Après leur rocambolesque retour de Syrie, trois jihadistes présumés parmi lesquels Abdelouahed El-Baghdadi, le mari de la soeur de Mohamed Merah, seront jugés à partir de lundi à Paris.
Ils avaient quitté la Syrie via la Turquie, qui les avait expulsés vers la France... où aucun policier ne les attendait en raison d'un gros "cafouillage" franco-turc.
Trois jihadistes présumés, dont le retour rocambolesque avait suscité une vive polémique, sont jugés à partir de lundi à Paris. Gaël Maurize, Imad Djebali et Abdelouahed El-Baghdadi - l'époux de la soeur de Mohamed Merah - comparaîtront devant le tribunal correctionnel pour association de malfaiteurs terroriste au côté de trois autres hommes.
Il est reproché aux six prévenus d'avoir rejoint la Syrie début 2014 pour y mener le jihad, pour certains en famille, en même temps qu'une dizaine d'autres hommes issus, comme eux, des mouvances radicales de Toulouse ou Albi.
Cinq d'entre eux reconnaissent être allés en Syrie, mais nient avoir combattu dans les rangs de l'organisation Etat islamique.
A l'été 2014, Maurize, Djebali et El-Baghdadi souhaitent quitter la Syrie et rentrer en France. "Ils se sont aperçus là-bas que ce n'était pas ce qu'ils pensaient", indique à l'époque l'un de leurs avocats.
Ils tentent de quitter le pays sans en avertir l'Etat islamique, par l'intermédiaire d'un passeur. Selon leur récit, la police de l'organisation les rattrape et les enferme deux semaines dans une prison "secrète", d'où ils finissent par s'échapper à la faveur d'un interrogatoire.
Les forces de l'ordre turques les interpellent alors qu'ils tentent de passer la frontière, le 25 août 2014, et avisent les autorités françaises.
La Turquie prévoit d'expulser les trois hommes quelques semaines plus tard, le 23 septembre, via un vol Istanbul-Orly signalé à Paris. Mais rien ne se passe comme prévu.
A l'arrivée de l'avion sur le tarmac d'Orly, les policiers ne trouvent personne : le commandant de bord a débarqué les trois hommes de son avion avant le décollage, faute de documents administratifs en règle présentés par la Turquie.
Les Turcs finissent par informer Paris d'un changement de vol : les "revenants" ont été mis dans un avion pour Marseille.
Trop tard : ils ont atterri sans encombres - à Marseille, une panne informatique empêche leur détection - et se sont volatilisés.
Comble de l'imbroglio, le ministère de l'Intérieur annonce leur interpellation à Orly, avant de reconnaître les avoir manqués.
"Gros cafouillage"
Surpris de ne pas être interpellés, Gaël Maurize, Imad Djebali et Abdelouahed El-Baghdadi se rendent dès le lendemain à la gendarmerie du Caylar, aux portes du Larzac.La petite brigade n'a pas prévu ce genre de situation : les suspects activement recherchés sonnent à l'interphone... et doivent patienter cinq minutes à la porte avant d'être pris en charge.
L'affaire avait créé de vifs remous, le président François Hollande soulignant "à l'évidence des manquements". Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, avait de son côté évoqué "un gros cafouillage (...) en grande partie dû aux difficultés, à l'absence de très bonne collaboration avec les services turcs".
La droite et l'extrême droite avaient dénoncé un "couac impardonnable".
Gaël Maurize, Imad Djebali et Abdelouahed El-Baghdadi sont actuellement en détention provisoire. Les trois autres prévenus ont été interpellés plus classiquement après leur retour. L'un est en détention provisoire, les deux autres sous contrôle judiciaire.
Ils ont toujours contesté fermement tout projet d'attentat en France.
Parmi les toulousains partis en 2014 figuraient des jihadistes français devenus très influents en Syrie, où ils se trouveraient toujours, comme
Jean-Michel Clain ou Sabri Essid, un proche de Mohamed Merah.
Plusieurs de ces toulousains ont déjà été condamnés en 2009 pour leur participation à la filière jihadiste dite d'Artigat vers l'Irak, notamment le prévenu Imad Djebali.
Le procès est prévu jusqu'à vendredi.