L’association Moraine, qui surveille l’évolution du glacier d’Ossoue, a donné l’alerte. Ce dernier a subi en 2022 la fonte la plus importante de son histoire, perdant 4,51 mètres d’épaisseur. C'est plus que la moyenne annuelle, déjà inquiétante.
Pour atteindre le sommet du glacier, situé dans le massif du Vignemale (Hautes-Pyrénées), il faut avoir le pied sûr : 3100 mètres de grimpe, un défi que des centaines de randonneurs relèvent chaque année.
Pourtant, d’ici 2050, le glacier d’Ossoue devrait avoir totalement disparu. Voire bien avant. Car si la perte de cette année, moins 4,51 mètres, venait à se reproduire, il ne resterait potentiellement au glacier qu’une à deux décennies d’espérance de vie.
40 mètres de glace en moins depuis 2000
Vagues de chaleur, manque de précipitations, mauvais enneigement : les causes d’une fonte de cette ampleur sont plurielles. Après un été record, la sécheresse a par exemple conduit la préfecture de Haute-Garonne à prolonger les mesures de restrictions concernant le prélèvement d’eau.
"La couverture de neige régénère et protège le glacier en temps normal", relève Pierre René, glaciologue à l’association Moraine. Faute de neige, il s’est ainsi fragilisé. Quant aux épisodes de pluie saharienne, ils n’ont pas aidé. "Le sable absorbe davantage les rayonnements solaires, alors la fonte est amplifiée."
Dans le dernier volet d’Enquêtes de région (replay) consacré au manque d’eau en Occitanie, Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo France à Toulouse, a quant à lui pointé les 40 mètres de glace disparus dans le glacier d’Ossoue depuis 2000.
"Le changement climatique concerne toute la planète, avec des degrés divers selon les vulnérabilités des territoires", a-t-il relevé. "Les glaciers des Pyrénées ont commencé à fondre à la fin du 19e siècle, à la sortie du petit âge glaciaire. Depuis les années 1990, c’est une fonte très rapide."
Le glacier a une épaisseur d’environ 35 mètres à l’heure actuelle. Sa fin est inévitable. "C’est joué d’avance. Même si le climat cesse du jour au lendemain de se réchauffer, les glaciers pyrénéens vont continuer de fondre", résume Pierre René. "On est dans un contexte climatique qui ne leur permet plus de survivre."