Pour les chercheurs du CNRS de Toulouse, un verre de pastis est bien plus qu’il n’y paraît. En étudiant la réaction entre l’alcool et l’eau, nommé l’effet Ouzo, une équipe de scientifiques a travaillé sur une avancée conséquente dans l’étude des nano-objets.
Ajoutez de l’eau dans votre pastis, ou n’importe quel alcool anisé, et vous obtiendrez un mélange laiteux. C’est l’effet Ouzo. Pratique pour l’apéro, mais aussi pour la science, puisque cette réaction ne s’arrête pas là.
« À vue d’œil, on pourrait considérer le phénomène achevé dès lors que les deux liquides sont mis en contact. Mais à l’échelle nanométrique c’est une véritable tempête dans un verre de Pastis, faite de rencontres et de séparations », explique le CNRS.
L'effet Ouzo : un fascinant phénomène chimique
En effet, lorsqu’ils se mélangent puis se séparent, les liquides créent une émulsification spontanée. C’est ce point qui a été étudié en détail par les chercheurs toulousains. Ce phénomène de nano-fabrication est utilisé dans plusieurs domaines, notamment un qui devrait vous évoquer quelques souvenirs : la fabrication des nano-vecteurs d’ARN messager qui repose en partie sur ce phénomène.
[Actu #science] Ajoutez de l’eau à un alcool anisé et vous assistez à un fascinant phénomène physico-chimique. La conception d’un procédé robuste utilisant cette émulsification spontanée est au cœur d’une étude récemment menée par le @LGClab. / @INC_CNRShttps://t.co/SttJYv6LMC
— CNRS Occitanie Ouest (@CNRS_Toulouse) October 16, 2023
Des gouttes de petites tailles créées sans énergie
Depuis longtemps, les scientifiques sont confrontés à une limite : au-delà d’une faible concentration en soluté, les nano-objets devenaient des macro-objets, c’est-à-dire, des molécules de taille plus importante. C’est ici qu’intervient Kevin Roger, physico-chimiste au Laboratoire de génie chimique de Toulouse et son équipe.
Depuis 15 ans, ce chercheur est spécialisé dans l'étude de ces "gouttes de petites tailles créées sans énergie". Et des derniers mois, ses recherches sur cette technique de plus en plus utilisée se sont accélérées.
Dans un article publié au Journal of Colloid and Interface Science ils expliquent que cette limite est de « nature hydrodynamique » : autrement dit, le mélange est trop lent. Grâce à des mélangeurs spéciaux les scientifiques ont réussi à augmenter cette vitesse et obtenir des nano-objets. Une avancée considérable pour des secteurs comme la pharmaceutique, la cosmétique ou encore l’alimentaire.
"Comme des Lego"
Pour faire simple, cette découverte permettra de créer des structures moléculaires plus complexes et diversifiées... avec de nouvelles propriétés. "C'est un peu comme jouer aux legos, analyse le scientifique Kevin Roger. On les assemble pour créer une jolie structure, plus fragile, qui pourra se maintenir grâce à un procédé de construction plus doux."
Porchaine étape pour le chercheur, ainsi qu'une dizaine d'autres : travailler sur ces formaitons d'architectures complexes afin de créer des vecteurs d'ARN messagers plus efficaces.