"Intolérable" : suite à la fuite et au suicide d'un patient du CHU, la CGT menace d'enclencher une "procédure de danger grave et imminent"

Le service psychiatrique du CHU de Toulouse (Haute-Garonne) est à nouveau frappé par un drame. Quelques mois après une série d'incidents graves, un patient s'est suicidé après avoir quitté l'unité de soins libres et post-crise (ULPC), une structure récemment mise en place pour répondre à la crise du secteur.

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Le CHU de Toulouse, déjà sous pression après plusieurs incidents tragiques en début d'année, fait face à un nouveau drame dans son secteur psychiatrique. Un patient a quitté l'unité de soins libres et post-crise (ULPC) avant de se suicider, selon les informations confirmées par la direction de l'hôpital.

De l'admission à la tragédie

Le 5 novembre 2024, ce patient a été pris en charge aux urgences de Purpan, où il a été hospitalisé. Le 6 novembre, il a été admis en hospitalisation libre dans l’ULPC, située au deuxième étage du bâtiment Urgences Réanimation Médecines (URM), "en attendant son transfert organisé, pour le lendemain, vers un autre établissement de santé", précise l'établissement hospitalier. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, le patient a quitté l’unité à l’insu des équipes soignantes. Après avoir constaté son départ, celles-ci ont engagé des recherches et ont prévenu les forces de l’ordre. Malheureusement, le patient s'est donné la mort quelques heures plus tard.

Ce drame s'ajoute à une série d'incidents tragiques survenus dans le service des urgences psychiatriques de l'hôpital Purpan en février 2024, comprenant deux agressions sexuelles et un suicide. À l'époque, le ministre délégué à la Santé avait dénoncé une "grave crise" et une situation "inacceptable". Pour y répondre, une des premières initiatives a été l'ouverture d'une unité d’hospitalisation de courte durée pour les interventions de crise et les post-urgences psychiatriques : l'ULPC. Ce service, qui comprend actuellement huit lits, "permet de stabiliser l’état des patients et d’organiser la suite de leur prise en charge, après leur retour à domicile dans le cadre d’un suivi ambulatoire ou dans le cadre d’une hospitalisation dans une autre structure de soin."

Intolérable pour les syndicats

Suite à la publication de cet article et dans un communiqué de presse, la CGT du CHU dénonce les conditions de travail et d'accueil des patients : "alors que 'plus rien ne devait être comme avant' nous ne pouvons que constater qu'à nouveau les services de psychiatrie étaient surchargés, que des patients se retrouvaient dans des services inadaptés".

Le syndicat pointe du doigt le manque de moyens dans le secteur public : "La solution de la crise actuelle ne doit pas être : + de moyens pour le privé et - de lits pour le public… 75% des lits de psychiatrie à Toulouse sont déjà privés." Ils avancent des solutions, notamment la "réouverture de tous les lits de psychiatrie fermés au CHU et à l'Hôpital Marchant par le recrutement massif de personnel" et la "création immédiate du 9ème secteur de psychiatrie publique".

L'organisation syndicale affirme que, mardi 19 novembre, "29 patients sont présents aux urgences somatiques. C'est intolérable." Face à cette situation critique, les représentants du personnel envisagent d'enclencher "une procédure de danger grave et imminent".

Une unité qui n'est pas fermée

Au moment de la fuite du malade, "l’effectif soignant était au complet", selon la direction. Cette dernière précise également que "cette unité, conformément au principe de l’hospitalisation en soins libres, garantit aux patients leur liberté de circulation. Elle n’a pas vocation à être fermée sauf de manière exceptionnelle en cas de tentative d’intrusion."

À lire : Plus de lits, plus de gardes, restructuration : l'Inspection générale des affaires sociales prescrit un traitement choc pour sortir de la crise la psychiatrie

Dans un rapport rendu en octobre 2024, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) estimait que les troubles psychiatriques connaissaient une "augmentation, notamment suite à la pandémie de Covid" et à l'accroissement de la population du département. Les inspecteurs ont jugé cette situation "impossible à laisser dans un statu quo" et ont préconisé un "changement majeur" dans l'organisation des soins. La question se pose : y a-t-il eu faute ou manque de vigilance ? Nous n'avons pas été en mesure de confirmer le dépôt d'une plainte par la famille du patient, comme nous l'ont affirmé plusieurs interlocuteurs. Le CHU "exprime son soutien à la famille et aux proches de ce patient" et souligne se tenir "à leur disposition pour toute information complémentaire."

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