L'industrie aéronautique est secouée par le scandale de la falsification de pièces de moteurs impliquant la société britannique AOG Technics. Airbus et Safran, deux poids lourds de l'aéronautique française sont directement touchés par cette affaire. De nouvelles révélations ont été faites devant l'Association des journalistes de la presse aéronautique (AJPAE) le 22 septembre.
L'affaire de la falsification de pièces de moteurs d'avions impliquant la société britannique AOG Technics secoue l'industrie aéronautique. Deux fleurons de l'aéronautique française basés à Toulouse (Haute-Garonne) sont directement concernés par ce dossier : Airbus et Safran.
De nouvelles informations ont été révélées vendredi 22 septembre devant l'Association des journalistes de la presse aéronautique (AJPAE). Voici les 5 informations clés à retenir pour appréhender pleinement les enjeux de ce scandale.
1. Falsification de documents de certification : pendant l'été, Safran, GE Aerospace et CFM International ont été alertés par un atelier de maintenance concernant des pièces de rechange pour moteurs CFM56 - moteur d'avion le plus vendu au monde avec 34.000 exemplaires produits en une trentaine d'années - accompagnées de certificats falsifiés. "Cet acteur technique avait livré un certain nombre de pièces à un certain nombre d'ateliers et que toutes ces pièces avaient été livrées avec des documents falsifiés" raconte Olivier Andriès, le patron de Safran. Cette falsification a soulevé des préoccupations majeures quant à la sécurité des opérations aériennes.
2. Une centaine de moteurs affectés : jusqu'à présent, environ une centaine de moteurs d'avions ont été identifiés comme ayant été équipés de pièces d'AOG Technics. Ces moteurs de type CFM56, produits par CFM International, équipent une variété d'aéronefs, y compris l'Airbus A320 et le Boeing 737 NG. "À la date d'aujourd'hui, une centaine de moteurs (96) ont été identifiés avec des pièces d'AOG Technics", a confié M. Andriès à l'Association des journalistes de la presse aéronautique (AJPAE).
3. Enquête des autorités de certification : les autorités de certification, notamment la FAA américaine et l'AESA européenne, ont rapidement ouvert une enquête pour déterminer l'étendue de la falsification et son impact sur la sécurité aérienne. Cette enquête est en cours et vise à identifier toutes les pièces en question.
4. Risque potentiel pour la sécurité : les pièces falsifiées sont de différents types et posent un risque potentiel pour la sécurité des opérations aériennes. Le patron de Safran explique qu'à sa "connaissance, il n'y a pas de pièces à durée de vie limite, qui sont les plus critiques, mais on n'a pas encore identifié l'ensemble de la population". Il a donc été demandé aux compagnies aériennes de déposer leurs moteurs pour changer les pièces suspectes.
5. Procédure judiciaire engagée : Safran a engagé une action en justice au Royaume-Uni pour faire la lumière sur cette affaire. La justice britannique a exigé qu'AOG Technics fournisse une liste complète de toutes les pièces de CFM56 achetées et vendues par la société, ainsi que la documentation associée, dans un délai de 14 jours. L'avocat de Safran, de GE et CFM International, Matthew Reeve est convaincu qu'AOG Technics s'est engagé dans un "plan délibéré, malhonnête et sophistiqué pour tromper le marché avec des documents falsifiés à une échelle industrielle" a-t-il déclaré à Reuters.
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Les moteurs sont actuellement au cœur des préoccupations du secteur aéronautique. Airbus fait face à un défaut de fabrication concernant les turboréacteurs à double-flux Pratt & Whitney PW1100G entraîne le retrait et l'inspection de 600 à 700 moteurs. Plus de 100 avions Airbus A320 NEO resteront par conséquent au sol entre 2024 et 2026.