C'est un projet pharaonique. La rénovation des halles de Béziers à partir de février 2024. Des travaux vont entraîner leur fermeture pendant huit mois. Mais ce qui inquiète le plus les 25 commerçants, c'est le passage de régie municipale en concession privée. Le marché a été remporté par le groupe basque Biltoki.
La dernière fois que les halles de Béziers ont été rénovées, c'était en 1987. Classées, elles hébergent 25 commerçants sur 2 800m².
En septembre dernier, coup de tonnerre. Le maire annonce un chantier de remise en état pour ce pavillon Baltard fatigué par le poids des ans.
Des travaux pour une facture de 16 millions d'euros à la charge de la collectivité. Quant à la gestion de l'actuelle régie municipale, elle devient privée. C'est le groupe basque Biltoki, gestionnaire de neuf halles en France* qui a été choisi.
La gestion des halles ne peut être que privée, comme les parkings par exemple, ils appartiennent à la ville mais ils sont gérés par des professionnels. Ils savent mieux faire cela que nous.
Robert Ménard, maire de Béziers
Des commerçants inquiets des nouvelles règles
L'avis du maire n'est pas partagé par la grande majorité des commerçants. Le cahier des charges imposé par le nouvel opérateur, horaires d'ouverture rallongés et imposés, loyers, inquiète.
Ce boucher est un historique des halles de Béziers. Proche de la retraite, il se pose beaucoup de questions sur son avenir.
Il y a des loyers qui vont tripler. Moi, j'ai des ateliers en bas, ils vont tout détruire. Ils veulent aussi réduire les espaces de vente... Moi, je ne vois pas comment on peut tripler le chiffre d'affaire en réduisant la surface des boutiques. Trop de choses sont floues.
Daniel Claverie, boucher aux halles de Béziers
Les nouvelles Halles devraient conserver une vingtaine de commerçants. Pour relancer l'attractivité, le gestionnaire prévoit de transformer les lieux en halles festives, moins traditionnelles.
Pas sûr, là non plus,que tout le monde s'y retrouve.
"Il faut se mettre aux normes. Ça, je le comprends. Mais en se projetant un peu et en restant ici, moi, je vais plus perdre de l'argent qu'en gagner. C’est-à-dire payer un loyer et être spectatrice de choses qui vont se passer sans pouvoir y apporter quelque chose", explique Constance Hubert qui tient un stand d'artisanat de produits locaux et exotiques.
Pour d'autres, c'est déjà la fin de l'aventure.
Raymond, 35 ans de bistrot dans les halles, n'avait plus que quelques mois à tirer avant sa retraite. La nouvelle équipe ne le gardera pas.
J'ai bien compris que Biltoki avait son propre café. Donc, ils ne veulent pas de moi, je ne peux pas réintégrer les halles. Je n'ai pas le choix contrairement aux autres commerçants.
Raymond Garcia, bistrotier aux halles de Béziers
La fin d'une époque pour Raymond et son café. Les halles de Béziers entrent dans un nouveau monde. Vous avez dit gentrification ?
(*) Liste des halles Biltoki en France, selon le site officiel du groupe.