


Vendredi 13 avril, deux jours après sa mise en ligne, la pétition avait recueilli un peu plus de 1200 signatures.  Dimanche, l'émission politique de France 3 Midi-Pyrénées, "Dimanche en politique" abordera la crise universitaire sous le titre "Vers un autre mai 68 ?"
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