L'exploitant des transports publics de l’agglomération toulousaine (Tisséo) engage une nouvelle campagne d'affichage pour lutter contre le harcèlement sexuel. En donnant aux victimes et aux témoins des agressions les clefs pour réagir.
Un quadragénaire marié et père de 3 enfants, qui accoste une jeune fille de 14 ans à la station Jean-Jaurès, la suit dans le métro et profite de la proximité entre usagers aux heures de pointe pour lui caresser le dos et les fesses... Voilà le type de comportement que l'on peut rencontrer dans le métro toulousain et contre lequel Tisséo engage une nouvelle campagne d'information.
Dans le cas présent, explique Tisséo, grâce à l'alerte effectuée auprès de ses agents, l'individu a été interpellé, remis à la police et jugé. Il a été condamné à 8 mois de prison dont 6 avec sursis et inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles.
Cet exemple n'est malheureusement pas isolé. Selon une étude menée en 2016 par la fédération nationale des usagers du transport, 87% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement dans les transports publics. Mais seulement 2% d'entre elles déposent plainte.
Depuis un an, Tisséo s'est donc mobilisé face à ces situations de harcèlement en participant à un groupe de travail sur la thématique des violences faites aux femmes aux côtés de plusieurs associations.
Tirant les conclusions de ce groupe de travail, l'exploitant du réseau des transports publics lance une nouvelle campagne.
Par voie d'affiches, Tisséo indique les moyens et les systèmes d’alerte mis en oeuvre afin de garantir la sécurité de sa clientèle
L'exploitant, qui rappelle qu'une veille vidéo permanente de plus de 3000 caméras est active sur l’ensemble du réseau, conseille aux témoins d'une situation de harcèlement de s’approcher de la victime et d'impliquer les autres passagers. Tout en alertant les agents Tisséo ou en utilisant l'une des 300 bornes d’appel d’urgence disposées en stations et dans les rames de métro/tram.
Tisséo propose enfin à la victime de l’accompagner pour déposer plainte en associant si possible le témoignage des autres passagers. Plus les auteurs d’agressions seront dénoncés, explique l'exploitant, plus ils sentiront que le climat d’impunité dans lequel ils agissent devient hostile car leurs actes sont interdits par la loi et sanctionnés pénalement.
"A plusieurs on est plus fort !", explique Tisséo qui dit mobiliser tous ses moyens humains et techniques pour mettre fin à ces agressions.
"La victime n’est jamais responsable : aucune tenue, aucune parole, aucun comportement ne peut justifier le harcèlement et les violences sexuelles. Comme quand on déclare un vol ou un accident, la victime est en droit de déclarer qu’elle se sent ou qu’elle a été agressée. Plus les auteurs d’agressions seront dénoncés, plus ils sentiront que le climat d’impunité dans lequel ils agissent devient hostile car leurs actes sont interdits par la loi et sanctionnés pénalement", poursuit l'exploitant du réseau de transport public.
Sur la forme, Tisséo reprend les visuels de monstres utilisés depuis un an, mais en inversant cette fois le rapport de force agresseur / victime. Message principal que Tisséo veut faire entendre : il faut placer les auteurs d’agression en position de faiblesse face aux victimes et aux témoins.
« Auteur d’agression, vous êtes en terrain hostile et seul contre tous », indiquent ces affiches sur lesquelles les 3 personnages monstrueux mis en scène lors de la première campagne pour illustrer un acte de harcèlement sexiste (l’attouchement, le regard insistant, la parole déplacée) se trouvent aujourd’hui contraints de ressentir eux-mêmes les sentiments qu’ils inspirent aux victimes : la peur et la honte, couplés à l’isolement face à la difficulté.