La rectrice de l'Académie de Montpellier s'est rendue à l'école primaire Jules-Verne d'Agde, ce vendredi, après l'agression d'une enseignante qui a été frappée et menacée de mort par la famille d'un élève, lundi 30 septembre.
Une enseignante de l'école primaire Jules Verne, à Agde (Hérault), a été agressée sur son lieu de travail par les parents d'un élève, ce lundi 30 septembre, a-t-on appris ce vendredi.
Les faits se sont déroulés dans le bureau du directeur de l'établissement, lundi soir, où l'enseignante a été insultée, frappée à plusieurs reprises et menacée de mort par la mère et la grand-mère d'un élève.
L'élève était impliqué dans une bagarre à laquelle l'enseignante avait mis un terme plus tôt dans la journée. Le lundi soir, les deux femmes se sont présentées vraisemblablement excédées au directeur de l'école, en accusant l'enseignante d'avoir maltraité leur fils et petit-fils.
Le directeur a fait venir l'enseignante, mais l'entretien a vite tourné à l'agression.
Deux semaines d'arrêt de travail
Se sentant agressée, l'enseignante a filmé la scène, d'une rare violence. Selon Emmanuel Rassat, représentant du SNUipp-FSU, on y voit la mère de l'enfant gifler la professeure, avant d'être conduite vers la sortie par le directeur. Par la suite, après la fin de la vidéo, la mère aurait asséné un coup de pied et une tape dans le dos à la maîtresse dans le couloir."La collègue a pris son téléphone pour se défendre, raconte le représentant. Cela n'a peut-être pas aidé à calmer la famille. Mais ça reste néanmoins inadmissible. Surtout que les reproches selon lesquels elle aurait molesté l'enfant étaient délirants. D'après plusieurs témoins, la maîtresse ne l'aurait même pas touché quand elle a mis fin à la bagarre."
"Je vais te crever, je vais te plumer", auraient menacé la mère et la grand-mère de l'élève sur la vidéo, visionnée par nos confrères de France Bleu.
L'enseignante a déposé plainte. Elle s'est vu notifier trois jours d'ITT, deux semaines d'arrêt de travail, et est accompagnée par un psychologue.
Réaction de l'éducation nationale
Ce vendredi, la rectrice de l'académie de Montpellier, Béatrice Gille, s'est rendue sur place suite à cette affaire. Une cellule d'écoute a été mise en place."La rectrice condamne fermement cet acte et exprime son soutien inconditionnel à l'enseignante, au directeur d'école et à tous les personnels", a fait savoir l'académie dans un communiqué.
Cette visite intervient alors que le représentant du syndicat des écoles (SNE), Mathieu Verdier, s'est ému du manque de soutien de la hiérarchie, qui aurait reproché à l'enseignante d'avoir pris cette vidéo, et plus généralement du manque de soutien de l'institution vis-à-vis des faits de violence à l'école.Trop longtemps les parents ont évolué dans une parfaite impunité. Cela ne doit plus se produire. L'Education nationale doit nous protéger.
"L'institution a trop longtemps laissé faire, a déploré Mathieu Verdier, sur place ce vendredi. Trop longtemps les parents ont évolué dans une parfaite impunité. Ce qui est arrivé hier peut arriver partout, à n'importe quel enseignant. J'ai fait parvenir la vidéo au ministère. C'est très violent. Cela ne doit plus se produire. L'Education nationale doit nous protéger."
Emmanuel Rassat, du SNUipp-FSU, nuance : "Les services de l'Éducation Nationale ont été avertis, l'inspecteur d'académie était sur place le lendemain et a convoqué une réunion jeudi. Ce vendredi, la rectrice et un adjoint au maire sont venus, on peut difficilement faire plus. La police, la justice et toute la chaîne administrative font leur travail. Il n'y a pas de quoi crier au loup. Mais on sera attentif aux suites de cette affaire."
Sur la question de la vidéo, la rectrice a répondu qu'elle comprenait "une réaction exceptionnelle face à une situation tout à fait exceptionnelle". Elle a insisté sur son souci "d’assurer la sécurité et de protéger l’ensemble de ceux qui travaillent au sein de notre service public", et a ajouté qu'une formation en gestion de crise va être proposée aux enseignants.On est choqué, c'est une école comme une autre, pas particulièrement sensible.
L'enfant, quant à lui, va être changé d'école.
75 faits de violence depuis la rentrée
Selon le SNUipp, 75 faits de violence ont été recensés depuis la rentrée dans le département. "On est choqué, c'est une école comme une autre, pas particulièrement sensible", poursuit le Emmanuel Rassat. "Cela fait partie des choses qui malheureusement rendent le métier d'enseignant de plus en plus difficile et éreintant."Cette année, plusieurs écoles du centre-ville d'Agde ont réclamé leur placement en REP (réseau d'enseignement prioritaire), ce qui leur permettrait de bénéficier notamment de classe de CP à 12 élèves.
Cet incident a éclaté dans le contexte d'un hommage national rendu à Christine Renon, directrice d'une école maternelle à Pantin, en région parisienne, qui s'est suicidé la semaine dernière alors qu'elle souffrait d'épuisement professionnel.
Ce jeudi 3 octobre, des rassemblements ont eu lieu dans toute la France, y compris à Montpellier, Nîmes, Alès ou Perpignan pour hononer sa mémoire.