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VIDEO. "La Seria" : la fiction déjantée qui bouscule l'Occitanie

Dans "La Seria", Thomas Lebouly (à droite), jeune rêveur fou, a pour projet de sauver la pratique de l’occitan en créant la première série télé en langue occitane. Il s'entoure de Mathieu Verlhaguet (à gauche).

Fiction produite 100 % en Occitanie, "La Seria" raconte une histoire d'amitié et de passion, drôle, déjantée, mais aussi engagée. Elle met à l'honneur la langue sous un angle nouveau, abordant des thèmes fondamentaux comme la diversité culturelle et le vivre-ensemble. A découvrir absolument sur france.tv

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LA SERIA débarque sur France 3 Occitanie et france.tv. Très attendue, la fiction, de 5 épisodes de 40 minutes, 100 % produite en Occitanie, bouscule les codes en nous offrant à voir, à travers les yeux d’une joyeuse bande de trentenaires, l’engagement (sérieux !) dans une série, déjantée, burlesque, parfois surréaliste et débordante d’humour "Il y a l'esprit des Monty Pythons, des Requins marteaux, de Sophie Letourneur" nous précise Amic Bedel le réalisateur.

Teaser "La Séria" : réalisation Amic Bedel. Une coproduction AnderAnderA Production, Piget Films et France 3 Occitanie ©Piget Films - AnderAnderA Production,

Un projet de longue haleine (plus de 6 ans de tournage), un casting occitan, avec la volonté d' y afficher une multiplicité de langues dont le français, le catalan, le serbo-croate et l’anglais. La séria nous balade en Occitanie mais aussi en Pays Catalan, en Provence, à Barcelone et jusqu'aux Baléares.

L'Occitanie non pas comme un joli décor entre mer et montagne pour satisfaire la rétine du spectateur, mais comme un décor réaliste et grandiose pour une histoire singulière qui ne pourrait pas se passer ailleurs. Il faut transcender le régionalisme.

Amic Bedel, co-auteur et réalisateur

Une série pleine de paradoxes qui nous parle aussi de musicalité des langues, avec "des musiques qui vont des recherches indigènes de Claude Sicre dans les années 70 avec Riga Raga aux riffs mystiques de Dje Baleti, en passant par Cocanha et sa pulsation qui guérit de tout". Le ton y est "direct, la méthode foutraque" et le choix des thèmes abordés - très actuels - comme la diversité culturelle, le vivre-ensemble ou encore la résistance aux modèles dominants, sont traités avec beaucoup d’auto-dérision. 

L’histoire

À 25 ans, tout est possible. Thomas (Damien Balelo Valero), jeune rêveur fou, veut moderniser l’Occitan en créant une série audiovisuelle. Il embarque un compère qui n’a rien demandé, Matthieu Verlhaguet (Marius Blénet). Après un road-movie délirant, Thomas y met fin lorsqu’il découvre que sa copine le trompe avec Matthieu. 

6 ans plus tard, de l’eau a coulé sous les ponts et sur les calvities naissantes. Thomas remet une pièce dans la machine, retrouve Matthieu et relance son projet insensé. Mais maintenant, il lui faut bien plus qu’un complice : il a besoin d’acteurs, de techniciens, d’un chien, de financeurs, et d’une grande caméra, parce que "pour faire un grand film, il faut une grande caméra".

Entre les trafics d’un oncle véreux, ami de Michel Cordes (l'emblématique Roland, patron du bar "Le Mistral" dans "Plus belle la vie"), des croates improbables, la mer et la police des poubelles, La Seria nous invite "dans un sud frais et hilarant, où les portes s’ouvrent et se referment sans cesse sur le nez de personnages touchants et écorchés vifs".

A voir dès aujourd'hui sur france.tv

Première série produite par France 3 Occitanie, La Seria  est née de la rencontre d’un réalisateur amoureux de sa région, Amic Bedel, et d’un écrivain tout aussi amoureux de sa région, Julien Campredon. Une coproduction AnderAnderA Production, Piget Films et France Télévisions. 

Entretien avec Amic Bedel, réalisateur et co-auteur de la série

Comment l’idée de "La Séria" est-elle née ?

La série est née de ma rencontre avec Julien Campredon, et d'un désir commun de voir exister un cinéma occitan. J'avais déjà réalisé des courts métrages et des documentaires en langue occitane, mais ensemble on a eu envie de tenter plus visible, plus ambitieux. De viser quelque chose qui nous paraissait alors impossible, comme pour conjurer le sort d'une culture désaimée.

