Le procureur de Rennes, Philippe Astruc, a organisé mardi 4 mars, une conférence de presse pour faire le point sur le dossier de Sainte-Soline. Le pronostic vital de Serge Duteuil-Graziani, grièvement blessé dans les Deux-Sèvres, est toujours engagé. Voici ce que l'on sait du Toulousain entre la vie et la mort.
Comme l'indiquent les parents de Serge Duteuil-Graziani dans un communiqué de presse diffusé le 4 avril 2023, "cela fait 10 jours que Serge est dans le coma, suite à la grenade qu'il a reçue à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les bassines du 25 mars. Son pronostic vital est toujours engagé." Ses proches ont décidé de porter plainte le 27 mars contre X pour "tentative de meurtre" et "entrave aux secours". Comme l'a indiqué mardi 4 mars, Philippe Astruc, procureur de Rennes, deux nouvelles plaintes ont été déposées à la suite de blessures graves sur des manifestants portant à quatre le nombre de procédures concernant des manifestants blessés le 25 mars.
Mais que sait on des évènements de Sainte-Soline qui valent au Toulousain d'être entre la vie et la mort ? Que sait-on réellement sur celui que de nombreux médias ont pointé du doigt car fiché S ? Eléments de réponse.
Sa blessure
Serge Duteuil-Graziani, né en 1990, souffre d'un "traumatisme crânien grave" et son pronostic vital "demeure engagé" selon le procureur de la République de Rennes. Le journal Libération a réussi à retracer le moment où Serge Duteuil-Graziani a été blessé. "Un peu avant 13h46, un projectile venu du haut de l’image termine sa course dans ce groupe. Il heurte une forme blanche au niveau de la tête des manifestants – qui disparaît – et ricoche vers la droite. Un panache de fumée apparaît alors à cet endroit. Ces images corroborent les récits de plusieurs témoins interrogés par Libération. Selon eux, un projectile a touché Serge D. à la tête, faisant voler son casque (...). La trajectoire de la grenade lacrymogène qui semble avoir touché le trentenaire à la tête, au point de le blesser grièvement, pourrait être l’indice d’un tir non réglementaire." Pour le quotidien, il n'y donc pas de doute. La blessure du jeune militant est liée à une grenade. Le procureur confirme qu'il s'agit d'une "hypothèse de travail" et lance un appel à témoins pour "préciser les circonstances des blessures concernant les quatre victimes de Sainte-Soline".
Fiché S mais relaxé par la justice
Très rapidement après sa blessure, de nombreux médias ont révélés que Serge Duteuil-Graziani avait été fiché S et a eu maille à partir avec la justice. "Une présentation partielle et fallacieuse" dénoncent ses proches au site d'information Reporterre.
En 2011, le jeune homme faisait partie des personnes placées en détention provisoire dans l'affaire du saccage de la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse de Labège. Mis en cause mais relaxé. "À l’issue du procès, trois inculpés — dont Serge — avaient été jugés non coupables" rapporte Reporterre. Pour ses proches, le fait d'être fiché S ne suffit pas à décrire le Toulousain de 32 ans.
Un amoureux de la nature et de la montagne
Militant anticapitaliste, Segre Dutueil-Graziani est également un amoureux de la nature et de la montagne. Une passion dont il avait fait son métier. Comme le rapportent nos confrères de France 3 Corse Via Stella, "s’il a grandi à Poitiers et habite à Toulouse, cet homme de 32 ans est accompagnateur de moyenne montagne en Corse. C'est en effet dans l'île, d'où est originaire la famille de sa mère, qu'il travaille une partie de l'année" comme guide de moyenne montagne. Une activité qu'il exerce également dans les Pyrénées ariégeoises.
Les guides corses ont d'ailleurs réagi en manifestant leur soutien à sa famille et en tenant à témoigner : "de l'amour que Serge porte à sa terre et à son métier, mais aussi de notre admiration pour son humanisme et son humilité". Et d'ajouter qu'il est apprécié par ses pairs, "reconnu comme un professionnel passionné et passionnant, brave et humble, engagé pour le respect de la nature et de l'être humain, profondément altruiste, impliqué dans le partage de cet amour de nos montagnes et de nos terres avec chacun." Une image bien différente de celle, criminelle, véhiculée par de nombreux médias.
Une famille politisée
Pour ses proches, "Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes - comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu'une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France. Nous considérons qu'il ne s'agit là nullement d'actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur".
Ce soutien affiché des parents à la cause anticapitaliste s'explique également par la carrière du père de Serge, Jean-Pierre Duteuil, militant anarchiste et éditeur français, très proche de Daniel Cohn-Bendit durant les années 1965-1968 à la faculté de Nanterre.