Jeudi 21 mars 2024, une soixantaine d'agriculteurs s'est mobilisée en Haute-Garonne, une semaine après la date butoir promise par le gouvernement pour le versement des aides de la PAC. Un premier pas vers une nouvelle mobilisation de grande ampleur.
"C'était bien il y a un mois de nous dire des choses. Mais nous, on attend les actes", s'agace une agricultrice, devant le centre des finances publiques de Carbonne (Haute-Garonne) jeudi 21 mars au soir. C'est sur cette commune que le Premier ministre Gabriel Attal était venu rencontrer les manifestants, et faire de premières annonces à la fin du mois de janvier.
Parmi ces annonces, la promesse du versement de l'intégralité des aides de la PAC au 15 mars. L'échéance est dépassée d'une semaine, et de nombreux professionnels n'ont pas perçu la totalité de leurs aides. De quoi nourrir la défiance de toute une profession à l'encontre du gouvernement. De quoi aussi raviver la flamme de la colère, et pousser les agriculteurs à se rassembler à nouveau.
Panneaux, déchets et tronçonneuse
Ce jeudi soir à Carbonne, ils sont une soixantaine à crier leur détresse. "On vient déverser notre mécontentement" dit l'un, alors que ses confrères déversent des déchets et de la paille sur la place publique.
Non loin de là, un autre agriculteur, tronçonneuse à la main, s'apprête à abattre un arbre symboliquement tagué "Agri". Stoppé dans son élan par les gendarmes, il laisse parler sa colère, hurlant de toutes ses forces : "Vous n'avez pas honte de défendre ce ministère qui nous tue à petit feu ?! Nous, on crève de ce métier ! On en crève ! Vous trouvez ça normal ?!"
Le cortège, mené par la FDSEA 31, a ensuite pris la direction de Muret, en s'arrêtant dans chaque commune sur le trajet, pour "prélever les panneaux, prévient Luc Mesbah, secrétaire général adjoint du syndicat. On veut montrer que sans l'agriculture, tous ces villages sont morts."
Plus envie de travailler
Parmi les agriculteurs, Christophe Campourcy, céréalier bio du Volvestre, nous confie sa situation "catastrophique" : "Je produis du blé bio, il fut un temps, on vendait 400 euros la tonne. Aujourd'hui c'est à peine 160 euros. Ce matin, j'ai dû faire le plein de mon tracteur, j'en ai eu pour 400 euros. Tout ça pour travailler mes sols, que je vais vendre combien ? Je vais devoir manger combien d'argent avant de pouvoir le récupérer ? On a même plus envie de travailler."
Dépité, le céréalier poursuit : "Alors, on préfère faire les cons ici. Comme on dit, ceux qui font les cons c'est ceux qui bossent pas en journée. On va finir pareil que les délinquants. On ne fait plus confiance, on se sent trahi."
À Muret, les agriculteurs en colère ont déployé une banderole "Macron Attal = fossoyeurs". Un retour en force des actions des agriculteurs, qui n'envisagent pas pour l'instant de reprendre les blocages autoroutiers. Tous réfléchissent à une nouvelle stratégie pour se faire entendre, cela passe par des actions nocturnes comme celles-ci.
Ce vendredi, les préfectures de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne organisent un point presse sur l’avancée des mesures locales prises en faveur des agriculteurs.