Pédophilie dans l'Eglise : sous la pression, les évêques de France créent une commission "indépendante"

Accusés d'inaction face aux scandales de pédophilie, les évêques de France ont annoncé la création d'une "commission indépendante" chargée de "faire
la lumière" sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église depuis 1950.

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En dévoilant cette annonce lors de leur assemblée plénière à Lourdes, la Conférence des évêques de France (CEF) a également indiqué qu'elle pourrait
à terme "proposer un geste financier aux personnes victimes".

A l'occasion de leur réunion bisannuelle, les 118 évêques français avaient voulu lancer un signal fort en accueillant samedi, pour la première fois à Lourdes, des personnes abusées par des membres du clergé et en promettant "la tolérance zéro". Tout en saluant une journée "historique", les victimes avaient, elles, affirmé "attendre des actes".
Ce mercredi, la CEF a donc décidé de mettre sur pied une commission indépendante chargée de "comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires", de "faire des préconisations" et d'évaluer les mesures prises par la Conférence des évêques de France depuis les années 2000", détaille-t-elle dans un communiqué.
 

Un rapport au plus tard dans 2 ans


 Cette commission rendra "un rapport d'ici 18 mois à 2 ans", a-t-elle ajouté. Ses contours seront précisés "dans les jours qui viennent", notamment le nom de "la personnalité qui aura la charge de la mettre en place, d'en nommer les membres et d'en préciser le périmètre".

Le porte-parole de la CEF, Mgr Ribadeau Dumas, avait estimé qu'une telle commission pourrait être composée d'historiens, de magistrats, de spécialistes de l'enfance, de sociologues de l'institution et d'un "canoniste". Il avait dressé le parallèle avec une instance similaire confiée en 1989 à l'historien René Rémond par l'archevêque de Lyon, le cardinal Decourtray, pour faire la lumière sur le soutien apporté par les milieux de l'Église au milicien Paul Touvier, collaborateur du régime de Vichy.
   

 "Belle promesse" 


Accusée d'inertie, l'Église française est confrontée à une pression intense depuis les révélations de cas d'abus sexuels en son sein ainsi que de scandales massifs dans d'autres pays comme les États-Unis et l'Allemagne.
Fin septembre, un collectif de personnalités avait même réclamé une commission d'enquête parlementaire sur les actes de pédophilie dans l'Église, rejetée mi-octobre par le Sénat. A défaut, une simple mission d'information portant sur les "abus sexuels dans tous les lieux d'accueil des mineurs" va être lancée. 

"C'est une bonne chose mais tout va maintenant dépendre des modalités de cette commission", a réagi Olivier Savignac, partie civile au récent procès à Orléans d'un abbé pour atteintes sexuelles et d'un ancien évêque pour non-dénonciation. "La question des moyens humains et financiers de cette commission sera également cruciale quand on voit les moyens qui ont été déployés par exemple en Australie pour enquêter sur la pédophilie dans l'Église", a souligné M. Savignac qui était samedi à Lourdes.
"C'est juste la première étape, la deuxième étape sera celle de la réparation et de la reconnaissance des victimes", estime-t-il.
    

Un geste financier


Dans cette perspective, la CEF entend "proposer un geste financier aux personnes victimes", une demande formulée de longue date par les associations de victimes qui butent souvent sur la prescription des faits.

Mais "face à l'ampleur du fléau et au traumatisme subi par les victimes, le mot geste financier ne sonne pas très bien", déplore François Devaux, président de l'association de victimes La parole libérée. "C'est une annonce mais des annonces il y en a eu beaucoup dans l'Église depuis trente ans. C'est une belle promesse qu'on attendait depuis longtemps. Il faudra en être à la hauteur", ajoute M. Devaux qui a, lui, boycotté la rencontre de Lourdes en dénonçant une "opération de communication". 

Parmi les autres mesures annoncées ce mercredi, les évêques entendent réaliser, en association avec les victimes, un "travail de mémoire en recueillant les récits des personnes victimes" et "accentuer le travail de prévention" avec des "actions de sensibilisation et de prévention".
 
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