"On veut les faire passer pour des terroristes" ; des militants écologistes libérés après 4 jours de garde à vue

Après quatre jours de garde à vue, quinze militants écologistes soupçonnés d’avoir participé à une action contre une cimenterie Lafarge ont été relâchés, jeudi 8 juin, sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux pour le moment. Me Claire Dujardin, avocate de trois d’entre eux, dénonce le "ciblage" de militants écologistes par le gouvernement.

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" Si mes clients avaient été convoqués, ils seraient venus s’expliquer. Mais au lieu de ça, on a envoyé des dizaines de policiers armés et cagoulés pour les interpeller dans leurs petits villages et perquisitionner leur domicile ", déplore Me Claire Dujardin, avocate de trois militants écologistes soupçonnés d’avoir participé à une action contre une cimenterie Lafarge en décembre 2022. 

Tous libérés sans aucune charge retenue

Après quatre jours de garde à vue, quinze militants écologistes, notamment interpellés à Verfeil-sur-Seye et au Caylus (Tarn-et-Garonne), ont été relâchés jeudi 8 juin, sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux. L'opération policière qui vise la mouvance écologiste s'achève donc, pour le moment, par des remises en liberté, sans déferrement, ni mise en examen". S'ils ont tous été remis en liberté, c'est parce que les charges contre eux sont insuffisantes, analyse Me Dujardin, ou alors, ils vont être reconvoqués plus tard. "

Le 10 décembre 2022, près de 200 de militants écologistes vêtus de combinaisons blanches et le visage masqué mènent une action dite de "désarmement" contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône). Les manifestants saccagent une partie de l’usine, pointée du doigt depuis des dizaines d’années pour le dépassement des normes de rejets de CO2 dans l’air. Ils ne restent qu’un quart d’heure sur place et aucune identification ou interpellation en flagrant délit n’a lieu. L’enquête n’est donc pas des plus faciles.

"On est sur deux volets dans cette affaire d'interpellations, explique Me Claire Dujardin. 1er volet : le volet judiciaire, où les services de police enquêtent sur des faits précis, en l’occurrence l’action contre la cimenterie. 2e volet : le volet renseignement où les policiers posent des questions politiques aux militants pour connaître leurs opinions, leurs liens avec des organisations, jusqu’aux auteurs qu’ils lisent… On cherche aussi à les intimider " ajoute l'avocate. 

Mes clients ne s'attendaient pas du tout à être interpellés, et encore moins avec autant de moyens déployés. Ils ont vécu ça de manière très violente, en plus du traumatisme de passer quatre jours en garde à vue.

Me Claire Dujardin, avocate de trois militants écologistes interpellés le 5 juin dernier

"Criminalisation" des actions écologistes

"Qu’il y ait une instruction et que l’on enquête sur des faits pénalement répréhensibles, c’est tout à fait normal, c’est le travail de la justice. Là où je suis critique, c’est la manière dont c’est fait, et les moyens disproportionnés utilisés, dans un contexte dans lequel le ministre de l’Intérieur, Mr Darmanin, ne cache pas sa volonté de cibler ceux qu’il appelle les « écoterroristes ». Le gouvernement souhaite criminaliser les actions écologistes " dénonce Me Dujardin.

L'information judiciaire a été ouverte pour "association de malfaiteurs", "dégradation ou destruction par moyen dangereux en bande organisée", et de "dégradation ou destruction en réunion par des personnes dissimulant volontairement leur visage". Les militants qui ont été interpellés sont désormais dans l’attente de la décision de la juge d’instruction, afin de savoir s’ils vont être ou non reconvoqués prochainement.

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