Une vingtaine de jeunes professeurs des écoles ou contractuels de l'enseignement se sont rassemblés mercredi 3 juillet devant le rectorat de Toulouse (Haute-Garonne). Ils demandent à pouvoir être embauchés pour la rentrée prochaine mais aussi l'arrêt de la précarisation de leur métier. Alors que le manque de professeurs se fait ressentir dans la région.
"Il faut arrêter la précarisation du métier d'enseignant, sinon on ne mise pas sur l'avenir" affirme Léa. Devant le rectorat, cette candidate inscrite sur la liste complémentaire du Concours de recrutement de professeurs des écoles 2024, est bien déterminée à se faire entendre : "Le problème aujourd'hui c'est que nous sommes 100 sur la liste complémentaire. Cela signifie que nous avons passé le concours, mais que quelques points nous séparent des lauréats. Même si nous avons fait les études adéquates et avons presque réussi, ce sont des contractuels, recrutés sur un simple entretien qui vont nous remplacer."
Pour Léa, le problème réside surtout dans la différence de professionnalisation : "Les contractuels vont être recrutés sans avoir bénéficié de la même formation que nous avons reçue, aussi bien théorique que pratique" ajoute-t-elle. Diplômée d'un master de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF), elle a d'ores et déjà effectué plusieurs stages et se sent prête à enseigner : "Mon objectif c'est d'être titulaire, je veux devenir fonctionnaire, et ne pas passer par la case des contractuels, pour ne pas entrer en situation de précarité. Car aujourd'hui le métier d'enseignant est précaire".
Les étudiants sur listes complémentaires peuvent remplacer des candidats admis sur liste principale, en cas de démission, jusqu'au 1er octobre de l'année en court. Ces futurs enseignants peuvent également être appelés pour pourvoir des postes vacants tout au long de l'année. En 2023, l'ensemble de la liste complémentaire de l'académie de Toulouse a été recruté afin de pallier le manque de professeurs des écoles. Entre 100 et 200 postes non remplacés manquaient à ce moment-là. "Si nous sommes sur la liste complémentaire c'est que nous avons eu minimum 12 au concours. Nous avons été professeurs devant des élèves, nous savons que nous sommes prêts à être professeurs à la rentrée. On ne lâchera pas l'affaire!" affirme une autre étudiante venue manifester.
50 candidats sur liste complémentaire finalement recrutés
Chaque année, pratiquement 1500 personnes passent le concours en "externe", sur ces 1500, seuls 300 sont retenus. Mais il existe aussi un concours "interne" pour celles et ceux qui sont déjà employés en tant que professeurs. Là ils sont 100 personnes à passer le concours et seuls 5 sont retenus. Puis, certains sont sur liste d'attente, cette année ils étaient 100 : 98 venus du concours externe, 2 du concours interne.
Sur cette liste de 100 candidats, 50 ont finalement été recrutés par le Ministère. Il en reste cependant encore la moitié à être dans l'attente : "Selon ce qu'on nous dit, le rectorat serait d'accord pour tous nous recruter, mais ce qui bloque c'est plus haut, au ministère. C'est une affaire de budget, car les contractuels coûtent moins cher et ne sont pas titularisés à la fin de leur période. Pour nous, le recrutement de contractuels doit se faire uniquement lorsque la liste complémentaire a été utilisée en intégralité." explique Léa.
Fabien, est contractuel depuis trois ans. Il passe le concours de recrutement de professeurs des écoles en interne dans l'Académie. Lui a aussi effectué un master MEEF, qu'il n'a pas terminé. Depuis qu'il est contractuel, il passe de villes en villes chaque année, une situation qu'il accepte même si cette année l'incertitude règne : "Je ne sais pas si je travaille à la rentrée, normalement je devais être tenu au courant il y a déjà une semaine. Chaque année je reçois un coup de téléphone pour que l'on me dise où je suis muté. Le problème c'est que si on m'appelle plus tard, je ne pourrais pas contacter les écoles pour savoir ce qui a déjà été entrepris avec la classe et préparer correctement mes programmes." admet-il.
Un contrat différent et des salaires différents
Lorsqu'un jeune professeur des écoles est admis au concours, il obtient le statut de stagiaire pendant un an. Il est ensuite titularisé. Un professeur des écoles, contractuel, lui a moins de chance de le devenir. "Les salaires ne sont pas les mêmes aussi. Embaucher des contractuels permet de faire des économies. Nous, nous apportons la différence du savoir" explique Léa, avant d'ajouter : "Nous ne voulons pas dénigrer les contractuels, mais il manque des professeurs. Alors que nous sommes là. L'année dernière, il y avait 400 contractuels d'embauchés, cette année ils n'en reprendraient que 80, nous ne comprenons pas."
Aux alentours de 16h, cinq manifestants ont été reçus par le rectorat. À la sortie Léa explique : "Ils nous disent qu'ils sont bloqués au niveau du budget. Pour l'instant rien ne changera. Selon eux, avec la réforme des retraites il y a eu moins de départs, ce qui peut jouer, mais ça m'étonnerait que ce soit le cas pour tous. On ne lâchera rien."
Sollicité, le rectorat, n'a pas souhaité répondre. Les futurs professeurs eux, sont bien déterminés, et souhaitent se mobiliser de nouveau le lundi 8 juillet à 14h.