Violences faites aux femmes : bilan des mesures dans l'Hérault un an après le Grenelle des violences conjugales

Le 25 novembre 2019, le Grenelle consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes se terminait. Le gouvernement annonçait alors une quarantaine de mesures. Un an après, où en est-on ?

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En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. L'Occitanie est la deuxième région la plus touchée en 2019, avec 18 femmes tuées.

Cette réalité glaçante est exacerbée par le confinement, une période évidemment critique pour toutes les femmes victimes de violence. Lors du premier confinement, dans l’Hérault, les gendarmes sont intervenus environ 11 fois par jour aux domiciles de couples en conflit. Ce qui représente, par rapport à l’année dernière, une hausse de 110% des interventions.A l'occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le gouvernement se réunissait il y a tout juste un an pour le Grenelle des violences conjugales.

Quel est le bilan ?

Après une année, sur les 46 mesures présentées par le gouvernement à l'issue du Grenelle et selon le ministère chargé de l'Egalité femme-homme : 23 mesures sont effectives, 20 sont en cours de réalisation et trois projets sont en construction. De plus, parmi ces 23 mesures réalisées, 6 l'ont été entre octobre et septembre 2020.

Une des premières réussites concerne la loi sur la protection des victimes de violences conjugales. Adoptée au Parlement le 22 juillet, elle a précisé les conditions dans lesquelles le secret médical pouvait être assoupli. Désormais, le code de déontologie médicale indique que les praticiens peuvent alerter le Procureur de la République s'ils estiment que la vie de leur patiente «sous emprise» est immédiatement menacée par un conjoint violent.

La deuxième nouveauté concerne le déploiement depuis le mois de septembre des premiers bracelets anti-rapprochement pour tenir les conjoints ou ex-conjoints à distance. «C’est une très bonne mesure car elle rassure immédiatement la victime et lui confère une bouffée d’oxygène autour d’elle grâce au périmètre de sécurité» assure Danièle Goury, lieutenant-colonel au sein de la gendarmerie de l’Hérault.
Egalement la signature d'une cinquantaine de conventions pour permettre les prises de plaintes à l'hôpital, comme à Lunel, Saint-Jean-de-Védas et dernièrement Béziers. Une victime de violences conjugales se présentant au service des urgences du centre hospitalier biterrois peut alors être entendue par des policiers du commissariat de la ville, qui se déplacent.Autre mesure réalisée : la création de 16 centres régionaux chargés de suivre les auteurs de violences. 15 autres doivent voir le jour d'ici fin 2021. L'ambition est donc d'avoir une trentaine centres répartis sur tout le territoire, avec en moyenne deux centres par région. En France, 200 auteurs de violence pourraient alors être accueillis par an et par centre.

C'est le cas à Montpellier puisqu'au cours de cette année, un centre de suivi et d'accompagnement des auteurs de violences a été créé pour la Région Occitanie. Grâce à un partenariat avec la justice, les services préfectoraux ou encore le centre pénitentiaire d'insertion et de probation, cette mesure contribuera à la prévention de la récidive et à une meilleure anticipation des risques de violence.Enfin, dernier point principal déjà mis en place depuis un an : la formation des forces de l'ordre pour accueillir et prendre en charge au mieux une femme victime de violences. 80 postes supplémentaires ont été promis par le gouvernement lors du Grenelle.
Dans l'Hérault par exemple, il y avait déjà cinq intervenants sociaux dans les gendarmeries. Prochainement, un sixième poste sera créé. Au total, 1.723 personnes ont pu être reçues en 2019.

Dans ce sens, et c'est inédit : tous les gendarmes de l'Hérault, c’est-à-dire 1.000 personnes, devront être formés dans quelques mois à l'audition et la prise en charge des victimes de violences conjugales.

Les gendarmes ne vont pas s’arrêter uniquement à la présence ou non de violences physiques mais vont essayer de détecter les violences psychologiques, les cyber-violences, les violences verbales ou encore administratives.

Danièle Goury, Lieutenant-Colonel en charge de cette formation.

L'idée est que les victimes, pour qui effectuer la démarche de se déplacer et de témoigner est déjà très difficile, n'aient pas à subir des premiers contacts inappropriés.

Les pistes à améliorer

En 2019, 146 femmes ont été assassinées. D'après le calcul réalisé par l'Agence France-Presse, au début du mois d’octobre 2020, elles sont 71. Un chiffre en baisse par rapport à l'année dernière mais toujours trop important.

Un an après le Grenelle, les associations dénoncent des résultats en demi-teinte. Pour Marie-Noëlle Lanuit, créatrice de Nous Toutes 34 et Women’s March Montpellier, c’est seulement «un petit point de départ, une petite lueur d’espoir d’une prise de conscience politique».
Si elle reconnaît des avancées, elle déplore néanmoins le manque d'argent déployé.
360 millions avaient été annoncés par le gouvernement lors du Grenelle, dédiés exclusivement à la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle aurait souhaité un milliard sur la table : «c’est un chiffre symbolique, l’Espagne a investi cet argent et les résultats sont prodigieux, les violences faites aux femmes ont considérablement baissé».

Enfin, dernière mesure attendue et respectée selon le ministère dédié à L'Egalité : les 1.000 places d'hébergement d'urgence promises aux femmes qui souhaitent fuir leur domicile. 1.000 de plus doivent être créées en 2021.
Dans l'Hérault par exemple, deux centres d'hébergement sont exclusivement dédiés aux femmes victimes de violences à Montpellier et Béziers.
Insuffisant et partiellement inadapté pour la militante : «Nous ne pouvons pas prendre en charge toutes les victimes à Montpellier. Il faudrait augmenter ce nombre d’hébergement mais surtout ouvrir des centres pour les agresseurs eux-mêmes. C’est eux qui doivent être retirés du foyer, pas les femmes et leurs enfants».

Il faut établir une véritable égalité et pour cela il faut éduquer dès l’école, que tous chefs d’établissement participent.

Marie-Noëlle Lanuit, créatrice de Nous Toutes 34 et Women’s March Montpellier.

Il est par exemple prévu la diffusion dans tous les établissements scolaires d'un document unique de signalement et d'un guide réflexe à destination des personnels. L'objectif est de mieux repérer et signaler les violences intrafamiliales dont les élèves sont victimes.

Enfin, l'existence d'un numéro de téléphone, le 39 19, fait également débat. Ce dernier ne fonctionne pas encore 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Un appel à candidature a été lancé. Une autre incompréhension pour Marie-Noëlle Lanuit : «on ne mélange pas du dévouement avec du commercial».
Ce numéro ne sera joignable en permanence qu'à partir de juin 2021.
 
Si vous êtes victime ou témoin d'actes de violence, que faire ?
Les violences conjugales concernent 220 000 femmes chaque année. Si vous vous sentez en danger, vous pouvez quitter le domicile avec vos enfants à tout moment, sans attestation de déplacement.
En cas d'urgence ou de danger immédiat : appelez le 17 ou envoyez un sms au 114.

Pour un conseil, une orientation ou signaler un fait de violence : appeler le 39 19, un numéro gratuit et anonyme fonctionnant du lundi au vendredi, de 9h à 22h, ainsi que les samedis, dimanches et jours fériés, de 9h à 18h.
Ou pour signaler votre situation sur internet, sur un tchat non traçable : https://arretonslesviolences.gouv.fr/

Enfin l'application App-Elles peut vous être utile. Elle permet d'alerter jusqu'à trois contacts de confiance et cartographie l'ensemble des structures de prise en charge des femmes victimes de violences pendant le confinement.
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