A Toulouse, le préfet interdit la manif des gilets jaunes et le maire demande de ne pas sortir les poubelles au cas où !

Les gilets jaunes voulaient profiter du déconfinement pour reprendre les manifestations du samedi. Ce ne sera pas possible. La manifestation est interdite par le préfet region. Les acteurs économique de la ville de Toulouse lui avaient adressé une lettre demandant cette interdiction.

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Etienne Guyot, préfet de la région Occitanie, interdit la manifestation des gilets jaunes qui devait se tenir samedi à Toulouse. Si cette manifestation est bien interdite, la mairie demande malgré tout aux riverains et commerçants du secteur centre de ne pas sortir leurs containers avant la fin de soirée de samedi, comme le montre ce message, publié sur le réseau social twitter ce vendredi.

 Le prefet a interdit le rassemblement car il avait reçu une lettre de la part de différents acteurs économique de la Haute-Garonne à savoir les antennes départementales de la chambre des métiers et de l'artisanat (CMA), du mouvement des entreprises de France (MEDEF), de la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et de la chambre de commerce et d'industrie
 

Courrier adressé au préfet de la région.

Toute personne manifestant dans la zone d'interdiction s'exposera à une contravention de 4e classe soit 135€ d'amende, prévient le préfet dans un communiqué publié sur Twitter.

Inquiétudes des commerçants


Jean-Marc Martinez tient un commerce de jouets dans la Ville rose. Il est également président de la fédération des associations de commerçants du centre ville de Toulouse. En deux mois de confinement, il évalue les pertes de son magasin à hauteur de 60 000 euros. Les deux salariés de sa boutique sont actuellement au chômage partiel. Alors pour lui, si les manifestations reprennent, les clients ne viendront pas et beaucoup de commerces devront mettre la clé sous la porte.

Les commerçants sont furieux, ça fait deux mois qu’on est fermés et ils vont venir nous emmerder pour le premier samedi d’ouverture ?! On est vent debout. C’est des inconscients, on est déjà quasiment mort après deux mois de fermeture ! 

Il accuse 18 mois de manifestations des gilets jaunes, puis celles des retraites ainsi que ces deux derniers mois de dépenses sans aucune recettes. Pour lui, les personnes qui osent venir manifester ne sont pas des gilets jaunes :

L'esprit des gilets jaunes a disparu depuis novembre / décembre 2018. On respecte tout à fait l’esprit de 2018 qui animait les gilets jaunes, mais aujourd’hui et depuis un an demi, ce sont des casseurs. 

A cette inquiétude s'ajoute celle de la concurrence. Jean-Marc Martinez dénonce la mise en place de soldes dans les grandes enseignes "alors que c'est interdit!". Le commerçant affirme que les gilets jaunes ne sont pas ouverts à la discussion : 

Ils n'ont rien compris au marché, ils imaginent que les commerçants sont des bourgeois qui roulent en mercedes. C’est finit cette image. On est des cadres très moyens et ils seraient surpris de voir ce que l’on gagne à la fin du mois. 

Le président de la fédération des associations de commerçants du centre ville de Toulouse se dit prêt à se battre s'il le faut, pour que les 4 000 commerçants et artisans de Toulouse puisse espérer revivre.
  

Gilets jaunes mitigés


Sur la page Facebook des gilets jaunes toulousains, un sondage a été publié avec pour objectif de repenser le mouvement.
 
Dodo fait partie des gilets jaunes qui ne souhaitent pas manifester samedi. Il trouve cela "prématuré" mais remarque que beaucoup s'y rendront malgré tout : "une majorité veut revenir dans la rue car ça fait longtemps qu’ils n’ont pas pu y aller et ils ont l’impression qu’on leur vole leur liberté d’expression, que l’état profite de ce confinement pour faire taire les gens".

Les interdictions ça se saurait si ça fonctionnait, elles sont toujours bravées. Et c'est valable dans tous les domaines, explique Dodo, gilet jaune toulousain.

Le toulousain en veut aux grandes enseignes "qui se gavent et ne paient pas d'impôt en France", mais se dit inquiet pour les commerçants de la ville :

Il faut être humain, les petits commerces ont beaucoup souffert, plus que d’autres corps de métier. Mais les manifestations en soit n’ont jamais gêné les commerces (...) Le problème vient du côté des forces de l’ordre qui abusent du gaz lacrymogène alors que très souvent ça n’a pas lieu d’être. Et c’est ça qui fait que les fréquentations baissent.

