Suite à l'attentat contre Samuel Paty, vendredi 15 octobre, la communauté enseignante est particulièrement touchée. Entre tristesse et colère, les professeurs nous ont fait part de leurs sentiments.
Le dimanche 18 octobre à Toulouse et dans plusieurs villes de France de nombreuses personnes se sont rassemblées pour défendre la liberté d'expression suite à l'assassinat, le 15 octobre, de Samuel Paty. L'émotion est grande chez les professeurs, certains nous ont livré leurs ressentis.
Cyril Lepoint, professeur d'anglais au collège Bellevue à Toulouse
« Quand un collègue se fait décapiter, on se demande où on va et ça fait peur. C’est la première fois que l’école est visée par un acte terroriste. J’avais l’impression qu'elle était un sanctuaire et aujourd’hui elle est devenue une cible. Je suis encore stupéfait, je pense déjà à la rentrée, quel discours on va pouvoir avoir. Je n’ai pas peur d’aborder le sujet avec mes élèves et il me semble impensable de ne pas le faire. »
Marie Gascard, professeure des écoles en classe de petite section à Toulouse
« Je suis ébranlée et en colère, Samuel Paty faisait son travail, il essayait d’amener ses élèves à se questionner. J’imagine que dans certaines classes les élèves vont aborder le sujet. Il serait bien qu’on soit accompagné pour répondre au mieux à leurs questions. Il ne faut pas qu’on change notre façon d’enseigner, si on fait ce métier c’est qu’on croit à notre mission qui est de former les citoyens de demain »
Fabian Bergès, professeur agrégé de mathématiques au collège Clémence Isaure à Toulouse
« Je suis triste pour notre profession, cet assassinat va avoir des répercussions sur certains de mes collègues qui risquent de s’autocensurer pour éviter d’avoir des problèmes. Nous avons pour mission de transmettre des savoirs et de façonner des citoyens libres, éclairés et responsables. »
Cyril Mazzon, professeur d'histoire-géographie au lycée Victor Hugo à Colomiers
« On accepte qu’inculquer les valeurs de la République fasse partie de notre métier, que ce ne soit pas forcément évident à aborder mais on a parfois l’impression de ne pas être soutenu quand ces valeurs sont contredites. Le cours que Samuel Paty a donné je l’ai déjà donné et j’aurai pu le donner. J’avais naïvement cru qu’à la suite des attentats de 2015, la liberté d’expression était un peu plus admise par tout le monde et j’avais un peu baissé la garde. Cet assassinat m’a rappelé la nécessité de continuer à l’enseigner. A la rentrée je vais faire une séance sur le sujet en espérant surtout pouvoir établir un dialogue avec mes élèves. »
François Caubere, professeur d'histoire-géographie au collège Léonard de Vinci à Tournefeuille
« Cet assassinat ne va pas changer ma façon d'enseigner. En classe, j’avais déjà pour rituel une à deux fois par semaine de décrypter l’actualité à travers des dessins de presse et des caricatures, du coup je vais renforcer cela encore plus et on va continuer à travailler là-dessus parce- que l’on s’aperçoit que c’est vraiment important. »
Un hommage national sera rendu à Samuel Paty le mercredi 21 octobre.