La cour d'appel de Montpellier se prononce pour le maintien en détention du maire d'Agde (Hérault) Gilles d'Ettore, mis en examen pour détournement de fonds, prise illégale d’intérêt et corruption après avoir été piégé par une voyante, elle aussi écrouée. La demande de remise en liberté de cette dernière sera examinée mardi 9 avril.
Le maire (LR) d'Agde Gilles d'Ettore reste en prison. Ainsi en a décidé la cour d'appel de Montpellier. L'élu demandait sa remise en liberté après sa mise en examen, le 21 mars dernier, pour détournement de fonds, prise illégale d’intérêt et corruption. Ce maintien en détention provisoire intervient au lendemain du conseil municipal de la station balnéaire de l'Héraut qui s'est tenu dans un climat tendu en son absence.
Maître Jean-Marc Darrigade, l'avocat de Gilles d'Ettore, se dit "déçu" mais affirme "rester combatif, espérer que le juge d'instruction le convoque au plus vite pour recueillir ses explications complémentaires et solliciter d'être remis en liberté".
La défense est déçue puisqu’il s’agit de maintenir en prison un homme de 56 ans, jamais condamné, père de famille, maire d’une commune depuis 23 ans, président d’une agglomération, et qui a répondu à toutes les questions qui lui étaient posées au cours des sept auditions d’une éprouvante garde à vue de 48 heures.
Maître Jean-Marc Darrigade, avocat de Gilles d'Ettore
Audience à huis clos
L'audience s'était déroulée à huis clos ce mardi 2 avril, à la demande de l'avocat général, afin de préserver le secret de l'instruction. Le maire d'Agde est souçonné d'avoir détourné des centaines de milliers d'euros d'argent public, sous l'emprise d'une "voix de l'au-delà" lui commandant ces présumées dépenses.
Il s'agissait en réalité de la voix d'une voyante agathoise, amie de l'élu, capable de transformer son timbre vocal, comme elle l'a expliqué aux enquêteurs lors de sa garde à vue. L'argent aurait servi à financer des travaux au domicile de la médium. Elle aurait aussi convaincu l'édile de recruter cinq membres de sa famille.
La voyante demande sa remise en liberté
Sophia M., mise en examen dans cette rocambolesque affaire pour escroqueries, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique, recel de corruption et travail dissimulé, est elle aussi incarcérée. La justice doit étudier sa demande de remise en liberté mardi 9 avril.
Le mari de cette dernière, directeur des services techniques de la mairie, lui aussi poursuivi, a été placé sous contrôle judiciaire. L'enquête a par ailleurs conduit à la mise en examen de deux cadres de la société de BTP Eiffage pour abus de confiance, faux, usage de faux, corruption active et complicité de corruption. L'un a été placé en détention, l'autre est sous contrôle judicaire.