A Toulouse, depuis 2019, un collectif d'associations du quartier des Pradettes souhaite voir sortir de terre une ferme maraîchère bio, un jardin pédagogique et des jardins partagés sur un terrain municipal en friche. Un temps à l'arrêt, le projet vient de prendre un coup d'accélérateur.
Dans un des quartiers les plus denses de la ville rose, aux Pradettes, quelques 20 000 mètres carrés de nature subsistent encore. La mairie y avait un projet immobilier, mais les habitants du quartier, portés par des associations, ont imaginé un tout autre avenir pour cette parcelle en friche.
"Nous sommes partis du constat que la demande en produits bio ne cessait d'augmenter et que l'offre, elle, avait tendance à diminuer. Les circuits-courts, l'envie de mieux de manger, toute cette dynamique nous a orienté vers un projet de ferme urbaine pour nourrir les habitants du quartier", explique Philipe Labailly, coprésident de l'association N.A.T.U.R.E.S Pradettes.
Les habitant séduits, la mairie beaucoup moins
Vote citoyen, lettres de soutien, pétitions... Depuis deux ans, le projet a été largement plébiscité par les habitants du quartier. Mais la municipalité de Toulouse, elle, ne semblait guère enchantée à l'idée de faire une croix sur les revenus fonciers que représente cette parcelle.
La création d'une ferme urbaine sur 20 000 m² entraînerait la perte de 3,8 millions d'euros de recettes dans le bilan du PAE Bordeblanche, soit un déficit global de l'opération de 13,1 millions d'euros. Sans ces recettes, la mairie de Toulouse n'est plus en capacité de financer la construction des équipements publics à venir, ni la réalisation des voiries et infrastructures restant à aménager.
Un temps à l'arrêt pour ces raisons budgétaires, le projet vient de prendre un coup d'accélérateur.
Le projet décroche un concours régional et un label européen
En l'espace de quelques mois, le projet d'oasis agro-urbaine des Pradettes s'est distingué à plusieurs reprises. D'abord lauréat en janvier 2021 du concours régional " Ma solution pour le climat", il vient de décrocher, fin septembre, le label "Ambassadeur du climat" délivré par la Commission européenne. Avec à la clé, des subventions qui sont forcément les bienvenues.
Sur le terrain aussi, les voyants se mettent au vert. Depuis le 21 septembre dernier, la maire de quartier des Pradettes a donné son autorisation pour la vente de paniers alimentaires bio sur la place centrale. "L'idée est d'expérimenter la tenue d'un stand hebdomadaire de vente de fruits et légumes bio pour voir si les habitants seront au rendez-vous lorsqu'il y aura la ferme maraîchère ", souligne Philippe Labailly.
Le projet de jardin pédagogique va lui aussi être testé. La mairie vient de donner carte blanche aux association pour expérimenter des activités pédagogiques sur un jardin éphémère. 14 structures éducatives ont déjà réservé leur place pour l'année scolaire à venir.
La ville, propriétaire du terrain
Reste désormais à savoir si la municipalité toulousaine validera le projet et sous quelles conditions ? Les associations souhaiterait décrocher auprès de la municipalité un bail rural pour les futurs maraîchers qui s'installeront.
Évidemment, d'un point de vue comptable c'est moins rentable que la vente de foncier, mais il y aura forcément un retour sur investissement pour la santé publique, le lien social, l'environnement et l'attractivité du quartier.
Les associations doivent présenter leur projet final en mars 2022.