Déjà quelques couacs avec l’Intercité Paris-Lourdes, lancé en grande pompe le 12 décembre 2021. Les passagers ont dû, à plusieurs reprises, descendre à Toulouse-Matabiau. Sans être "ni dédommagés, ni informés", dénonce une cliente, qui a contacté la rédaction.
Élève avocate à Paris, Camille attendait avec impatience la remise en circulation du train de nuit Paris-Lourdes. "Mes parents habitent entre Lourdes et Pau et ce train, c’est la seule solution qu’on ait pour partir après le travail sans devoir prendre une demi-journée de congés", relève la jeune femme de 24 ans.
Surprise, donc, de se retrouver bloquée à 5 heures du matin, le 20 décembre dernier, à la gare de Toulouse-Matabiau, terminus impromptu de la ligne : "le train est parti de Paris Austerlitz à 21h15", détaille-t-elle. "A 21h25, le contrôleur a pris la parole pour nous dire qu’il s’arrêterait à Toulouse. Il n’a pas indiqué l’heure d’arrivée à Toulouse. Les passagers ne pouvaient déterminer cette heure par eux-mêmes, étant donné que l’Intercité de nuit ne s’arrête en principe pas à Toulouse, mais uniquement aux Aubrais, à Tarbes puis à Lourdes."
Pas d’agent pour aiguiller les passagers
Vers 5 heures du matin, le train arrive finalement en gare de Toulouse-Matabiau. Les passagers, raconte Camille, n’ont aucune information sur les lignes de substitution mises en place par la SNCF pour se rendre jusqu’à Lourdes. Des bus seraient partis vers 6 heures du matin, mais l’information n’aurait pas été communiquée aux voyageurs. A la gare, aucun agent n’est là pour aiguiller les passagers. Et les TER reliant Toulouse à Lourdes, dont les départs étaient initialement programmés à 6h35 et 7h35, auraient été annulés.
Elle et son amie se retrouvent bloquées à plus de 240 kilomètres de chez ses parents. "C’est angoissant et énervant de se retrouver dehors à Toulouse, de nuit, à 5 heures du matin, sans solution pour rentrer… On ne sait jamais ce qu’il peut se passer", souligne Camille. Les deux jeunes femmes optent, en tout désespoir de cause, pour un covoiturage. Et le budget pèse lourd dans le portefeuille de ces étudiantes.
"On a l’impression d’être pris pour des abrutis"
Au retour, le 27 décembre, même scénario dans l’autre direction. Le service client de la SNCF lui affirme ne pas être informé de la situation. Mais un agent, à la gare de Paris, lui tient un tout autre discours : "il m’a dit que la mise en place du train était une décision politique ‘de bric et de broc’, à un an des élections… Et que la ligne n’était pas vouée à fonctionner." Pour Camille, "c’est une escroquerie !"
Du côté de la SNCF, elle précise qu’aucun dédommagement n’a été prévu pour les passagers n’ayant pas pu emprunter les bus de substitution. Même si un effort était fait "depuis trois jours" pour prévenir les usagers en amont du départ.
Alors, dans les jours qui suivent, Camille se lance dans une véritable surveillance de la ligne Paris-Lourdes. Et constate que les dysfonctionnements sont monnaie courante. Grèves, conditions météorologiques ou "conditions de départ non réunies", plusieurs raisons sont évoquées : "j’avais lu des articles qui parlaient d’incidents similaires", précise-t-elle. "Sur le moment, on se dit que ça peut arriver une fois, deux fois, on sait que c’est difficile, avec le Covid et la météo… Mais quand c’est systématique, on a juste l’impression d’être pris pour des abrutis !"
Un "épiphénomène" lié au givre
Contactée, la SNCF évoque au contraire un "épiphénomène" lié au givre qui a privé, le 20 décembre, les caténaires d’alimentation électrique. Et possiblement impacté la ligne les jours suivants. "C’est un concours de circonstances", précise la société, "mais chacun est mobilisé pour que ce train de nuit fonctionne correctement. Sur les dernières semaines écoulées, le train circule normalement."
Les passagers auraient dû avoir reçu, dès le lundi 20 décembre au matin, un SMS leur indiquant ces conditions particulières de voyage. D’autre part, une annonce vocale aurait été faite à la fois dans le train et à l’arrivée en gare de Toulouse.
Il n’y a pas eu d’accompagnement physique pour prendre en charge les voyageurs sur le quai, mais cet accompagnement n’est pas obligatoire. Il n’est fait que si des personnes à mobilité réduite empruntent cet itinéraire, comme le précise la communication de la SNCF.