C'est une des conséquences de la nouvelle loi immigration, voulue par le gouvernement. À Saint-Sulpice sur Lèze (Haute-Garonne), un Algérien, travaillant en CDI et père de 2 enfants nés en France, risque d'être expulsé à tout moment. La famille vit dans l'angoisse permanente.
Hamza Laribi est un travailleur en CDI. Cet Algérien de 27 ans, qui vit en couple avec une Française et a deux enfants d'elle, nés sur le territoire français risque d'être renvoyé dans son pays.
"C'est incompréhensible"
Le jeudi 4 avril, Hamza Laribi a été interpellé et placé en centre de rétention. 2 jours après, un juge des libertés l'a libéré. Mais il reste assigné à résidence, toujours sous le coup d'une mesure d'expulsion, avec une obligation de pointer au commissariat tous les matins à 10h.
Pourtant Hamza travaille en CDI dans une entreprise de maçonnerie depuis plus d'un an : "C'est incompréhensible", raconte sa responsable Nathalie Lambert. "Il travaille bien, il n'est jamais en retard. C’est un salarié indispensable à l'entreprise. On va le soutenir jusqu'au bout".
5 mois de prison
Ce que la préfecture reproche à Hamza, c'est d'avoir commis une "bêtise" en 2020. Pour s'en sortir financièrement, il tombe dans le trafic de cigarettes. Il sera condamné à 8 mois de prison mais obtient une remise de peine pour son comportement exemplaire. Il sort finalement au bout de 5 mois. Moins d'une semaine après son départ de détention, il décroche un emploi en CDI.
"C'est injuste", témoigne Hamza. "On veut m'expulser pour une chose déjà passée. J'ai payé pour ça et maintenant je ne comprends pas pourquoi ils ne veulent pas me donner une seconde chance. Il y a des personnes qui ont fait 10 fois pire et qui ne sont pas inquiétées".
Père de 2 enfants français
Hamza est arrivé en France en 2017 et depuis 4 ans il vit en couple avec une Française. Le couple a même deux enfants, le dernier, âgé d'à peine 3 semaines. Loin de ces "couples blancs", poursuivis par la préfecture. Une situation qui avant la loi immigration lui aurait valu l'obtention de papiers.
Pour la famille le quotidien est angoissant : "C'est très dur à vivre", reconnaît Lucille, sa compagne. "Dès qu'on vit un petit moment de bonheur, on se dit que ça pourrait être le dernier. On ne peut pas envisager de projet, car à tout moment, il peut être emmené à l'aéroport et renvoyé en Algérie. Mentalement c'est insupportable surtout avec deux enfants en bas âge".
"Je ferai tout pour revenir"
Car Lucille ne peut même pas inscrire ses enfants en crèche ou à l'école même s'ils sont Français : "Il manque toujours les papiers officiels du père", raconte-t-elle. Une absurdité qui la mine : "il n'a tué personne, ce n'est pas un terroriste. On ne peut même pas nous marier car il risque d'être annulé par la préfecture. Elle considère que son identité c'est son casier judiciaire".
Hamza, lui, commence à perdre espoir : "Je suis déjà passé 5 fois en jugement et ça n'est jamais allé dans le bon sens", raconte-t-il. "Franchement je m'attends à être renvoyé à tout moment. Mais si je dois rentrer en Algérie je ferai tout pour revenir très vite, car c'est en France que j'ai ma famille et ma vie".
Ce samedi 6 avril, les collègues et l'employeur d'Hamza sont venus le soutenir à son audience devant le juge des libertés. Ils attendent désormais de la préfecture qu'elle reconnaisse "l'absurdité de sa situation et lui donne enfin son titre de séjour".