Le directeur d’Ombres Blanches, la plus grande librairie indépendante de Toulouse, dénonce dans un virulent courrier adressé au président du Syndicat national de l'édition la présence du géant Amazon, au salon du livre de Paris qu'il qualifie de "capitulation".
Christian Thorel ne s'est pas déplacé au salon du livre de Paris, qui a fermé ses portes lundi.
Le fondateur et directeur de la plus grande librairie indépendante de Toulouse, Ombres Blanches, explique pourquoi dans un virulent courrier qu'il a adressé au président du Syndicat national de l'édition Vincent Montagne, et que publie ActuLitté.
Il met en cause la présence depuis plusieurs années d'un stand de plus en plus grand du géant Amazon, spécialiste de la vente de livres sur internet et de l'auto-édition.
"Vous avez accepté la présence de la Société Amazon en plein milieu du Salon du Livre, Livre Paris, comme une évidence", écrit-il à Vincent Montagne. "(...)vous avez installé une entité qui compromet les relations entre auteurs et éditeurs en faisant la promotion de l’auto-édition, reléguant ainsi l’action des éditeurs à l’exercice d’une autorité financière et intellectuelle dépassée. C’est un peu « se tirer une balle dans le pied », que de faire une place aussi spectaculaire à ce qui est l’exercice principal de la société Amazon, la prédation. Je lis donc cette présence comme une capitulation, comme une soumission à un ordre qui contrevient aux engagements conjugués de nos professions. Et à une histoire commune", ajoute Christian Thorel.
Le patron d'Ombres Blanches n'est donc pas venu "une nouvelle fois à ce rendez-vous de la Porte de Versailles, souvent si bruyant, mais qui devient aussi le lieu d’un silence assourdissant, et d’une défaite, d’une « capitulation ». "Cela m’aura évité la honte d’être sous les auspices à venir d’une domination acceptée d’un nouveau maître, un nouveau maître dont il faut rappeler qu’il s’est exclu lui-même de son appartenance à notre pays, à notre République, à nos valeurs", conclut-il.
La 39e édition du salon Livre Paris, la plus grande manifestation littéraire de France, avait pour la première fois un continent, l'Europe, comme invité d'honneur, dans un contexte morose pour le monde de l'édition.
En 2018, pour la deuxième année consécutive, les ventes de livres ont en effet reculé, enregistrant même la plus forte baisse depuis dix ans, constatait en février le magazine professionnel Livres Hebdo.
Les premiers chiffres de l'année 2019 ne sont guère plus encourageants.