Pollution au plomb à Toulouse : l'opposition soupçonne la mairie de cacher des informations

Lors d'un conseil de la Métropole de Toulouse, Odile Maurin, élue d'opposition, a interpellé la majorité sur la modification du PLU (Plan Local d'Urbanisme). Celui-ci pourrait permettre à des promoteurs de construire dans un quartier contaminé au plomb. La majorité affirme être dans les clous.

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Nouveau rebondissement dans l'affaire de contamination au plomb du quartier de la Fondeyre à Toulouse (Haute-Garonne). 

Dans une vidéo publiée sur YouTube, on y voit Odile Maurin interpeller la majorité lors du conseil de la Métropole le 16 février 2023 : "Je dénonce vos mensonges et vos approximations dans cette affaire (...) pourquoi avoir refusé de nous transmettre l'intégralité des documents du dossier ?"

Il est reproché au maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, "d'avoir délibérément manqué de transparence concernant la modification du PLU de la commune". Cette modification permettrait à des promoteurs immobiliers de construire à proximité du site pollué au plomb.

La Métropole s'appuierait sur un avis rendu par la Mission Régionale d'Autorité Environnementale, le 6 janvier 2023, qui dispenserait la modification du PLU d'une nouvelle évaluation environnementale. 

"C'est un passage en force au détriment de la santé publique" 

Or, un premier avis rendu par la MRAE le 18 octobre 2022, insistait sur l'importance de mener cette évaluation "après examen au cas par cas". Odile Maurin a donc demandé à avoir accès aux informations du dossier pour évaluer les risques de modification de ce PLU.

Dans un mail adressé à l'élue du groupe AMC, et que cette dernière nous a communiqué, la majorité a refusé en justifiant sa décision : 

Les documents que vous sollicitez ne constituent pas des annexes aux délibérations, et ne sont donc à ce titre pas communiqués aux conseillers métropolitains.

Annette LAIGNEAU, adjointe au maire déléguée à l'urbanisme, vice-présidente métropolitaine déléguée à la politique d’urbanisme et projets urbains

L'élue précise dans ce même mail : "Ils constituent le dossier tel que soumis à enquête publique ou mis à disposition dans le cadre des procédures conduites. Ces dossiers sont accessibles par voie dématérialisée pendant la durée de l'enquête publique, puis en sont retirés à la fin de l'enquête."  

Pour Odile Maurin cette décision s'apparente à : "un passage en force au détriment de la santé publique." 

La majorité réagit 

Après ces déclarations d'Odile Maurin, nous avons pu échanger avec François Chollet, vice-président de Toulouse Métropole. "Nous ne comprenons pas trop où est l'affaire. Nous nous référons à l'avis d'une haute autorité" , explique l'élu. Il précise : "nous sommes très attentifs à cette histoire de contamination au plomb." 

La Métropole aurait fourni de nouveaux éléments à la MRAE entre octobre et janvier. Eléments qui auraient permis de rendre ce nouvel avis favorable. À la question : ne pensez-vous pas que cela soit risqué de construire à proximité d'une zone contaminée ? François Chollet rétorque : "nous sommes sereins, si on nous indique qu'à tel endroit il est possible de construire, c'est que cela ne présente aucun danger." 

La métropole de Toulouse fait face à un défi démographique. L'élu conclu : "nous avons besoin de construire, chaque année des milliers d'habitants supplémentaires arrivent sur Toulouse et ses environs, sans nouveaux bâtiments les prix de l'immobilier vont s'envoler."  

Les dessous d'un scandale sanitaire 

Dans le cadre du démantèlement de la société de recyclage de batterie STCM, des analyses dans le sol ont montré des teneurs en plomb supérieures au seuil acceptable déterminé par le Haut Conseil pour la Santé Publique (HCSP).

"Le site a exploité une fonderie de plomb entre 1952 et 2011, puis les seules installations de réception et de broyage de batteries jusqu’en 2020", précise la préfecture.

Depuis l’arrêt de la fonderie, plusieurs investigations sur la qualité des sols ont été menées. A-t-elle empoisonnée en silence des milliers d'habitants depuis près de 70 ans ?

Les dernières données communiquées aux services de l’État en 2022 montrent des concentrations pouvant dépasser les 300 mg de plomb par kg de sol, à une distance pouvant aller jusqu’à 700m en fonction des vents dominants autour du site.

12 000 personnes seraient concernées

Après une réunion publique le 15 décembre 2022, le président du comité de quartier, Serge Bagui, concerné par la contamination au plomb soulignait : "nous souhaitons être mieux informés, c'est un vrai problème de santé publique. Nous avons besoin de formation pour comprendre. Nous avons des éléments contradictoires. Comment sont réalisées les courbes ? Les limitations ?

12 000 habitants se trouveraient aujourd'hui dans le périmètre contaminé. Le secteur comprend notamment six établissements scolaires et trois crèches. 

La contamination au plomb peut entraîner différents problèmes de santé. La substance se niche dans les organes : reins, cœur, cerveau … Et peut entraîner des dysfonctionnements sévères.

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