Il le reconnait, sans les manifestations il n'y aurait pas de gaz lacrymogène de la part des forces de l'ordre. "Mais c'est trop facile de remettre la cause sur nous. A ce moment là on ferme notre gueule et on subit..."

Dodo rappelle que le rassemblement des manifestants va aussi permettre à ceux qui s'étaient liés d'amitié de se retrouver. 

Quelles revendications ?


Pour Dodo, les revendications n'ont pas changé car depuis le début du mouvement rien n'a bougé. Les deux points principaux étant le pouvoir d'achat, et les retraites : 

La vie est trop chère. On pense aussi aux soignants, aux pompiers qui sont sous-payés. On veut une revalorisation des salaires. (...) Et ce n'est pas normal de bosser toute sa vie pour un salaire décent pour ensuite devoir faire des petits boulots pour compléter sa retraite.

Le gilet jaune explique que toutes sortes de revendications se sont greffées au mouvement. "Moi personnellement je ne comprends toujours pas pourquoi il y a une différence salariale entre une femme et un homme par exemple". 

Mauvaise cible


Le président de la confédération des petites et moyennes entreprises de la Haute-Garonne Samuel Cette affirme qu'il ne juge pas la pertinence des revendications des gilets jaunes : 

Nous avons bien compris que la stratégie est le blocage économique pour faire pression sur le gouvernement mais il ne faut pas se tromper de cible. Nous sommes entre le marteau et l’enclume. Les gilets jaunes vont se mettre définitivement à dos une autre partie de la population et c’est à proscrire. 

Et d'ajouter : "tout ce qui vient de l’extérieur va être insupportable au sens réel du termes, on ne pourra pas le supporter". Le président rappelle les situations dramatiques auxquelles font face ses adhérents, "qui va les conduire à leur perte".

Pour Alain Di Grescenzo, président des chambres de commerce et d'industrie de la région Occitanie, la situation économique nécessite un plan d'urgence. Il lance un appel au civisme en pleine période de déconfinement : 

Il y a des choses qu’on peut faire, et des choses qu'on ne peut plus faire. La crise va se faire sentir pendant plusieurs années. On est plutôt dans une phase où il faut être solidaire plutôt que de bloquer l’activité.

Mauvais moment


Pour Sebastien Vignette, délégué général du MEDEF Haute-Garonne, l’heure n’est ni à la différenciation entre petits et gros commerçants, ni aux manifestations. « Il n’y a que des gens qui souffrent tout simplement. Et certains ne se relèveront pas. (…) On ne peut pas, le premier weekend du déconfinement, alors même que l’activité va être très lente à redémarrer, permettre des manifestations » s’exclame-t-il. 

Sebastien Vignette ne comprend pas que des personnes puissent souhaiter se regrouper en pleine période de crise sanitaire liée au coronavirus : « on n’a pas le droit de se réunir alors que le virus circule ! »

Pour lui, même si certains risquent de manifester, « un message fort » est envoyé par cette interdiction qui permettra au moins « d’intervenir ». Il espère que chacun ait une attitude responsable. Le délégué du MEDEF tient à rappeler que la Haute-Garonne est le 3e département du pays en termes d’intensité de baisse d’activité. 

Que les revendications des gilets jaunes ne soient pas entendues, probablement. Mais ce n’est ni le moment, ni le contexte, et probablement pas la bonne méthode, remarque Sebastien Vignette.

Et de conclure : « ce genre de phénomène est de nature à aggraver la situation. Il faut qu’on sauve les entreprises, et l’emploi. C’est ça la priorité ».  

Avocate du côté des gilets jaunes


Manifestation et rassemblement interdits à Toulouse samedi. Il est donc possible d'aller dans les magasins, d'être en petits groupes de 10 dans les parcs et jardins, mais pas de rassemblements revendicatifs, même par groupes de 10 et en respectant les distances, avec masques..


C'est le tweet posté par Claire Dujardin, avocate toulousaine spécialisée dans les mouvements sociaux et les droits de l'Homme.
 
Combien seront les gilets jaunes à manifester malgré l'interdiction samedi à Toulouse ? Sur l'évènement Facebook, ils sont, pour l'heure, 298 participants.
 
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