La ville de Montagnac a instauré des jardins partagés en 2017, à la demande des habitants de ce bourg centre, situé entre Montpellier et Béziers, dans l'Hérault. Ces potagers connaissent un succès grandissant, donnant l'occasion à ceux qui n'ont pas d'extérieur de cultiver la terre comme l'amitié.
Depuis 4 ans, aux portes de Montagnac, une quarantaine de riverains profitent des joies du jardin partagé. Tout habitant de ce gros bourg n’ayant pas la chance de posséder un extérieur peut postuler pour louer un lopin de terre de 50 mètres carrés, avec un cabanon mis à disposition pour entreposer ses outils.
C’est le cas de Michel Dentan, ravi d’avoir pu obtenir ce bout de jardin après deux ans d’attente :
Ça commence à pousser ! Les choux, c’est maintenant, après il y aura les tomates, les poivrons, les aubergines, c’est que du bonheur !
Un choix politique
Située entre Béziers et Montpellier, Montagnac est devenue une ville attractive : la pression immobilière s’accroit dans cette commune de plus de 4000 habitants.
Malgré cela, la mairie a décidé de dédier un terrain communal de 6000 mètres carrés à ces petits jardins potagers, fruits d'un projet participatif qui a germé en 2017.
C’est une volonté politique que d’établir des corridors écologiques et des zones qui sont vouées à une activité douce, de partage et de culture.
Et si un promoteur immobilier posait un gros chèque sur la table pour acheter ce terrain communal ? "Et bien, la réponse sera non, pas sous mon mandat !" affirme avec détrmination le nouveau maire de ce bourg-centre héraultais.
Cultiver la terre et la convivialité
C'est l’association Ortada qui gère les lieux. Ceux qui souhaitent bénéficier d’un lopin de terre -loué 70 euros par an- doivent respecter une règle impérative : cultiver en bio.
Désherbants et pesticides issus de chimie de synthèse sont interdits. "Le principe est plutôt bien accepté. Il y a eu des petites réticences mais c’est une règle impérative. Donc, soit on la respecte, soit on s’en va !" affirme Jean Yves Gener, conseiller municipal qui a porté le projet depuis le début.
Mais, en général, l’ambiance est très conviviale, car ici, en causant plantation et recette, on peut voyager loin. Bèche à la main, Soulaka, originaire du Mali papote avec Dada, une Bosniaque très investie dans l’association.
Moi j’aime beaucoup les plants de chez moi comme le gombo. J’ai aussi fait pousser des cacahuètes ! Beaucoup de gens pensent que c’est un arbuste, en fait, c’est une plante rampante.
Le succès de ces jardins est tel qu'une liste d'attente a été mise en place pour les parcelles individuelles.
"Il faut dire que l’année 2020 a été difficile moralement pour tout le monde, alors venir au jardin partagé, cela fait du bien car on s’y retrouve. Des fois, on n’y fait rien, on passe la matinée à discuter !" explique en riant Maria Pais de Figueiredo, présidente de l’association de l’Ortada.
"Mettre les mains dans la terre, c’est thérapeutique, ça ressource !" renchérit Soulaka.
Des sous pour planter des choux
Le gouvernement, qui a constaté que la crise sanitaire avait suscité un nouvel élan de la part des Français vers les circuits courts, vient de décider de donner un coup de pouce au développement de jardins associatifs.
Une enveloppe de 330.000 euros a été attribuée au département de l’Hérault. Les appels à projets, destinés aux associations, collectivités territoriales et bailleurs sociaux été lancés mi-janvier dans la préfecture.
Les aides devraient être accordées rapidement au niveau local pour des investissements matériels (outils de jardinage, fourniture et pose d’équipements) mais aussi pour des prestations d’ingénierie ou d’études de sols.