Non-respect des horaires de nuit à l'aéroport Toulouse-Blagnac : Les compagnies low-cost en toute impunité

L'aéroport de Toulouse-Blagnac a connu en 2022 un nombre croissant de vols retardés ou déviés, selon l'autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA). Les conséquences de cette situation impactent non seulement les passagers, mais aussi les collectivités locales et les riverains. La nécessité de l'application d'un couvre-feu s'impose dans le débat.

L'autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA) confirme, dans un rapport publié fin juin 2023, une tendance à l'aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB), déjà observée dans plusieurs grands aéroports français en 2022 : le non-respect des horaires de nuit de la part des compagnies.

Le constat est sans appel. Au cours de la saison hivernale 2022/2023, aucune opération commerciale n'était programmée entre minuit et 6 heures du matin. Et pourtant...

Huit vols non commerciaux, tels que des vols sanitaires ou des vols de services publics, ont été effectués pendant cette période, mais surtout 186 vols commerciaux prévus en dehors de cette plage horaire ont été réalisés en débordement.

"Ce résultat de 2022 montre une aggravation de la situation en matière de ponctualité avec des conséquences négatives pour les collectivités et populations impactées. Il souligne la nécessité d'une programmation raisonnable et soutenable des rotations journalières des vols de courte ou moyenne distance", estime l'ACNUSA.

Des compagnies aériennes low-cost redécollent après 22h

"Ce sont des informations dont nous avions connaissance", explique Jérôme Favrel, vice-président du Collectif Contre les Nuisances Aériennes de l'Agglomération Toulousaine (CCNAT). "Il y a pourtant eu un réel effort de déprogrammation, mais un certain nombre de compagnies continuent à arriver après minuit."

Dans le viseur de l'association, notamment les compagnies Ryanair, Volotea  et EasyJet. Contrairement à Air France, les trois low-cost n'hésiteraient pas à redécoller entre 22h et minuit.

Comme le rapporte l'ACNUSA, ces compagnies ne manquent pas d'explications pour "se soustraire à leurs responsabilités de transporteurs" : problèmes de personnel, désagréments avec les passagers, mauvaises conditions météorologiques, contrôles de sécurité ou encore gestion du trafic aérien trop réglementés, notamment en France.

Mais pour l'Autorité de contrôle, ces arguments ne tiennent pas : "Les retards étaient essentiellement le fait d'une programmation des vols de chaque journée non soutenable de manière durable. Avec une programmation de six, voire huit, vols pour chaque rotation journalière, les aléas inhérents au transport aérien provoquent des annulations, des déroutements ou des retards préjudiciables aux usagers du transport aérien comme aux collectivités et populations riveraines des aéroports."

La surexposition au bruit aérien, un risque pour la santé

"Ces compagnies aériennes programment des vols en toute fin de journée de façon trop chargée, mais l'aéroport ne peut rien faire contre eux d'un point de vue légal", déplore Jérôme Favrel.

Exemple, le mercredi 5 juillet de Ryan Air a fait décoller de Toulouse-Blagnac à 1h15, un Boeing 737, dont la signature sonore est connue pour être l'une des plus fortes, comme le montre cette capture d'écran : 

Le militant associatif raconte habiter le quartier Croix de Pierre, situé "en dehors du couloir aérien", précise-t-il. "Il suffit d'un décollage après minuit et de chez moi le bruit atteint les 70 dB. Imaginez pour les personnes riveraines de l'aéroport..."

Selon une étude publiée en 2020, "la surexposition au bruit aérien fait exploser les maladies cardiovasculaires avec, pour chaque augmentation de 10 décibels, un surcroît de mortalité évalué à 18 % et allant jusqu'à 28 % pour l'infarctus du myocarde."

Afin d'éviter une détérioration plus poussée de la situation et de préserver les intérêts de toutes les parties prenantes, "y compris les compagnies aériennes soucieuses de leurs clients et de l'environnement", l'Autorité de contrôle recommande aux préfets des départements concernés de prendre des mesures concrètes "afin de ne pas laisser à penser que les restrictions horaires seraient simplement 'en programmation'".

Selon nos informations, les collectivités présentent au conseil d'administration, la Métropole et la région d'Occitanie notamment, poussent pour qu'aucun vol commercial ne puisse plus respecter ces horaires. 

La nécessité d'un couvre feu

En ligne de mire : l'interdiction pure et simple des vols passagers entre minuit et 6 heures du matin, ne permettant pas le moindre dépassement, comme à l'aéroport de Nantes. Depuis avril 2022, un couvre-feu a été mis en place de minuit à 6 heures du matin pour l'aéroport Nantes Atlantique, afin de réduire les nuisances sonores nocturnes. Les compagnies aériennes ne peuvent donc pas programmer de vols (départs ou arrivées) sur cette plage horaire.

En mai dernier, le collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine, plusieurs associations et élus manifestaient pour réclamer ce couvre-feu et accusaient l'Aéroport Toulouse Blagnac - qui n'a pas répondu à nos sollicitations - de se transformer "en place 'low-cost' pour la nuit". Rien que pour juin et juillet 2023, Ryanair fait progresser le nombre de ses vols de nuit de plus de 40%.

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