Le tribunal d'application des peines a accordé ce vendredi 15 novembre 2024 la onzième demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais emprisonné pour complicité de meurtre. Plus vieux prisonnier de France, il purge sa peine à la prison de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées.
Le tribunal d'application des peines a accordé ce vendredi 15 novembre la onzième demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais emprisonné depuis 40 ans pour complicité de meurtre. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Abdallah, âgé de 73 ans, a été condamné à perpétuité en 1986 pour l'assassinat de deux diplomates, un Américain et un Israélien. Bien qu'il soit libérable depuis 1999, toutes ses précédentes demandes avaient été rejetées, à l'exception d'une en 2013, qui n'a pas abouti en raison de l'absence d'un arrêté d'expulsion.
Il purge actuellement sa peine à la maison d’arrêt de Lannemezan. Des manifestations sont régulièrement organisées afin de demander sa libération.
Le tribunal a fixé la date de sa libération conditionnelle au 6 décembre, sous la condition qu'il quitte le territoire national. L'avocat d'Abdallah a salué cette décision comme une "victoire juridique et politique".
- Un militant communiste libanais
Georges Ibrahim Abdallah est le plus vieux prisonnier politique de France. Considéré comme un terroriste par certains, comme un défenseur de la cause palestinienne par d'autres, ce citoyen libanais suscite beaucoup d'attention et de ferveur.
Georges Ibrahim Abdallah est né le dans le nord du Liban. Son engagement politique débute dans les rangs du Parti national syrien (PSNS). En 1976, la Syrie envahit le Liban. Abdallah, en tant que membre du Parti social nationaliste rejoint le camp des pro-syriens.
Georges Abdallah s'engage aussi en faveur du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine). Il est motivé par la cause palestinienne et les invasions successives de l'armée israélienne au Sud Liban, en 1978 et 1982 lancées en réponse à de multiples attaques palestiniennes contre la frontière nord d'Israël. Il est blessé lors de l'invasion israélienne du Sud Liban en 1978.
- Abdallah crée la Fraction armée révolutionnaire libanaise
Selon le Mossad, il participe à la création de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL). Une organisation se déclarant communiste et anti-impérialiste, dont il dirige les opérations en France sous les pseudonymes Salih al-Masri et Abdu-Qadir, la base de ce groupe étant à Lyon.
En 1982, les FARL revendiquent l'assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray attaché militaire américain à Paris le et de Yacov Barsimentov, diplomate israélien membre du Mossad le 3 avril de la même année et blessent gravement le consul américain à Strasbourg.
Les FARL décrivent ces attentats comme des actes de résistance à une agression militaire, le Liban faisant alors face à une invasion israélienne appuyée par les États-Unis. Abdallah, militant communiste, est considéré comme le chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL) en France, donc à l'origine de ces attentats.
- Condamné à la perpétuité pour complicité d'assassinat de diplomates israéliens et américains
Il est arrêté à Lyon et emprisonné en 1984. En 1987, il est condamné à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l'assassinat de diplomates israéliens et américains à Paris. Il est également soupçonné d'avoir joué un rôle dans l'assassinat en 1976 de Francis Meloy, ambassadeur des États-Unis au Liban.
Sa demande de libération fera l'objet entre 1985 et 1986 d'attentats par le « Comité de soutien avec les prisonniers politiques arabes du Proche-Orient » (CSPPA) qui feront 13 morts et 250 blessés en France ainsi que d'un kidnapping d'un fonctionnaire français en Libye.
Il jouit d'une grande popularité au sein de la classe dirigeante libanaise, plusieurs politiciens libanais exigeant sa libération. Une campagne pour sa libération est organisée par plusieurs mouvements communistes et altermondialistes.
Depuis 24 ans, il est libérable selon la loi française mais toutes ses demandes de remises en liberté ont été rejetées. Au Liban et en Palestine, il est considéré comme un défenseur de la cause palestinienne. Chaque année, des soutiens manifestent devant sa prison de Lannemezan pour obtenir sa libération. Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné depuis presque 40 ans.