La canicule marine s'installe dans notre région : l'eau de la mer Méditerranée est trop chaude de deux degrés. C'est le constat établi par des plongeurs bénévoles et le Seaquarium du Grau-du-Roi lors d'une de leurs sorties nocturnes ce mardi 20 août 2024.
Régulièrement depuis un an, le Seaquarium du Grau-du-Roi organise des sorties plongées de science participative. L'objectif : recenser les espèces des fonds marins pour, dans un second temps, observer leur évolution.
Cette fois, dans la nuit du mardi 20 août 2024, les plongeurs bénévoles ont relevé une température de l'eau de deux degrés supérieure à la normale.
Au large du Grau-du-Roi, une dizaine d'hommes-grenouilles sont donc partis en plongée au niveau du banc de sable extérieur de l'Espiguette.
L'objectif : établir un atlas de la faune aquatique qui vit sur cette côte sableuse et constater ou non son évolution au fil du temps. Mais lors de cette sortie en mer, l'eau est de deux degrés trop chaude par rapport aux normales de saison.
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Des plongeurs bénévoles ont relevé une température de l'eau à 24 degrés en surface et 20 degrés en profondeur. Soit deux degrés de plus que la normale. Mercredi 21 août 2024.
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©FTV Yannick Le Teurnier
Deux degrés au-dessus de la moyenne
En effet, en surface, les plongeurs ont constaté que la température de l'eau était de 24°C. Même constat à 11 mètres de profondeur, le thermomètre affiche 20°C au lieu de 18°C.
"La mer prend 0,04 degré chaque année soit presque un demi-degré en dix ans", selon les scientifiques.
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Canicule marine
En 2003, on a eu une canicule marine avec énormément de mortalité d'organismes qui vivent au fond. 90% de la Méditerranée est affecté par ces températures extrêmes.
Jean-Pierre Gattuso - océanographe
Ce dérèglement climatique implique des changements dans la présence de certaines espèces et le Seaquarium compte bien sur son nouvel atlas pour pouvoir les identifier.
Science participative
"On réalise des comparaisons en fonction des saisons pour voir si on a les mêmes espèces ou non : c'est vraiment un travail sur du long terme", explique Canelle Denaes, la médiatrice scientifique de l'expédition.
Pour ce faire, chacun des plongeurs prend des photos et des vidéos des animaux rencontrés. Une expérience où prime la mise en commun des connaissances.
Ceux qui sont spécialisés dans les images de mer et de poissons forment ceux qui s'y connaissent moins.
Cyril Girard - plongeur
Plongée nocturne
Avec le courant et le peu de visibilité, plonger de nuit n'est pas une mince affaire, mais cette expérience nocturne permet une recherche plus fructueuse.
"Sur les fonds sableux, il y a beaucoup plus d'activité la nuit que le jour", explique Xavier Ruffray, un des plongeurs.
On avait le nez face à la vase, à 30 cm du fond alors on s'est dit "la recherche va être compliquée". Mais, coup de chance : on a trouvé sur une branche, un mâle hippocampe et un deuxième sur un bout.
Xavier Ruffray - plongeur
182 espèces recensées
Et ces expéditions paient puisqu'en un an, ces plongées nocturnes ont déjà permis de répertorier plus de 180 espèces.
"En France, il y a 250 espèces de limaces de mer et en mer elles sont plus belles, elles ont plein de couleur, c'est magnifique", s'extasie Sylvie qui vient d'en observer une pour la deuxième fois en dix ans de plongée.
L'objectif, c'est d'établir un point zéro en deux ou trois ans pour estimer les différentes évolutions des espèces.
Jean-Marc Groul - Directeur du Seaquarium du Grau-du-Roi
Ces données sont ensuite récoltées par l'institut marin pour créer un atlas de la biodiversité : une première sur la côte.
"Il faudra étudier quelles influences aura le changement climatique mais pour l'instant on n'a pas trouvé d'espèces qui n'auraient pas dû être là", conclut Jean-Marc Groul, le directeur du Seaquarium du Grau-du-Roi.
Écrit avec Éloïse Gerendon et Yannick Le Teurnier.