Plan pour l'aéronautique : l'Occitanie et Toulouse veulent éviter à tout prix le "syndrome de Detroit"

Le gouvernement va dévoiler mardi son plan de soutien à la filière aéronautique. Toulouse et la région Occitanie, très attentifs à ces futurs annonces, mettent la pression notamment sur Airbus afin de maintenir au maximum l'emploi au sein d'un secteur lourdement impacté par la crise du coronavirus.

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Les élus d'Occitanie sont "inquiets de l’ampleur des conséquences de la crise COVID 19 sur l’ensemble de la filière aéronautique en France et particulièrement en Occitanie où la filière représente 40% de l’emploi industriel." Ces préoccupations ne sont pas nouvelles mais elles ont été écrites noir sur blanc dans un courrier adressé, le lundi 1er juin, au président d’Airbus, Guillaume Faury.

Signé par 38 collectivités, notamment la région Occitanie, la mairie de Toulouse ou le conseil économique social et environnemental régional (CESER), cette lettre vise à mettre la pression sur le constructeur aéronautique, à la veille de l'annonce du plan de soutien à la filière aéronautique

Des aides sous conditions

Les élus mettent l'accent sur deux points incontournables à leurs yeux : l’installation à Toulouse d’une chaîne pour A321XLR, "annoncé en janvier 2020" par Airbus mais dont la mise en oeuvre semble connaître un "certain décalage", et "la nécessité de pérenniser le soutien aux instituts de recherche ANITI et IRT qui travaillent déjà à l’avion de demain, (...)  notamment l’innovation vers ces avions plus verts et plus silencieux, ou l’élargissement des gammes d’appareils pour la Défense, comme les avitailleurs ou transporteurs."

Jean-Louis Chauzy, avait déjà envoyé, quelques jours plus tôt, une liste de préconisations directement adressée au président de la République. "Il faut que nous ayons les moyens de maintenir les emplois qui concernent tout le grand Sud Ouest, martèle le président du CESER d'Occitanie. Nous avons formé des milliers d’ingénieurs et de techniciens supérieurs pour répondre aux besoins de production dans le secteur aéronautique. Le risque si nous n'y prenons pas garde, c’est de sortir des collaborateurs dont nous aurons besoin dans deux ans ou trois ans. Il faut donc trouver des solutions en regardant ce qui a été fait durant la crise des subprimes et la crise financière."

Le "syndrome de Detroit"

L'Aveyronnais ne croit pas au "syndrome de Detroit" ( référence à l'ancienne capitale américaine de l'automobile en déclin depuis les années 1970) : "Une théorie d’économistes de terrasses de café. C’est l’extrême gauche toulousaine qui est opposée à tout développement et à l’avion."

Le patron de l'institution consultative locale prône plusieurs solutions de réponse à cette crise : le renforcement, grâce au soutien de l'Etat, de l'Europe et des Régions, de la partie recherche et développement du secteur à "la condition que ces programmes bénéficient également aux territoires qui les financent" ; le renforcement de la dimension européenne d'Airbus ; la digitalisation et la diversification dans les domaines de l'industrie "les entreprises du secteur vont développer l’utilisation de robots sur leurs chaines de fabrication. Il faut qu’Airbus fabrique ces robots, ce qui nous permettra de sauvegarder des emplois" ; ou encore la mise en place de conventions de chômage partiel pour une durée d’un an éventuellement reconductible comme "en 2008 et 2009 où la filière automobile et celle de l’ameublement en avaient bénéficié".

Une embauche pour deux départs ?

Jean-Louis Chauzy n'écarte pas la possibilité d'un "plan de soutien à l'emploi" qui pourrait se "traduire par une embauche pour deux départs" : "il y a actuellement des négociations entre les centrales syndicales de patrons et de salariés. C’est à eux de dire ce qui est acceptable ou non. La négociation sociale est importante. Le succès d’Airbus passera par là."

Des suggestions qui semblent avoir été en partie entendues. Selon le journal les Echos, le gouvernement mobilisera près de 10 milliards d'aides pour l'aéronautique afin de préserver les 195 000 salariés du secteur, dont 47 000 pour Airbus. Un dispositif de chômage partiel devrait être maintenu pour éviter au maximum les licenciements. Un soutien à l'exportation et à l'innovation serait également engagé. Reste à savoir si ces mesures suffiront pour éviter les 30 000 licenciements annoncés pour toute la filière.

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