Tu as co-écrit le scénario avec l’écrivain, Julien Campredon. Vous vous connaissiez auparavant ? De ton point de vue, quels sont les 3 ingrédients majeurs d’un scénario réussi ?

Pour Julien comme pour moi, ça a été notre première vraie expérience de scénaristes. On a appris en écrivant La Seria. Ce serait un peu présomptueux de se présenter comme des maitres du scénario. Mais on avait une envie commune de comédie. Il me semble que les bons ingrédients c'est des personnages bien dessinés avec de bons dialogues, une quête impossible ancrée dans le réel, et pas mal de surprises. Et une BX !

En quoi "La Seria" est-elle une comédie engagée ? 100 % made in occitan, mais on y retrouve aussi une diversité de langues, comme le catalan, le croate… Quel est le message ?

Nos personnages sont très caractérisés, certains dirons caricaturaux. Le burlesque nous permet de nous rapprocher du réel ; d'un monde dans lequel nous vivons, où le petit et le délicat sont toujours plus menacés. Où les modèles dominants semblent toujours plus puissants.

La situation fragile des langues dites minorisées et la lutte quasi vaine de ceux qui essaient d'en montrer la valeur, c'est à petite échelle la même chose que le GIEC qui montre la fragilité de notre écosystème dans un monde complètement sourd. On retrouve le même cynisme ordinaire qui tend à moquer les activistes plutôt que de les écouter. Souvent, parce que cela remet en question notre idée du confort. C'est pour moi, le fond substantiel de La Seria, avec l'idée folle, la quête de sens que porte Thomas, alors que tout son environnement lui renvoie l'idée que ça ne sert à rien.

J'aime bien que les spectateurs imaginent que la série qu'il réalise dans la série "Montsegur de Mar" est nulle, alors qu'elle est peut-être très drôle. Je suis admiratif des personnes qui tentent les alternatives tout en fabriquant du commun, et le personnage de Matthieu est finalement "sauvé de lui-même" en suivant le poète fantasque. Si le grand-public se laisse embarquer par une série occitane, multilingue et sous-titrée, face aux mastodontes du divertissement international c'est déjà pas mal. 

Il s’est passé 6 ans entre la réalisation du premier épisode et les 4 autres. Pourquoi tant de temps ?

C'est le temps qu'il a fallu pour que le pilote que l'on avait tourné en 2013, produise son effet sur des diffuseurs et financeurs. Le rapport compliqué des politiques et des médias aux langues de France est en train d'évoluer doucement, alors que ces langues sont de plus en plus menacées de disparaître. Ces dernières années, on a connu des progrès dans la représentation de la diversité au cinéma. Notre série fait partie de ce mouvement. C'est Fabrice Valéry avec France 3 Occitanie qui a finalement permis d'engager cette production. C'est aussi un signal intéressant. Une dynamique de création cinématographique décentralisée pourrait exister. 

Tu es réalisateur pour la télévision, tu as aussi travaillé sur plusieurs formats de programmes, est-ce la première fois que tu travailles sur une série de ce genre ? Cela signifie quoi pour toi ?

J'ai pu concevoir ou réaliser des programmes très différents ces dernières années, des séries documentaires, des formats courts, des magazines, avec France 3 Occitanie et beaucoup de clips. Tous les vocabulaires, tous les sujets m'intéressent et tout est apprentissage. Après 3 courts métrages, La Seria est ma première fiction longue. J'ai beaucoup appris en la fabriquant. Avec un budget très modeste, c'est vraiment de l'artisanat et il faut chercher les solutions dans les chemins de traverse, en équipe, pour produire les images que l'on a écrites.

Peux-tu nous dire quelques mots sur tes futurs projets ? Une saison 2 ? ;-)

Je suis très curieux de voir comment La Seria sera accueillie. J'aimerais qu'en Occitanie, puisse se développer dans de bonnes conditions un cinéma singulier, à contre-courant, qui serait à la fois créatif, indépendant et populaire. Pour cela il faut un jouer un jeu vertueux entre auteurs, diffuseurs et financeurs. Il y a ici énormément de talents, des cinéastes comme Alain Guiraudie, ou Audrey Ginestet le prouvent. Le centralisme a trop formaté le cinéma français. Sans même parler des langues, observez l'absence des accents dans les séries "nationales" tournées en Occitanie. J'ai de beaux projets de cinéma en tête, j'espère bien qu'ils verront le jour !

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