Des familles entières et des personnes âgées doivent affronter le froid jour et nuit dans leur abris de fortune à Toulouse. L'activation du plan grand froid va leur permettre de se réchauffer pendant quelques nuits. Mais après, tous retourneront à leur vie précaire.
Les plus vieux ont 70 ans, les plus jeunes quelques mois. A Toulouse, route de Saint-Simon, 70 personnes vivent dans le square Dupech, en tente, à même le sol. Des campements précaires où vivent des familles entières alors que certaines nuits, les températures passent la barre des -5°C.
Un peu plus loin, sur l'île du Ramier, à deux pas du Stadium, des Albanais se sont installés d'une manière plus durable, dans des baraquements. Le restaurant social tout proche leur fournit les repas.
La famille Osmani y vit depuis deux mois, près des rives de la Garonne. Leur habitation de fortune comporte une simple bâche en guise de toit et du contreplaqué aux murs pour faire tenir l'ensemble. Le couple habite ici avec ses quatre enfants, âgées de 2 à 10 ans.
"Ce sont des situations qu'on n'a pas vu auparavant. Jusqu'à maintenant, c'était plutôt des personnes seules qui avaient plus l'habitude de vivre à la rue. Mais des familles avec des enfants en bas âge qui vivent dans ces conditions, je crois que c'est du jamais vu", affirme Thomas Couderette du Collectif d'Entraide et d'Innovation Sociale (CEDIS).
"Moyens insuffisants"
Le voisin des Osmani est là depuis plus longtemps. Il a trouvé de la moquette pour couvrir la terre et installé un poêle dans l'espace ou dorment deux adultes et trois enfants. "On est arrivé ici pour avoir de bonnes conditions de vie. Mais on se retrouve à la rue dans des conditions horribles", témoigne Blendi Kallo.
A Toulouse 300 Roms demandeurs d'asile préfèrent endurer ces conditions de survie que continuer à vivre dans leur pays. En France ils ont accès aux soins, à l'éducation pour les enfants.
"La préfecture et l'Etat n'arrivent pas à suivre. Les moyens sont insuffisants, il faudrait en mettre plus, il faudrait de vraies solutions parce qu'on est toujours dans le court terme, l'urgence", reprend Thomas Couderette.
La préfecture vient d'activer le dispositif grand froid. Des possibilités d'hébergement supplémentaires sont ainsi proposés aux familles à l'Union ou en banlieue.
"Comment les familles sont-elles censées se rendre à l'Union alors que leurs affaires sont sur Toulouse et que l'ensemble de leurs démarches administratives, professionnelles, scolaires et sanitaires se font sur Toulouse ?", demande le CEDIS sur sa page Facebook qui dénonce une solution "totalement irresponsable".
Regardez le reportage de Marc Raturat et Eric Foissac