Grand Tétras, Perdrix grise des Pyrénées et Lagopède alpin, voilà trois espèces d'oiseaux terrestres suivies par l'observatoire des galliformes des montagnes. Chaque année, des opérations de comptage sont organisées. La dernière, celle du printemps, vient de s'achever sur les places de chant tirées au sort.
C'est un rituel désormais bien orchestré qui, à chaque printemps, donne lieu à une incroyable observation et permet de tenir les statistiques. Sous l'égide de l'observatoire des galliformes de montagne, tout un réseau de partenaires se donne rendez-vous dans des lieux bien identifiés sur toute la chaîne des Pyrénées : les places de chant où de grands coqs de Bruyère viennent parader.
"Quelque chose d'un peu magique"
Grands Tétras, Perdrix grises et Lagopèdes alpins, ce sont là les trois espèces de galliformes présentes dans les Pyrénées. Mais les opérations de "comptage au chant" concernent essentiellement les Grands Tétras et se déroulent dans des conditions assez rudes pour les observateurs.
"Cela se passe en montagne, au printemps. Et il faut monter la veille sur la place de chant, dormir sur place, dans un affût, pour ne pas déranger la parade qui se déroule le matin", nous raconte Julie Gabrieli. Des fois, on passe la nuit sur la neige." Mais le jeu en vaut largement la chandelle, selon la chargée de développement de l'observatoire des galliformes des montagnes pour le secteur des Pyrénées.
C'est quand même une expérience assez impressionnante, parce que ce sont des oiseaux qui, en temps normal, sont très discrets. Que l'on n'a pas l'habitude de croiser en montagne. Donc là, de les voir défiler, c'est quelque chose d'un peu magique.
Julie Gabrieli, chargée de développement à l'OGM
Au lever du jour, et pour séduire les poules, les coqs se regroupent sur la place de chant. Les Grands Tétras paradent et chantent afin d'attirer les femelles pour la reproduction. "Et c'est pour ça qu'on compte à cette période-là. Parce qu'il y a ces rassemblements qui permettent du coup, une fois les données rentrées dans un modèle statistique, d'estimer les effectifs de ces oiseaux sur la chaîne", explique Julie Gabrieli.
Plus de 700 places de chant dans les Pyrénées
Les places de chant des oiseaux sont nombreuses. Plus de 700 sur l'ensemble des Pyrénées, selon la chargée de développement de l'observatoire. Impossible de toutes les passer en revue. "Du coup, il y a un tirage au sort qui est fait. Et l'ensemble de nos partenaires ont deux ans pour compter sur ces places de chant", nous confie Julie Gabrieli.
Pas de tirage au sort et des comptages au chant beaucoup moins nombreux en ce qui concerne le Lagopède alpin. Les opérations s'avèrent en effet plus compliquées. Les oiseaux se trouvent plus en altitude, et l'enneigement peut être plus important en cette période de printemps. Et pour la perdrix grise, autre technique : "le comptage se fait avec des enregistrements audio auxquels les oiseaux vont répondre. Ce qui permet de les détecter."
Nouveaux comptages en août
Fin juillet et courant août, une deuxième opération de comptage annuel est lancée. Cette fois, les observateurs ne se fieront pas au chant des coqs, mais à leur chien qui va pister les poules et ses petits. Il faut dire que ce sont là des oiseaux très discrets et qui nichent au sol.
"Là, c'est pareil, il y a tout un protocole de secteur à parcourir pour détecter les oiseaux qui ont des jeunes, ceux qui n'en ont pas eu, précise la chargée de développement de l'observatoire des galliformes des montagnes. Et cela pour essayer d'avoir l'indice de reproduction. Les résultats de l'année sortent début automne."
Quelle tendance depuis 2010 et la mise en place de ce protocole de comptage avec l'OFB, l'ONF, les agents des parcs naturels et réserves et les chasseurs ? La tendance pour les Grands Tétras est plutôt à la baisse des effectifs. L'oiseau figure sur la liste rouge des espèces menacées en France, et en juin 2022, la justice a ordonné un moratoire de cinq ans sur la chasse au Grand Tétras.