Avec le déconfinement, le CHU de Montpellier amorce une reprise progressive des activités opératoires et interventionnelles en fonction des disponibilités des services, des médecins et des produits anesthésiques. Dans le même temps, les cas de Covid+ baissent, 1 malade en 3 jours sur 700 dépistages.
Une bonne nouvelle a été annoncée ce jeudi matin, lors de la conférence de presse hebdomadaire du CHU de Montpellier. Les cas de Covid-19 sont en nette baisse en Occitanie.
A Montpellier, depuis le début de la semaine, donc sur 3 jours, 706 dépistages Covid ont été réalisés. Seul 1 test s'est révélé positif.
Même recul de la contagion à Béziers dans les centres de dépistage. 12 cas positifs sur 512 patients testés en une semaine.
Le pic de contagion est derrière nous mais restons prudents. Si le pire semble passé, il peut y avoir encore des cols avant l'arrivée d'étape.
Ce recul de l'épidémie permet à tous les départements de la région d'être en vert... pour le déconfinement.
Reste que moins de malades, c'est un gros handicap pour les essais cliniques en cours, comme l'essai européen Discovery et l'essai clinique Covidoc menés à Montpellier, Toulouse, Nîmes, Béziers et Perpignan. Faute de candidats en nombre suffisant, ces essais thérapeutiques, lancés de façon très médiatique début avril, pourraient ne pas être mené à terme.
Enfin, ces bons chiffres vont permettre aux centres hospitaliers de reprendre des activités "non urgentes" jusque là suspendues faute de lits, de personnels et de capacité d'anesthésie et de réanimation. Mais avec des règles très strictes pour l'hôpital et pour les patients.
Le masque obligatoire à l'hôpital
Un strict respect des gestes barrières sera demandé aux usagers comme aux professionnels au sein de l’établissement, pour les consultations et examens, comme en hospitalisation.
Ainsi, toute personne entrant dans l’un des bâtiments du CHU devra porter un masque de protection et disposera de solution hydro-alcoolique afin de réaliser un lavage de mains obligatoire.
Les visites toujours interdites
Afin de limiter la circulation au sein du CHU, la venue des accompagnants et visiteurs continuera d’être interdite sauf exceptions.
Ces exceptions concernent :
- la possibilité de rendre visite aux résidents des unités de long séjour pour personnes âgées,
- l’accompagnement par un parent pour les enfants,
- la venue à la maternité sous des conditions strictes pour les conjoints,
- l’assistance aux personnes en situation de dépendance ou de handicap,
- l’accompagnement des patients en fin de vie.
Aucune dérogation ne sera accordée pour un visiteur porteur de symptômes évocateurs du COVID-19.
Dépistage Covid-19 obligatoire et chambre individuelle
A l’approche du 11 mai, le CHU de Montpellier se prépare à une reprise très progressive des activités non urgentes pour répondre aux besoins de santé de la population.
L’enjeu est majeur : accueillir les patients en toute sécurité pour les professionnels comme pour les usagers. Mais pour cela, la capacité d'hospitalisation va baisser de 25%.
Les équipes vont limiter la durée d’hospitalisation au strict nécessaire, en s’appuyant notamment sur des dispositifs de récupération améliorée pour la chirurgie et d’hospitalisation à domicile, afin de réduire au maximum l’exposition à un risque d’infection nosocomial quel qu’il soit.
Pour une hospitalisation complète, un dépistage par RT-PCR sera systématiquement réalisé dans les 48 heures avant une hospitalisation programmée pour limiter la propagation de l’épidémie au sein du CHU.
Tout patient entrant sera placé en chambre individuelle.
L’hospitalisation en chambre individuelle est obligatoire pour tous les patients souffrant d’une maladie chronique à risque de forme grave de COVID19.
L’hospitalisation en chambre double ne pourra être réalisée que par exception pour assurer la prise en charge de patients en urgences, et sous-réserve que les tests de dépistage au COVID-19 des patients concernés soient négatifs.
On doit se tenir à ce protocole, tant qu'on le peut" explique le directeur du CHU Thomas Le Ludec.
L’admission en consultation ou en hospitalisation de jour se fera sur la base, d’une part, d’un questionnaire Covid dédié réalisé 48h avant l’arrivée pour s’assurer de l’absence de symptômes et, d’autre part, par la prise de température à l’arrivée dans le secteur.
Les essais Discovery et Covidoc au point mort ?
Lancés fin mars début avril, comme le Saint-Graal pour lutter contre le Coronavirus, les essais thérapeutiques sur la recherche de traitement contre le Covid-19 pourraient n'aboutir à rien... faute d'assez de malades et de manque de coopération européenne.
C'est l'ironie de la situation, avec la baisse du nombre de nouveaux cas de Covid-19, il n'y a plus assez de malades pour intégrer les essais cliniques, justement essentiels, pour lutter contre l'épidémie.
L'essai européen Discovery avec 4 traitements différents en test (remdesivir, lopinavir et ritonavir, avec un groupe mixte) a admis 740 patients, tous en France, sur les 800 prévus. Mais ils devaient être 3.200 au total, au niveau de l'Europe.
L'essai Covidoc, impliquant les hôpitaux de Perpignan, Narbonne, Béziers, Sète, Rodez et les CHU de Nîmes et de Montpellier, devait porter sur 150 patients pour tester l’efficacité de la bithérapie «hydroxychloroquine + azithromycine» et de l'hydroxychloroquine seule, administrées pendant 10 jours.
Jacques Reynes, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Montpellier en charge de cet essai explique simplement :
L'essai est toujours en cours mais les inclusions sont trop faibles.
Comprenez, il n'y a pas assez de malades traités pour en tirer des enseignements probants.