En France, au concours de recrutement des professeurs 2023, ce sont 3100 postes qui n'ont pas été pourvus. Si le métier de professeur peine à attirer la jeunesse, des étudiants continuent de vouloir l'exercer, coûte que coûte. Le recteur de l'académie de Toulouse, Mostafa Fourar, est venu à leur rencontre mercredi 8 novembre 2023.
Dans l'auditorium Marthe Condat de l'université Paul Sabatier, ils sont une centaine d'étudiants en licence à assister à la présentation des différents parcours professionnels qu'ils viennent d'emprunter. Leur objectif à tous : devenir professeur.
Les inscriptions aux concours de recrutement du primaire et du secondaire sont ouvertes depuis le 3 octobre 2023. À l'heure où l'Education nationale peine à recruter, il reste des jeunes pour qui enseigner relève presque d'une mission.
De futurs candidats passionnés
Pour Alizée, 20 ans, le plus gros doute réside dans sa réussite au concours. "Si je le rate, je trouverai sûrement une solution pour enseigner dans le privé, ou autrement." Devenir professeur, elle en est sûre, c'est ce qu'elle souhaite le plus au monde. "Ce qui m'intéresse, c'est de former le citoyen de demain", explique la jeune fille. Elle se destine à l'enseignement de l'histoire-géographie, et face aux drames des assassinats de Dominique Bernard et Samuel Paty, sa motivation ne faiblit pas. "La transmission est ce qui me tient le plus à cœur."
Au milieu des visages attentifs de l'amphithéâtre se trouve Amélie. "Toute ma vie, j'ai eu des grosses difficultés", raconte-t-elle. Dyslexique, dysorthographique et HPI (haut potentiel intellectuel), la jeune fille a été diagnostiquée juste avant son entrée au collège. Mais dans la case "le métier que vous aimeriez faire plus tard", elle a toujours inscrit "maîtresse".
"Ce que j'aimerais, en devenant professeur des écoles, c'est transmettre aux élèves qui ont des doutes et des difficultés. Je veux leur montrer que l'enseignement, c'est aussi du plaisir et que les choses qu'ils apprendront leur resteront toute leur vie." Victime de harcèlement, Amélie souhaite sensibiliser sur cette question et agir avec bienveillance. "Si j'avais eu des professeurs plus compréhensifs, j'aurais peut-être eu moins de problèmes. Prendre cette place aujourd'hui, c'est une façon de me libérer", assure la jeune fille.
Un "défi" à relever
Certains, comme Nicolas, n'ont pas eu la vocation du professorat en sortant du lycée. En reconversion, c'est une véritable "recherche de sens" qui a poussé ce trentenaire à quitter le milieu de l'audiovisuel pour reprendre des études, dans le but de devenir professeur d'histoire-géographie. "Je n'étais pas bon élève au collège et j'ai envie de donner à mes futurs élèves plus d'outils en main." Pour lui, la place du professeur est de plus en plus dévalorisée dans la société, et il "aime le défi" que ce métier représente. "On voit beaucoup de résignation chez les professeurs d'aujourd'hui. C'est un métier exigeant". Explorer et renforcer le lien entre le professeur et les élèves lui semble crucial, "avec notamment plus de tolérance", conclut-il.
Plus de 3000 postes non pourvus l'an dernier
En 2023, 3100 postes qui sont restés vacants en France, après le concours de recrutement des professeurs. Cette année, la période au concours s'est ouverte le 3 octobre, et vient d'être prolongée jusqu'au 7 décembre, "pour permettre à un maximum de candidats de s'inscrire", selon le ministère de l'Éducation nationale.
Étudiant, professionnel en reconversion : vous souhaitez devenir professeur en école, collège ou lycée ?
— Ministère Éducation nationale et Jeunesse (@education_gouv) November 8, 2023
La période d'inscription aux concours de recrutement de la session 2024 est prolongée jusqu’au 7 décembre 2023 : renseignements et inscriptions 👇https://t.co/Bdvd0qvnpl
Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse l'assure : "Les difficultés de recrutement existent. Mais dans l'académie de Toulouse, le concours 2023 du premier degré a fait le plein, avant d'ajouter, "on peine à recruter dans tous les secteurs." Lorsque nous évoquons le contexte tendu et anxiogène, après l'assassinat de Dominique Bernard, Mostafa Fourar est clair : "Nous devons montrer que nous n'avons pas peur et que nous portons les valeurs de l'école de la République."