Rémi Chesne et Audrey Louvet sont jugés par la Cour d'Assises de l'Hérault pour avoir enlevé, séquestré et assassiné Patrick Isoird en juin 2014 dans la "grotte sanglante" de Sète. Une victime à la vie simple, décrite comme serviable mais aussi rongée par l'alcool et sujet aux violences conjugales.
Comment dresser le portrait de l'absent, Patrick Isoird, assassiné il y a six ans et demi dans la "grotte sanglante", cavité creusée dans les flancs du Mont Saint-Clair à Sète ? Christiane Chenu, enquêtrice de personnalité, s'est appuyée sur les témoignages de ses proches, peu flatteurs pour le disparu.
Des témoins qui décrivent un contexte familial compliqué, dans une fratrie secouée de tensions et de conflits entre les deux aînés et les deux plus jeunes, les plus âgés reprochant à leur mère une préférence marquée pour Patrick, le petit dernier.
Alcool, sevrage et besoin d'être aimé
Ils évoquent aussi une addiction marquée de la victime à la boisson. Malgré ce, Patrick Isoird décroche un emploi de chauffeur pour 1400 euros à l'hôpital de Sète. C'est là qu'en l'an 2000 il rencontre, à 35 ans, Claude. Elle deviendra son épouse et la mère de sa fille. Une union sur fond d'alcool et de violences conjugales, qui aboutit à un divorce après une condamnation à 15 jours d'emprisonnement avec sursis en 2006 pour violences sur conjoint.
Il part s'installer dès lors chez sa mère âgée dans le quartier populaire de l'Ile de Thau à Sète. Patrick Isoird ne supporte pas la séparation, mais finalement les rapports des ex-époux s'apaisent et il devient alors très disponible et protecteur pour sa fille, à qui il promet d'arrêter de boire.
Une abstinence à laquelle il s'astreignait rigoureusement depuis plus d'un an lorsqu'il est tombé dans le guet-apens de la "grotte sanglante". Ses amis d'alors décrivent un homme prévenant et gentil lorsqu'il était sobre, serviable, généreux, aimant faire le bien autour de lui.
Sentimental plutôt que séducteur
Tous soulignent son important besoin d'être aimé, malgré une difficulté à exprimer ses sentiments qui le rendait parfois irritable, susceptible.
- Jean-Marc Darrigade, avocat du frère de la victime : "Etait-il dans la séduction dans son rapport aux femmes ?"
- Christiane Chenu, enquêtrice de personnalité : "Non, c'était plutôt un sentimental. Sa vie était simple, limpide, sans mystère"
- Maître Jean-Marc Darrigade : "Alors qu'est-ce qui a pu faire dans sa vie qu'il se retrouve ligoté, abattu et immolé dans cette grotte ?"
- Christiane Chenu : "Son entourage ne voit que son histoire sentimentale avec Nadège Chesne, dont il parlait peu".
Rumeurs de dettes
L'avocat général Georges Gutierrez oriente alors les débats vers la question de l'argent, dont Patrick Isoird semblait toujours à court : "Vous a-t-on parlé de dettes qu'il aurait contracté ?". L'enquêtrice répond encore et toujours par la négative : "Sa vie c'était l'hôpital, le bar, la pétanque, les amis". Un homme sans histoires, ou presque.