"Branleurs à l'école, on nous a récupérés à la mine" : des randonneurs à la découverte de l'épopée industrielle de l'Hérault

Le riche passé minier du bassin de Bédarieux ressurgit à la faveur de visites sur les anciens sites d'extraction de charbon et de bauxite, organisées par deux associations locales, bien décidées à maintenir vivante cette mémoire, alors qu'il ne reste que quelques mineurs pour raconter cette épopée industrielle qui a pris fin dans les années 1970.

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En automne, à Bédarieux dans l’Hérault, la lumière est douce, l’air embaume le thym et le lavandin. Difficile d’imaginer qu’ici, il y a 50 ans, c’était le fracas des pains de dynamite et la noria des cargaisons de minerai.

Dans les pas des anciens mineurs

Sur ces terres rouges, les randonneurs ont remplacé les mineurs qui ont exploité la bauxite de 1904 à 1974. On en extrait l’alumine, indispensable à la fabrication de l’aluminium. "Je suis souvent passé ici à vélo. Je savais qu’il y avait de la bauxite mais pas plus", reconnaît l’un des randonneurs du jour. "L’univers minier, je ne connaissais pas du tout", abonde une autre.

De la mine, il ne reste presque rien, à part les vestiges de la gare de départ du téléphérique qui charriait les wagonnets. En 2017, un documentaire a retracé cette épopée. "Vous aviez quatre catégories d’ouvriers : les manœuvres, les manœuvres mineurs, les mineurs, les boutefeux et une cinquième catégorie qui s’ajoutait après, les mécaniciens."

Une épopée en héritage

"À 90 ans passés, on est les derniers dinosaures." Robert, Raoul, Justin et Jean-Pierre sont les enfants de ce pays qui a longtemps vécu de la mine, propriété du groupe Pechiney. Ils y sont entrés dans les années 1960. "Mon père était déjà Pechiney, il s’est débrouillé pour que je rentre chez Pechiney, chauffeur mécano", se rappelle Robert.

"On était des branleurs à l'école, on nous a récupérés à la mine, se souvient Raoul. Les camions les plus pourris, ils étaient pour nous. Il n'y avait pas de direction assistée, il fallait appuyer sur les freins de tout son poids (...) Il fallait se dépatouiller avec ça." Jean-Pierre poursuite : "Quand je suis arrivé sur le site, on apercevait des trouées de partout au milieu des dolomies, l’ennemie jurée de la Bauxite. C'était grignoté de partout."

Rien n'arrête alors l'avancée de l'exploitation. Pas même le hameau agricole de la Braunhe, rayé de la carte. La maison où vivent Justin et ses parents est rasée. C'est à ce moment-là qu'il est embauché à la mine.

Le rouge et le noir du bassin

Mais en 1974, le gisement est épuisé. La bauxite, c’est fini. Reste la mémoire d’une épopée industrielle que l’association Résurgences entend perpétue. Pour mieux anticiper l'avenir. "Il y a des opportunités de mise en valeur avec des techniques et des produits nouveaux", veut croire Jean Lavastre, de l'association Résurgences.

En attendant, l'association espère organiser davantage de visites du site, groupées avec celle de l'ancienne mine de charbon de Graissessac toute proche, en collaboration avec l'association Pierres et Charbon. Leur thème : le rouge et le noir, les couleurs du riche passé du bassin de Bédarieux.

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