La rentrée universitaire se fait en pleine crise énergétique. Les universités Paul Sabatier à Toulouse (31) et Champollion à Albi (81) n'envisagent pas de suivre la stratégie de la faculté de Strasbourg, qui a annoncé fermer ses portes deux semaines de plus cet hiver.
Quand rentrée universitaire rime avec crise énergétique. Le 19 septembre dernier, l'Université de Strasbourg a annoncé fermer ses bâtiments universitaires deux semaines de plus cet hiver afin de faire face à la hausse du prix du gaz et de l'électricité. Cela se traduira par l'ajout d'une semaine de congés à Noël et la mise en place d'une semaine de cours en distanciel en février.
Une stratégie que n'entend pas suivre l'Université Paul Sabatier, à Toulouse (Haute-Garonne), bien que son président, Jean-Marc Boto, pense déjà à l'hiver et à la facture d'électricité qui risque de doubler avec la crise.
"Il va falloir serrer les dents"
Pour chauffer et éclairer les quelque 400 000 m2 de bâtiments, il faut compter 6 millions d'euros par an. Une estimation fait état de 8 millions pour 2022 et jusqu'à 11 millions pour les années qui viennent. "Il va falloir serrer les dents", déclare Jean-Marc Broto, président de l'Université Toulouse III Paul Sabatier. "Après le choc sanitaire, le choc de la crise en Ukraine : la crise énergétique. Ça commence à faire beaucoup", regrette-t-il.
Alors cet hiver, il ne fera pas plus de 19 degrés dans les locaux. Les étudiants sont compréhensifs, mais pas question de revivre les cours en visio : "En soi, ça ne me dérange pas, 19 degrés... Tant qu'il ne fait pas aussi froid que le matin quand on arrive, ça va le faire !" déclare un étudiant sur le campus.
Les responsables des laboratoires de recherches vont être consultés pour trouver des solutions.
Nous allons ces jours-ci rassembler, rencontrer l'ensemble des composantes des laboratoires pour voir ce que nous pouvons faire dès cet hiver pour optimiser l'utilisation des bâtiments. Il n'est pas aujourd'hui question de fermer l'université, ni de reprendre des enseignements en distanciel. Mais par exemple pendant les vacances scolaires de février, il y a beaucoup de bâtiments qui sont chauffés alors qu'il ne sont utilisés que la moitié du temps.
Jean-Marc Broto, président de l'Université Toulouse III Paul Sabatier
Grâce à des travaux d'isolation thermiques récents, l'université Paul Sabatier espère une diminution de la consommation. La présidence va devoir présenter un plan d'économie d'énergie au gouvernement. "Je suis un peu inquiet. Peut-être aurons-nous des aides en 2023, mais nous n'avons pas de message de l'Etat qui montrerait que nous en aurions pour 2022", s'interroge Jean-Marc Broto.
1,4 million d'euros investis
À 80 kilomètres de Paul Sabatier, l'Institut national universitaire Champollion à Albi (Tarn). Ici, on a procédé au changement de chaudières, de robinets thermostatiques, de LED. L'objectif, de ces travaux de rénovation, dont la fin est prévue d'ici décembre 2022 : obtenir une baisse de plus de 40% de la consommation énergétique cet hiver.
On a, sur les années 2020 à 2022, investi 1,4 million d'euros dans un plan de rénovation énergétique de nos bâtiments les plus mauvais énergétiquement parlant. On a été aidé par l'Etat. Il faut savoir que 30% du bâti de l'Etat en France sont des établissements d'enseignement supérieur et des écoles.
Christelle Farenc, directrice de l'Institut National universitaire Champollion à Albi
Alors cet hiver, la température dans les bâtiments ne dépassera pas les 19 degrés. La nuit, pas plus de 17. Le week-end, 16. Et lorsque les locaux ferment pendant plusieurs jours, chauffage à 8 degrés.
Sensibilisation
Puis il va falloir sensibiliser les 4 000 étudiants et 400 personnels aux gestes basiques et individuels : "fermer la porte quand le chauffage est allumé, éteindre l'ordinateur et pas simplement le mettre en veille, ne pas avoir de chauffage d'appoint, éteindre les lumières de son bureau quand on s'en va le soir..." énumère la directrice de la faculté d'Albi. "Ça peut faire une différence considérable."
En tout cas, pas question de faire porter le tout sur les étudiants.
L'impact de la dégradation des conditions d'enseignement, de l'apprentissage et de l'état général psychologique de l'étudiant, on l'a vécu au moment du Covid, avec le distanciel. De toute façon, il est peut-être plus judicieux qu'ils quittent tous leur appartement individuel, où ils vont déjà vivre de plein fouet les augmentations du coût de l'énergie, pour venir dans une seule pièce chauffée.
Christelle Farenc, directrice de l'Institut National universitaire Champollion à Albi
Car l'objectif est le même qu'à Paul Sabatier : éviter à tout prix la fermeture de l'université et les conséquences que cela pourrait avoir sur les étudiants. "C'est inenvisageable", déclare Christelle Farenc.