Assassinat de la grotte sanglante à Sète : "un crime d'amour-propre, pas un crime passionnel" selon l'expert psychiatre

La Cour d'Assises de l'Hérault juge Rémi Chesne et Audrey Louvet pour l'enlèvement et l'assassinat de Patrick Isoird dans la "grotte sanglante" de Sète. Un crime "d'amour-propre" selon le psychiatre. Un expert contre lequel se déchaîne la défense de Rémi Chesne, qui clame son innocence.

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Toujours insatisfait, obsessionnel, sujet à l’hyperémotivité : l’expert psychiatre Claude Aiguesvives a dressé de Rémi Chesne un portrait que ce dernier renie : depuis son box, l’accusé réprouve d’un signe de tête la description qui est faite de lui. Il aime à répéter : "je ne suis pas l’homme que l’on décrit" et est persuadé que la justice est obligatoirement à charge envers lui.

Besoin d'être dans la maîtrise

Rien de surprenant pour le médecin qui l’a examiné. L’homme a selon lui un "besoin d’être dans la maîtrise", même dans ses relations amoureuses, comme quand il déclare : "sexuellement, je suis totalement dans la fidélité". D’où la vénération qu’il éprouve pour la famille bien structurée dans laquelle il a grandi et pour celle qu’il entendait construire avec sa femme Nadège et leur fille.

Symptomatique aussi de ce besoin de maîtrise, son obsession de la saleté qui le conduit à un excès de propreté. Le psychiatre estime que cela cache un sentiment défensif et protecteur. Il s’emporte d’ailleurs contre "ceux qui salissent son épouse" dès que l’on évoque le décès par pendaison de sa femme (NDLR: l’enquête a conclu au suicide "sans pouvoir écarter l’intervention d’un tiers") "et l’infidélité de cette dernière avec Patrick Isoird (NDLR: une tentative de séduction de ce dernier avortée selon Rémi Chesne).

Ainsi, la carbonisation du corps de Patrick Isoird dans la "grotte sanglante" de Sète après que ce dernier a été ligoté et abattu de 2 balles de fusil de chasse, correspondrait, selon la criminologie, à un acte qui ne laisse pas de trace, organisé (au passage prisé pour cela du grand banditisme), sans impulsivité.

Un crime "organisé, anticipé, calculé" ?

Des caractéristiques qui font pencher Claude Aiguesvives pour un crime non pas passionnel, mais "d’amour-propre", où tout est "organisé, anticipé, calculé". Pour autant, l’expert précise que l’accusé n’est pas psychopathe et "ne présente pas de psychose paranoïaque, ni de dangerosité ".

Depuis sa mise en cause dans cette affaire, Rémi Chesne, percé à jour, serait un homme blessé qui reconstruit sans cesse la scène de crime, répétant "ce n’est pas moi mais je vous propose de multiples hypothèses", fidèle à sa trajectoire de vie durant laquelle il se serait construit sans cesse un bouclier pour ne pas être atteint.

Il répète : "On a fait de ma vie un scénario", à l’échafaudage duquel Audrey Louvet a participé. Il éprouve d’ailleurs pour cette dernière rancoeur et haine. Pour lui, elle l’accuse car "elle est peut-être jalouse de ma compagne actuelle".

La défense lamine l'expert

Un portrait au vitriol qui a fait sortir de leurs gonds les avocats de la défense. De concert, maîtres Luc Abratkiewicz et Franck Berton n’ont eu de cesse de démonter le rapport du psychiatre, qu’ils estiment accusatoire.

- Luc Abratkiewicz : "Vous n'êtes plus expert en psychiatrie, vous êtes criminologue et vous le déclarez coupable ! Cela vous est déjà arrivé de vous tromper ?"
- Claude Aiguesvives : "Oui, ça m'est arrivé. Mais là, vous dénigrez mon travail"
Franck Berton : "On va tout droit vers une erreur judiciaire. J'étais à Outreau, je n'aime pas faire des parallèles mais là..."

Le ton est monté à un tel point que la présidente Anne Haye a finalement dû rappeler tout le monde à l’ordre.

Un expert plus mesuré concernant la co-accusée

Une colère des avocats de Rémi Chesne d'autant plus grande que le psychiatre s'est montré beaucoup plus mesuré concernant la co-accusée Audrey Louvet, d'emblée qualifiée de "fragile et borderline, un caractère lié à son traumatisme d'enfance" (Audrey Louvet a été une enfant maltraitée et abusée).

Son "intelligence est à la limite de la normale", poursuit-il. Concernant Rémi Chesne, Audrey Louvet s'est décrite comme étant sous son emprise et comme ayant eu une prise de conscience tardive de sa propre participation aux faits. Toutefois l'expert souligne qu'il n'y a pas eu selon lui de réelle contrainte physique, ni psychologique même si, "une fois remise en liberté, elle est certainement restée sous son influence".

Pas d'abolition du discernement

Concernant sa dangerosité, le médecin n'a pas détecté d’agressivité pathologique, ni de pathologie psychiatrique affectant sa vision de la réalité. Il conclut sur l'absence de trouble abolissant son discernement. Une expertise qui avait déjà ouvert la voie à son renvoi devant la Cour d'Assises de l'Hérault devant laquelle elle comparaît depuis ce lundi aux côtés de Rémi Chesne pour enlèvement, séquestration et assassinat.

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