Une peine de travaux d'intérêt général pouvant se transformer en emprisonnement a été requise vendredi à Paris à l'encontre d'un homme qui avait adressé des menaces de mort à l'avocat Éric Dupond-Moretti en marge du procès d'Abdelkader Merah.
Le 4 octobre 2017, alors que le procès du frère de Mohamed Merah avait débuté à Paris, son avocat, Éric Dupond-Moretti, avait reçu à son cabinet un email de menaces provenant d'une adresse au nom sans équivoque: "dupondmorettituvasprendrecher@gmail.com".
"Si Merah s'en sort, tes deux enfants et toi subiront la même chose que les enfants de l'école Ozar Hatorah, une balle dans chaque tête", écrivait ce correspondant, en référence aux assassinats perpétrés par Merah.
L'avocat, qui avait dénoncé ces menaces devant la cour d'assises, avait porté plainte. L'expéditeur, rapidement interpellé, avait avoué avoir eu "une réaction
impulsive" après l'avoir vu s'exprimer sur BFMTV.
Devant le tribunal correctionnel, chewing-gum en bouche, regard inquiet, cet ancien barman au chômage de 37 ans a présenté ses "excuses" "à M. Moretti, sa famille, au barreau des avocats, à l'école Ozar Hatorah".
Le conseil d'Éric Dupond-Moretti, Francis Szpiner, a souligné qu'il faut "accepter que tout homme puisse être défendu". "Si nous défendons sous la menace, celui qui
est jugé devient victime de cette justice", a insisté Martin Pradel, avocat de l'ordre des avocats de Paris.
"Ceci ne peut pas être toléré", a lancé le procureur. Il a proposé de le condamner à 105 heures de travaux d'intérêt général, avec obligation de soins, une peine
pouvant se transformer en trois mois d'emprisonnement si ces travaux ne sont pas accomplis. "Chaque criminel restera toujours un être humain, et à ce titre a droit à une défense de qualité. C'est l'honneur de la profession d'embrasser cette fonction contre la vindicte populaire", a-t-il souligné.
Le prévenu aux tendances dépressives, déjà condamné dans le passé pour divers délits, avait été "ému par les attentats terroristes qui ont frappé la France, et c'est en voyant Éric Dupond-Moretti qu'il a eu cette réaction à chaud", a plaidé son avocat.
Il a demandé sa relaxe ou "la plus grande indulgence", soulignant qu'Éric Dupond-Moretti avait déclaré sur France 5 : "J'y ai pas cru à ces menaces" et qu'il avait expliqué
les avoir dénoncées car des "policiers (qui avaient enquêté sur Merah) ne souhaitaient pas témoigner à visage découvert, excipant je ne sais quelles menaces".
Le jugement sera rendu le 30 mars prochain.