Toulouse : les lingettes désinfectantes, nouveau fléau des réseaux d'eau et des stations d'épuration

C'est un fléau qui touche la France entière et la métropole de Toulouse n'échappe pas à la règle. Depuis la crise sanitaire, l'utilisation de lingettes désinfectantes a explosé. L'augmentation de ces déchets dans les égouts pollue énormément et perturbe le fonctionnement des stations d'épuration.

Jeter une lingette désinfectante dans les toilettes, un geste banal qui peut avoir de nombreuses conséquences pour le réseau d'assainissement d'eau d'une ville.
Mi-juillet, Robert Medina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'assainissement et de l'eau a reçu plusieurs élus à l'usine de Ginestous pour alerter de ce fléau. Les lingettes sont plus en plus utilisées et se retrouvent dans les eaux usées de la métropole.

Les lingettes représentent 40% des déchets

Depuis la crise sanitaire, ce phénomène augmenterait de manière considérable. C'est ce qu'a constaté, Loic Depoutre, responsable des usines et du service d'assainissement de l'eau de Toulouse Métropole : "nous avons retrouvé davantage de lingettes nettoyantes dans le réseau d'assainissement. Ce qui a engendré des bouchages et mis en péril les installations dans nos usines."

Pendant une année, sur les 1.500 tonnes de déchets retrouvés dans le réseau, pour l'usine Ginestous qui concentre près de 76% des eaux usées des habitants de la métropole, "les lingettes représentent 40% des déchets récoltés". Ces déchets sont ensuite incinérés, car il est impossible de les récycler. 

Les lingettes sont à l'origine de 80% des pannes

Bouchons dans les réseaux d'assainissement, blocages des machines dans les usines, les conséquences sont aussi nombreuses pour les particuliers : "en jetant des lingettes, elles captent des graisses et peuvent faire des bouchons. Les particuliers peuvent boucher leurs toilettes, leurs canalisations et obstruer ainsi les branchements de raccordement de l'égoût", explique Loic Depoutre. 

Mais ce sont dans les usines de dépollution des eaux usées que le phénomène prend des conséquences encore plus importantes, photos à l'appui : des pompes obstruées, arrêt du transfert des eaux usées vers la station de dépollution et débordements sur le réseau. "80 % des pannes étaient liées à des accumulations de lingettes sur les stations d'épuration. Ce qui fait augmenter nos interventions sur les systèmes. Sur les plus de 2.400 km de réseau, près d'une intervention sur trois concerne des bouchons de lingettes. Il y a un risque pour nos salariés qui à cause des pannes multiples, s'exposent plus facilement à des risques d'accidents", indique le responsable des usines d'assainissement de Toulouse Métropole. 

Ce n’est pas un phénomène spécifique à Toulouse, c’est un problème national, tous les réseaux se retrouvent impacter par ce fléau. Outre les lingettes, nous avons des cotons tige, des lentilles de vue, de l'huile de friture. Le réseau d’assainissement, c’est pas une poubelle !

Loic Depoutre, responsable des usines et du service d'assainissement de l'eau de Toulouse Métropole. 

Les lingettes pas si biodégradables qu'on le dit

7,3 milliards de lingettes sont vendues chaque année en France. Le marché pèse donc lourd. Au moins, une personne sur trois jette les lingettes nettoyantes dans les toilettes. Pour Robert Medina, vice-président de Toulouse Métropole, "cette situation est une véritable catastrophe" notamment pour l'environnement : "la plupart des lingettes sont biodégradables, certes, mais en 90 jours, alors qui leur faut quelques heures pour atteindre la station d'épuration." Les lingettes, constituées à 90% de plastique peuvent aussi présenter un risque certain pour l'environnement : "il y a des microparticules de lingettes imbibées de produits chimiques qui se déverssent dans les cours d'eau.".

Une situation qui a poussé Robert Medina a alerté les parlementaires sur cette question. Il les a reçu à l'usine de Ginestous, près de Toulouse, le 19 juillet dernier : "Les parlementaires ont été surpris des chiffres et des impacts que les lingettes peuvent avoir, ils vont intervenir auprès de la ministre de l’Environnement pour apporter des solutions."

L'une des solutions serait d'imposer aux fabricants des lingettes, un logo pour interdire de jeter ces déchets dans les toilettes. Aujourd'hui, les industriels indiquent, certes que les lingettes sont biodégradables mais écrivent clairement que l'on peut les jeter dans les WC.

Robert Medina, vice-président de Toulouse Métropole, en charge de l'assainissement et de l'eau.

Pour essayer d'enrayer ce phénomène, Toulouse Métropole prévoit un circuit pédagogique avec les écoles : "nous mettrons en place des valises spécifiques qui tourneront dans plusieurs écoles pour que les enfants portent cette information aux parents. Il faut réagir, le problème est très important, et dépasse les frontières de Toulouse et la France.".

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