Le parquet de Béziers a indiqué, ce mercredi 29 avril, faire appel de la décision rendue par la magistrate en charge de l'instruction. Les inondations avaient causé la mort de quatre personnes à Lamalou-les-Bains (Hérault) en septembre 2014.
En conclusion d'une ordonnance de 29 pages, la juge d'instruction a estimé qu'il n'existait aucune charge suffisante à l'encontre des six personnes physiques mises en examen, y compris à l'encontre du maire de la commune au moment des faits, Philippe Tailland (DVG) .
Le procureur avait requis un renvoi devant le tribunal correctionnel pour "blessures et homicides involontaires".
La juge d'instruction relève plusieurs "carences" ou "défaillances dans l'appréciation de la situation, la vigilance et la mise en œuvre des dispositifs" mais estime qu’elles ne sont pas d'un niveau de gravité permettant de caractériser des fautes pénales.
Elle conclut :
Le "phénomène de vague" à l'origine de l'inondation mortelle était un phénomène non connu, non répertorié, différent d'une crue ordinaire et tout à fait exceptionnel. Ce phénomène était à la fois imprévisible, irrésistible, extérieur et la cause exclusive des dramatiques événements survenus.
Pour la magistrate, "l'appréhension et l'anticipation de ce phénomène étaient impossible à établir".
Le parquet fait appel
Le procureur de Béziers, Raphaël Balland, a donc interjeté appel de cette ordonnance de non-lieu afin que l'ensemble de la procédure fasse l'objet d'un nouvel examen par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier.
Le camping municipal emporté par la crue du Bitoulet
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014, un couple mais aussi une femme et sa fille avaient été noyés par une vague soudaine. Ces quatre touristes séjournaient au camping municipal de Lamalou-les-Bains.
Au pied de l'Espinouse (1.124 m), massif montagneux sur lequel se produisait alors un phénomène cévenol, les pluies diluviennes avaient gonflé le Bitoulet, un affluent de l'Orb. La crue soudaine avait emporté des véhicules, des caravanes, des hébergements provisoires et des campeurs.
Zone inondable... ou pas, selon les époques
Surplombant d'environ 3 mètres le cours d'eau, la zone du drame avait été classée inondable en 1974, puis déclassée en 1982, date de la création du camping municipal créé en 1982, puis à nouveau déclarée inondable en 1989. Le Parquet avait donc mis en avant des "fautes caractérisées", soulignant "le défaut de déclenchement du plan de sauvegarde communal et d'évacuation du terrain de camping".
Le non-lieu du maire de l'époque en question
En août 2019, le Parquet de Béziers n'avait requis le renvoi devant le tribunal correctionnel que pour le maire de l'époque, Philippe Tailland. Cinq autres personnes mises en examen (deux employés de la station thermale, deux responsables municipaux et le prédécesseur de Philippe Tailland, Marcel Roques, maire de 1989 à 2014) avaient bénéficié d'un non-lieu.