Dans le cadre de son étude annuelle, le glaciologue Pierre René et l'association Moraine observent le glacier d'Ossoue (Hautes-Pyrénées), le plus grand glacier situé du côté français des Pyrénées. Les résultats de cette surveillance révèlent une tendance alarmante : le glacier fond à un rythme de plus en plus rapide.
A raison de 5 visites par an, de mai à octobre, le glaciologue Pierre René ausculte le glacier d’Ossoue sur la face nord du massif de Vignemale (Hautes-Pyrénées). C’est le plus vaste glacier situé sur le versant français des Pyrénées, la langue de glace s’étire entre 2.800 et 3.200 m d’altitude.
Il recule, rétrécit et maigrit
Une étude détaillée est conduite par Pierre René et l’association Moraine, à l’aide de balises placées dans la glace. Ces repères permettent de mesurer et quantifier l’évolution du glacier. Année après année, le même constat s’impose : le glacier d’Ossoue fond. Il recule, rétrécit et maigrit. L’année 2022 affichait déjà des valeurs record, battues en 2023.
Dans le détail, pendant l’hiver le glacier à la faveur du froid et des chutes de neige voit son volume et sa surface croître, on parle de phase d’accumulation. Ainsi, pour l’année 2023, le gain s’établit à 1,75 m d’eau, la valeur déjà la plus faible enregistrée depuis les premières mesures en 2002.
A l’inverse durant l’été, avec la chaleur et en l’absence de chutes de neige notables, le glacier subit une cure minceur, cette phase s’appelle l’ablation. Encore une fois, le chiffre 2023, - 6,27 m d’eau bat la valeur maximale de retrait établie en 2022 avec – 6,07 m d’eau.
Un 4m50 de hauteur d’eau
Le bilan entre l’accumulation et l’ablation laisse apparaître un déficit de 4m50 de hauteur d’eau. L’eau gelée affiche un volume plus important et pour afficher une valeur claire, Pierre René indique que le glacier a perdu 5 m d’épaisseur en 2023, une valeur jusque-là jamais atteinte.
Bref, le glacier d’Ossoue fond et il fond de plus en plus vite. En 2000, il s’étirait sur une surface de 59 ha, en 2023 sa superficie est réduite à 24 ha. Au début de son auscultation du glacier, Pierre René disposait 8 points de mesure à différentes altitude, désormais 6 points de mesures subsistent.