En 2019, Lucie Schmitz, alors suppléante de Pierre Cabaré, accuse l’élu de harcèlement et d’agression sexuels. Le député LREM de la 1ère circonscription de Haute-Garonne aurait tenu des propos "salaces" et lui aurait touché les fesses. Mais celui qui a porté plainte en juillet 2021 contre son ex-collaboratrice pour les mêmes motifs nie en bloc.
"Début 2019, je me mets en arrêt maladie et j’envoie un recommandé à Pierre Cabaré pour dénoncer ses agissements. J’ai un monceau de preuves pour ses manquements graves", assure Lucie Schmitz. "A la suite d’un signalement au procureur, la police judiciaire me convoque. Ils me disent que ça s’appelle une agression, que je peux porter plainte. Je dépose plainte le 6 août 2019."
Entre temps, l’ex-suppléante de Pierre Cabaré, actuelle directrice adjointe de la PME Manatour, est licenciée pour "conflit d’intérêts", un motif qu’elle rejette. Depuis, les procédures traînent en longueur. Car elle est visée par des accusations similaires, étayées, précise Pierre Cabaré, par deux témoins, un homme et une femme, dont il ne souhaite pas dévoiler l’identité.
"J’ai été convoquée une deuxième fois par la PJ le 22 décembre dernier. J’ai appris ce jour-là qu’il avait porté plainte", raconte Lucie Schmitz. "C’est une affabulation grotesque : après deux ans et demi de procédure, une confrontation avec la police et la médecine du travail… Bizarrement, il se souvient d’avoir reçu une main aux fesses pendant la campagne des élections législatives en 2017 !"
Ambiance "toxique"
Outre des gestes "inacceptables", Lucie Schmitz évoque une ambiance de travail délétère qui aurait conduit au licenciement ou au départ de six collaborateurs. Parmi eux, Grégori Michel. L’ancien assistant parlementaire, resté 18 mois dans le sillage de l’élu, avait largement incriminé M. Cabaré dans un article publié en février dernier dans Le Monde.
"Les éléments avancés par ce personnage […] sont inopérants, et l’on m’y qualifie de toxique, rien de moins", souligne Pierre Cabaré dans un droit de réponse adressé au Monde. Selon lui, les accusations le visant seraient "éhontées" et menées dans le seul but de "l’éliminer" à l’aube des élections législatives, pour lesquelles il a toujours la ferme intention de se présenter.
Dépeignant ses collaborateurs de l’époque comme un "groupe vengeur", l’homme politique y précise : "Grégori Michel avait détourné des mails au profit de Laurence Parisot du Medef. Mon autre collaboratrice parlementaire [Lucie Schmitz, ndlr], qui était aussi ma suppléante, me proposant même de ne surtout pas embaucher une personne handicapée comme je le prévoyais, "car c’est dur à licencier" !"
Interrogé par France 3 Occitanie, il insiste : "ce ne sont pas des gens sains. Je n’ai jamais été familier avec Lucie Schmitz, j’ai toujours été très professionnel. Je n’ai jamais échangé de courriels et SMS en-dehors du cadre professionnel. Je suis artisan, j’ai eu 350 employés dans ma vie en durée cumulée, je n’ai jamais eu de problème. Et depuis trois ans, j’ai une équipe heureuse, ravie de travailler."
Ping-pong juridique
Aujourd’hui, difficile de savoir quand le dossier, confié au parquet de Montauban, sera définitivement résolu. D’autant plus que Pierre Cabaré a fourni de nouvelles pièces le 4 mars dernier, toujours en cours d’analyse. "Je me suis toujours prêté, comme un citoyen normal, au jeu de la justice", relève le politique, condamné en 2003 à une peine d'inéligibilité d'un an pour une toute autre affaire.
Lucie Schmitz se dit malgré tout "très confiante". Et affirme : "même la PJ m’a dit que sa plainte n’était pas sérieuse. Le jour où il sera condamné, j’ose espérer qu’il aura un soubresaut et qu’il avouera. C’est catastrophique d’avoir un représentant de la nation comme ça... Plus il nie, plus il s’enfonce."
"Ça me fait mal qu’ils prennent autant de temps pour quelque-chose d’aussi simple", ajoute la mère de trois enfants, fière blagnacaise et investie dans l’associatif depuis 2012. "Mais si l’on doit aller en correctionnelle, on sera 4, 5, peut-être 6 collaborateurs à se porter partie civile." Et Pierre Cabaré de conclure : "je suis dans une zénitude absolue, je laisse le soin à la justice de faire la lumière sur l’affaire."