INFO FRANCE 3 - La présidente du conseil de surveillance de l'aéroport de Toulouse vient de faire son entrée au conseil d'administration d'Air France-KLM. Un étrange statut, temporaire, avant son départ de la présidence de l'aéroport de Toulouse en 2018.
La rumeur la voyait en juin dernier entrer au gouvernement après l'élection d'Emmanuel Macron. Raté pour cette fois. Mais Anne-Marie Idrac reste tout de même dans les petits papiers du pouvoir actuel. Représentante d'un équilibre (relatif) entre public et privé : elle est à la tête du conseil de surveillance de l'Aéroport de Toulouse Blagnac (ATB), placée là par les actionnaires chinois qui ont racheté les parts de l'Etat, désormais actionnaire minoritaire, à l'issue d'une procédure lancée par Arnaud Montebourg et conclue par... Emmanuel Macron, lorsqu'il était ministre de l'économie !
Un poste stratégique à la direction du quatrième aéroport de province et du premier à avoir été partiellement privatisé.
Nommée le 2 novembre au conseil d'administration... d'Air France-KLM !
Anne-Marie Idrac est aussi membre de plusieurs conseils d'administration dont celui de Total. L'ancienne ministre des Transports de Jacques Chirac, ancienne patronne de la RATP puis de la SNCF, est une spécialiste des transports.Le 2 novembre dernier, elle a été nommée administratrice indépendante au conseil d'administration de la compagnie aérienne Air France-KLM.
Chez Air France, interrogé par France 3, on indique que l'entrée au conseil d'administration au même moment de deux hommes, représentants les nouveaux actionnaires du groupe (les compagnies Delta Airlines et China Eastern) imposait l'arrivée d'une femme pour maintenir la parité. Le profil d'Anne-Marie Idrac était alors idéal pour la compagnie : femme, spécialiste des transports, impliquée dans l'aérien. Et accessoirement, rajoutons-le : ayant la confiance du Président de la République, ce qui n'est pas négligeable.
Elle quittera l'aéroport de Toulouse en mai 2018
Problème : le service de presse d'Air France-KLM nous confirme qu'en tant qu'administratrice, Anne-Marie Idrac sera rémunérée. Les fameux "jetons de présence" des membres de conseils d'administration !Et la situation devient incongrue : la patronne de la plateforme aéroportuaire de Toulouse rémunérée par la première compagnie à utiliser cet aéroport !
Gênée aux entournures, Air France précise que, lors de son entretien devant le comité des nominations, Anne-Marie Idrac a indiqué qu'elle ne demandera pas la reconduction de son mandat à la tête du conseil de surveillance de l'aéroport de Toulouse qui arrive à échéance en mai 2018.
Cette double casquette, surprenante, ne serait donc que provisoire. Une question de quelques mois.
"Possible conflit d'intérêts"
"Mais pour qui roule-t-elle ?" s'interroge l'avocat toulousain Christophe Léguevaques qui ferraille depuis des années contre la privatisation de l'aéroport. "Il y a possible conflit d'intérêts, poursuit-il. Air France ne veut pas qu'une compagnie étrangère s'installe à Toulouse pour en faire un hub vers l'étranger. Mais cette entrée d'Anne-Marie Idrac au conseil d'administration d'Air France-KLM peut être économiquement un bon deal pour les actionnaires chinois, qui pourraient se servir d'Air France pour faire de Toulouse un hub vers l'Asie du sud-est. Ecologiquement, ce serait une catastrophe. Et pour les riverains une explosion des survols !"
L'entrée d'Anne-Marie Idrac au conseil d'administration d'Air France est-elle un simple fait du hasard, la compagnie ayant numériquement besoin d'une femme, comme l'explique officiellement la compagnie ? Ou bien est-elle le fruit d'un accord entre Air France et les actionnaires chinois de l'aéroport, avec la bénédiction de l'Etat français ?"Je ne demanderai pas le renouvellement de mon mandat"
Contactée par France 3, Anne-Marie Idrac nous indique donc qu'elle ne demandera pas le renouvellement de son mandat de présidente du conseil de surveillance de l'aéroport de Toulouse-Blagnac en mai prochain.Et confirme à demi-mots que la situation actuelle, temporaire donc, est incongrue : "Je suis conciente que je ne peux pas être membre des conseils de direction de deux entreprises qui ont des liens commerciaux".
Ce départ annoncé aura donc lieu dans quelques mois. Il suit celui du directeur de l'aéroport, Jean-Michel Vernhes poussé vers la sortie en septembre dernier par les actionnaires chinois. Il faut donc recomposer l'ensemble de la direction d'ATB.