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VIDEO."On voulait un métier qui a du sens" : deux frères maraîchers racontent leur vision différente de l’agriculture durable

Lorsque les deux frères, Grégoire et Matthias lancent leur nouvelle saison de maraîchage, chacun se démène sur sa ferme pour donner corps à sa vision de l’agroécologie. Dans le film "Les agrofrangins", derrière la caméra, pour recueillir leurs confidences et interroger le lien qui les unit, il y a leur troisième frère : Thibault, le réalisateur.

"Les agrofrangins", un film de Thibault Servan. Une production Block 8 productions & Les Agrofrangins.

Le film commence sur des images d'archives où des enfants jouent et se taquinent. Des films de famille, où l’on devine déjà une certaine complicité entre frères, avec encore aujourd’hui, le plaisir de se retrouver, ensemble. Dans cette fratrie de cinq frères et soeurs, Grégoire et Matthias. Aujourd'hui, dans la même région autour de Toulouse, ils s’apprêtent, chacun de leur côté, à lancer la saison de maraîchage.

Souvent complices, parfois rivaux, ils ont choisi le même métier. Tous deux sont devenus ingénieurs agronomes. Pourtant, ils se sont engagés dans des modèles d’agriculture durable qui ne sont pas les mêmes.

Deux trajectoires différentes mais une volonté initiale commune sur laquelle les deux frères sont unanimes :

On voulait trouver un métier qui a du sens.

Grégoire et Matthias Servan


Arrive alors, un troisième frère, Thibault. Réalisateur du film, il décide de prendre sa caméra pour filmer ses deux frangins et comprendre à travers leur vision respective de l’agriculture, les hommes qu’ils sont devenus.

"Je suis tombé la tête, les pieds et le cœur dans l’agroforesterie" 

Grégoire s’est installé dans une microferme autonome dans le Gers avec des associés. Il pratique l’agriculture syntropique. Une démarche très respectueuse de la nature et des écosystèmes, qui consiste à protéger avant tout le vivant. Une forme d'agriculture durable qu'il pratique dans sa parcelle de 3 hectares dans le Gers.

"Il y a beaucoup de mots liés à la nouvelle agriculture et quand on n’a pas le nez dedans on est un peu perdu" raconte le plus jeune des frères. Il enchaîne sur les différences entre agriculture biologique, agroécologie ou encore agriculture syntropique, précisant les techniques qui s'y rattachent.

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Grégoire Servan est installé au coeur d'une microferme dans le Gers. Il pratique l'agriculture syntropique qui consiste en premier lieu à protéger le vivant et les écosystèmes. Il explique les variantes entre plusieurs schémas qui composent la nouvelle agriculture • ©Thibault Servan ©Thibault Servan

"On a commencé par un petit potager" explique Grégoire. Puis, l'envie de s’installer s'impose et il investit les lieux petit à petit. "Au début, les agriculteurs du coin nous appelaient les Mawagits (qui signifie maladroit en patois local), ou alors les poètes", raconte le plus jeune des frères, "à juste titre", dit-il en riant, le regard tourné vers son frère : "Tu connais papa, il ne nous a pas appris à mettre une vis". Aujourd'hui, "Mawagits" est le nom de sa ferme.

Après une formation classique en France, dans laquelle il ne se retrouve pas, Grégoire s'inscrit dans un double diplôme au Brésil. Il y reste deux ans. Le temps de découvrir l’agriculture tropicale. Une révélation explique t-il : "Là-bas, je suis tombé les pieds, la tête et le cœur dans l’agroforesterie et j’ai vraiment compris que ça devait être la base de nos écosystèmes : l’arbre et les plantes pérennes".

"Soit tu as du capital, soit tu hérites, soit tu gagnes 300 euros par mois"

"C’est comme ça que ça marche" explique Matthias, pragmatique. Sa motivation ? Un travail lucratif en agriculture bio. Lui, a fait le choix d’être salarié de la grande distribution. Dans le Tarn, il cultive 34 hectares de terres rachetées par les gérants d’un supermarché, motivés par l’engagement écologique.

Il explique son projet : essayer de faire un modèle rentable et développer la plus grande ferme de maraîchage bio du département. "J'ai découvert le maraîchage sur le modèle Fortier" explique-t-il. Un maraîcher québécois, devenu riche entrepreneur, adepte des microfermes bio intensives.

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Matthias s'est tourné vers la grande distribution. Il est salarié et exploite les terres en bio d'un grand supermarché de la région du Tarn, engagé dans l'agriculture biologique. ©Thibault Servan

Deux pratiques différentes pour un même objectif : "trouver du sens". Comment les deux frères vivent-ils leurs différences ? Leurs méthodes sont-elles conciliables ? Ce documentaire touchant de spontanéité et d'authenticité, nous embarque dans la nature, au cœur de l’humain et nous questionne sur les enjeux de l'agriculture durable.

A voir le débat sur la thématique présenté par Patrick Noviello le 09/05/2024 vers 23h40. À retrouver dès cette date sur France.tv

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