La première édition avait eu lieu en 2016. La deuxième aura lieu le 18 novembre 2024 à Toulouse : la cérémonie des Charter Awards décernés par la Cimade aux préfectures françaises pour dénoncer leurs pratiques illégales ou abusives envers les étrangers.
Quarante ans après l'ouverture des premiers centres de rétention administrative, la Cimade organise la deuxième édition des Charter Awards : une cérémonie de remise de prix à des préfectures françaises pour dénoncer certaines pratiques. Rendez-vous est donné à Toulouse, le 18 novembre 2024.
Plus de dix préfectures nominées
"Enfermement en rétention de mineurs, expulsion de personnes gravement malades, expulsion vers des pays en guerre, enfermement de ressortissants Français ou de personnes en situation régulière, etc." Ce sont là des pratiques illégales ou abusives en matière d'enfermement et d'expulsion des personnes étrangères constatées régulièrement par la Cimade.
L'organisation est présente dans huit centres de rétention administrative et de nombreuses prisons de France afin de veiller au respect des droits des migrants et personnes étrangères. Elle relève aussi les dysfonctionnements de l'administration française. "Plus de dix préfectures nominées sont en lice pour les cinq prix décernés par la Cimade de Toulouse", nous est-il annoncé. Et la cérémonie de remise des prix est placée, non sans ironie, "sous le signe du voyage et de la générosité de l'administration française."
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Maman, j'ai raté l'avion : qui pour succéder à la Haute-Garonne ?
La première édition des Charter Awards avait été organisée en 2016. Avec au total, dix récompenses. Je vais bien, ne t'en fais pas, 48 heures chrono, Fast and Furious, Very Bad Trip, Retour en enfer... Derrière ces titres de films bien connus, la Cimade et ses partenaires pointaient des pratiques bien moins reluisantes à l'égard des migrants et personnes étrangères.
Maman, j'ai raté l'avion : c'était le prix décerné à la préfecture de Haute-Garonne pour dénoncer la séparation des familles lors de l'enfermement et l'expulsion. "Ces dernières années, des préfectures ont développé une pratique particulièrement odieuse, consistant à enfermer un seul des deux parents pour l’expulser, avec ou sans ses enfants, dénonçait la Cimade. La seule véritable alternative à l’enfermement des familles et à leur séparation, c'est leur régularisation. Option trop souvent délaissée par les préfectures au profit de l’expulsion."
"Un point assez haut du degré d'inhumanité"
Hippocrate, Un jour sans fin, Arrête-moi si tu peux, Au revoir les enfants et Un certain regard. Cette année, la Cimade a réduit le nombre de prix décernés. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les choses se sont améliorées. Bien au contraire, selon Alban Damery. "Il y a toujours des pratiques des préfectures qui ne respectent pas du tout les droits les plus élémentaires des personnes. Que ce soit au niveau de la santé, de la famille", indique l'intervenant juridique de la Cimade au centre de rétention de Cornebarrieu.
"Il n'y a plus du tout de prise en compte de l'humanité des personnes dans les décisions des préfectures", estime Alban Damery. Les logiques sont purement administratives.
Quand on a un père qui a perdu son enfant et qu'on le met en rétention et qu'on l'empêche d'aller à l'enterrement de son fils, on arrive à un point assez haut dans un degré d'inhumanité.
Alban Damery, intervenant juridique au CRA de Cornebarrieu
Cinq Charter Awards seront décernés le 18 novembre prochain, lors de la cérémonie organisée à Toulouse dans le cadre du festival Migrant'scène 2024.