TEMOIGNAGE. L'appel à l'aide des parents d'un enfant de 13 ans atteint de schizophrénie pour trouver une place à l'hôpital

Des parents cherchent une place en hôpital pour leur fils de 13 ans, atteint de schizophrénie précoce. Les services psychiatriques de la région de Toulouse sont totalement saturés par un manque de moyens récurrent et par la crise du Covid-19. 

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"Si vous êtes dans la pédopsychiatrie, si vous connaissez quelqu'un ou quelqu'un qui connaît quelqu'un dans la psychiatrie et qu'ils savent s'il y a des places en hôpital, en lieu de vie sanitaire, en ce qui existe, merci de me contacter." C'est une bouteille à la mer qu'a lancée le papa.

Habituellement, ce Toulousain de 41 ans préfère rire ou faire sourire sur les réseaux sociaux. Comme il l'explique dans le thread (succession de twits) ci-dessous publié le 14 avril dernier, il aimerait "parler sérieusement pour une fois" de son fils de 13 ans.

L'adolescent est suivi depuis 5 ans en psychiatrie "au départ pour des troubles psychotiques infantiles". Même si, il est difficile d'établir un diagnostic précis en raison de son jeune âge, "mais surtout pour ne pas se fermer les portes de soins ou de traitements", le garçon serait atteint de "schizophrénie précoce ou de troubles schizo-affectifs".

Lors du premier confinement, sans soins et sans cours, son état s'est dégradé. Après plusieurs hospitalisations, il est finalement pris en janvier dernier dans un lieu de vie et d'accueil (LVA). Le directeur rassure ses parents. "Cela va bien se passer. On gère. On a l'habitude" leur assure-t-il mais au final l'endroit n'est pas adapté à ses troubles. "Il a été viré du jour au lendemain, raconte son père. J'ai reçu un coup de fil m'enjoignant de venir le chercher immédiatement .

Une garde particulièrement difficile

Désormais, la garçon passe une semaine sur deux en garde alternée chez sa mère et son père. Ce dernier, vendeur dans un magasin d'électroménager et multimédia de l'agglomération toulousaine est en arrêt de travail depuis novembre. " Cet arrêt devait me permettre de reprendre des forces, de me reposer, explique-t-il. Mais au final, il ne me sert pas à ça. Il me sert à garder mon fils". Une situation d'autant plus difficile que la mère est elle-même malade de bipolarité. Selon le père "elle aurait dû déjà se faire hospitaliser y a deux mois mais elle a tenu jusqu'à aujourd'hui. Là, elle n'en peut plus. Elle va rentrer à l'hôpital". La mère essaie également de faire de son mieux pour trouver la meilleure solution pour son fils.

Comme le raconte son père sur internet, les troubles de son enfant "se traduisent par une déconnexion de la réalité, il ne sait plus ce qui est bien ou pas bien" faisant vivre un enfer à son père, sa mère, sa soeur ou encore sa grand-mère.

Il fait des fixettes avec des demandes ubuesques argumentées, répétées. Il est déscolarisé. Il agit comme un enfant de 6 ans avec des idées et envies d'un ado de 15 ans. Il peut être violent avec sa mère, sa sœur, moi c'est surtout des insultes. Le seul espace de soin qui lui reste c'est l'hôpital de jour dans les limites qui leur sont propres, 5 demis journées par semaine. Gros big up à eux, ils assurent. Ils multiplient les demandes aux différents hôpitaux, différents services, rien, pas de place.

Car le garçon a besoin d'être accueilli à l'hôpital de jour comme de nuit afin d'éviter qu'il ne s'en prenne à lui-même ou à ses proches. "S'il avait été hospitalisé il y a six mois, il irait mieux aujourd'hui. C'est lui qui souffre mais il est en train d'entrainer tout le monde avec lui".

Même dans le département voisin de l'Ariège, là où le garçon malade a été accueilli plusieurs fois au sein du Centre Hospitalier Ariège Couserans (CHAC), la situation est délicate en terme d'accueil : "Nous arrivons souvent à dépanner la Haute-Garonne mais actuellement nous sommes pleins aussi, constate le Docteur Frédéric Hardy, de l'unité Psychiatrie infanto-juvénile. D'ailleurs, son cas n'est pas un cas particulier. L'hospitalisation permet d'éviter le passage à l'acte et éviter aussi des drames". 

Comme le rapporte cet article de France 3 Nouvelle-Aquitaine, depuis novembre 2020, l'hôpital psychiatrique Charles-Perrens de Bordeaux assiste à une hausse de 65 % des hospitalisations.

Manquant déjà cruellement de moyens, la psychiatrie a vu sa situation s'aggraver à travers toute la France en raison de la crise du Covid, notamment chez les plus jeunes. Les consultations des jeunes pour des troubles psychiatriques au cours des derniers mois explosent. 

La justice saisie ?

Le recours aux urgences psychiatriques a augmenté de 40% en 2020 et 40% des parents ont déclaré avoir observé des signes de détresse chez leur enfant lors du premier confinement, en raison notamment de la contrainte d'enfermement et de l'absence de relations sociales liée à la fermeture des écoles, selon le président de la République, lui-même, lors d'une visite le 14 avril du service de pédopsychiatrie du CHU de Reims (Marne) .

Le papa se sent "perdu" et "seul" face à un problème qui le dépasse. "Je commence à être en colère." La maman reconnait aussi faire du mieux qu'elle peut face aux crises de son fils et souligne "l'urgence" de le prendre correctement en charge, pour lui comme pour ses proches.

Les médecins ayant pris en charge l'adolescent ont sollicité l'ARS afin de trouver une solution mais ils ont obtenu aucune réponse. Sollicitée également par France 3 Occcitanie, l'Agence régionale de santé d'Occitanie se contente vendredi 16 avril de cette laconique déclaration :

L’ARS Occitanie est consciente des tensions récurrentes rencontrées quant aux demandes d’hospitalisation en psychiatrie infanto-juvénile sur la Haute-Garonne qui se trouvent exacerbées dans le cadre de la crise actuelle. Par conséquent et afin d’apporter des solutions face au désarroi des familles, un plan d’urgences en pédopsychiatrie est en cours de déploiement à l’ARS Occitanie afin de conforter l’offre de soins nécessaire en réponse aux prises en charge.

ARS Occitanie, vendredi 16 avril

Lui qui se présente "si patient", le papa ne commence à ne plus en avoir face à l'attitude de l'administration. "Les médecins m'ont dit qu'ils allaient demander à un juge d'intervenir, rajoute-t-il afin de forcer un établissement à le prendre.

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