Après la journée d'action du 5 avril, plusieurs milliers d'opposants au projet de loi El Khomeri ont de nouveau défilé dans les rues de Toulouse. Salariés, étudiants et lycéens entendaient amplifier une mobilisation en baisse par rapport au 31 mars.
Ils étaient 8000 selon la police et 20.000 selon les syndicats, contre 20.000 à 100.000 le 31 mars. Les opposants à la loi travail maintiennent toutefois la pression sur le gouvernement: une majorité de salariés aux côtés d'étudiants et de lycéens ont recommencé à battre le pavé samedi matin à Toulouse, avec l'espoir d'amplifier encore leur mobilisation malgré les prochaines vacances scolaires.
"Travaille, consomme et ferme ta gueule, c'est quoi le message qu'on donne aux jeunes?", scandait au mégaphone une lycéenne devant plusieurs dizaines de camarades, une banderole proclamant l'"Etat d'urgence pour la jeunesse scolarisée", et une pancarte décrétant: "en avril, ne te démobilise pas d'un fil".
Les salariés de diverses entreprises étaient présents dans le cortège toulousain, en particulier les Continental en grève, ou encore la filière aéronautique avec Airbus et Liebherr, mais aussi des agents hospitaliers, territoriaux, de la CAF, la Poste, des télécoms, de l'Education nationale, cheminots, chômeurs et intermittents.
Parmi les 200 manifestations et rassemblements prévus partout en France, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl), le cortège toulousain est parti d'Arnaud Bernard vers 11 heures 30 en empruntant les boulevards, pour rejoindre le Grand Rond, via Jean-Jaurès.
La manifestation s'est déroulée sans incident. En fin de cortège, environ 150 jeunes manifestants ont fait face aux forces de l'ordre une heure durant devant le Monument aux morts, dans une ambiance bon enfant, avant que les policiers les laisse passer pour rejoindre une assemblée générale d'intermittents au Théâtre National de Toulouse.
La contestation contre le projet de loi est entré dans son deuxième mois. Depuis le 9 mars, les partisans du retrait du texte ont organisé cinq journées d'action, dont deux réunissant jeunes et travailleurs.
En vidéo, le reportage dans le défilé toulousain de Christine Ravier et de Yousha Hassejee :
La dernière journée unitaire, le 31 mars, a réuni entre 390.000 et 1,2 million de manifestants. Les cortèges ont souvent été émaillés de violences, avec notamment 177 interpellations le 5 avril, journée à l'initiative des seules organisations de jeunesse.
En organisant cette fois la mobilisation un samedi, les syndicats espéraient "élargir le mouvement aux familles, à toutes les populations qui ne sont pas forcément en capacité de se mobiliser la semaine", selon Virginie Gensel, membre de la direction de la CGT.
En soirée, ce sont les rassemblements citoyens "Nuit Debout" qui prendront le relais, prévus dans près de 60 villes françaises, dont Toulouse. "Nuit debout" dépasse largement les seuls opposants à la loi travail: réfugiés, mal-logement, précarité, exercice de la démocratie, tout y est débattu.
Prochaine étape: le texte sera débattu dans l'hémicycle à partir du 3 mai. L'intersyndicale compte maintenir la pression d'ici là avec une "nouvelle journée de grève et de manifestations" le 28 avril.