Alors qu’une battue de chasse se déroulait aux abords de leur quartier d’Escala (Hautes-Pyrénées), un couple a retrouvé deux impacts de balle dans le mur d’une chambre de leur maison. Le rapport balistique des gendarmes est attendu pour savoir s’il s’agit bien d’un tir de chasseur.
Pierre Heurté et sa femme ont eu très peur. Samedi 3 décembre, alors qu'ils finissent leur petit-déjeuner, une forte détonation résonne à l'étage de leur maison d’Escala, à une quarantaine de kilomètres de Tarbes. Dans la chambre de leurs petits-enfants, ils découvrent deux impacts de balle de quelques centimètres.
"On était un peu sonné par la violence de la détonation. Quand on a vu ces trous dans le mur, juste au-dessus du lit de nos petites-filles, on était tétanisé", raconte Pierre Heurté. Le couple de retraités pense immédiatement à une balle perdue de chasseurs, qui effectuaient une battue à proximité du quartier à ce moment-là.
On n’est pas du tout contre la chasse, on comprend sa fonction de régulation du gibier. Mais de là à risquer la vie d’êtres humains, ce n’est pas normal. Les gens du lotissement ont peur, le samedi matin, ils ne laissent pas sortir les enfants.
Pierre Heurté, habitant d’Escala
Car selon lui, ce n’est pas la première fois qu’un tel incident arrive dans le quartier. "Les chasseurs font souvent des battues ici en entourant le lotissement et un voisin a déjà reçu une balle dans le linteau de son garage. Notre demande principale, c’est d’éloigner les chasseurs avant qu’un drame n’arrive. On se sent en danger dans nos propres maisons", estime Pierre Heurté.
Le couple porte plainte dans l’après-midi et les gendarmes de la police scientifique viennent faire leurs constatations. Ils expliquent notamment la trajectoire de la balle, qui serait entrée sous le velux de la pièce et se serait scindée en deux avant de venir se loger dans le mur en face.
Les "règles de sécurité respectées" selon les chasseurs
De leur côté, les chasseurs se disent surpris et préfèrent attendre la fin de l'enquête. "La battue de samedi matin s’est déroulée comme toujours, en sécurité", estime Pompée-Pierre Enjolras, président de la société de chasse d’Escala et responsable de la battue de samedi.
"On a fait un plan de chasse, on a prélevé un cerf, une biche et un chevreuil avant de rentrer vers midi. J’ai été très surpris quand j’ai reçu l’appel de la gendarmerie le lendemain matin pour me dire qu’une balle avait atterri dans une maison", ajoute le chasseur.
Quand j’entends que les gens ne laissent plus sortir leurs enfants parce que les balles sifflent de partout, c’est totalement faux. On n’est pas au Liban quand même !
Pompée-Pierre Enjolras, président de la société de chasse d’Escala et responsable de la battue
Périmètre et carabines en question
La maire du village assure pourtant que des habitants lui ont fait part, à plusieurs reprises, de leurs craintes de voir les chasseurs trop près des habitations. "J’ai demandé à Monsieur Enjolras que le rappel des règles de sécurité soit fait aux membres de la société de chasse. Il m’a assuré que cela avait été fait à plusieurs reprises, mais au vu de l’incident de ce week-end, cela ne suffit pas", estime Catherine Corrège, maire (SE) d’Escala.
"La vie dans nos campagnes repose sur la confiance, la prudence et la recherche d’un équilibre", analyse l’élue qui reconnait que le sujet de la chasse est inflammable.
Il n’y a pas de sentiment anti-chasse à Escala, nous sommes une commune rurale et nous connaissons tous l’utilité de cette activité. Cependant, pour le bien de tous, il y a des questions à se poser concernant le périmètre et l’utilisation de certaines armes.
Catherine Corrège, maire d’Escala
La maire de la commune fait notamment référence à l’utilisation des carabines et leur portée de plus de 3 kilomètres, qui continuent de faire débat.
Le rapport balistique des gendarmes, qui conclura ou non au lien de cette balle perdue avec la battue de chasse, devrait être rendu dans les deux ou trois prochaines semaines.