Plusieurs cliniques et hôpitaux de la région signent des conventions avec la gendarmerie afin de faciliter les dépôts de plainte pour violence conjugale. Alors que Montpellier et Béziers commencent à expérimenter le dispositif, le bilan un an après sa mise en place à Lunel est encourageant.
Depuis un an jour pour jour, il est possible de porter plainte pour violence conjugale directement au sein de la clinique Via Domitia de Lunel, grâce à une convention avec la gendarmerie. Cette date du 25 novembre n’a pas été choisie au hasard, c’est la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
C’était une première dans le département, mais depuis quelques semaines, des dispositifs similaires existent à l’hôpital de Béziers et à la clinique Saint-Jean de Montpellier.
31 plaintes déposées depuis le début de l'année
Concrètement, lorsqu’une patiente victime de violences conjugales souhaite porter plainte, le personnel de la clinique appelle la gendarmerie qui se rend sur place. Le recueil de la plainte se fait dans une pièce dédiée, avec une entrée à part pour éviter que les gendarmes ne croisent le conjoint violent s’il se trouve dans la salle d’attente.Le personnel des urgences de Lunel identifie environ 200 victimes de violences intrafamiliales par an. Parmi elles, 31 ont déposé plainte directement à la clinique cette année. « Ce n’est jamais assez mais c’est tout de même 31 femmes qui n’auraient peut-être pas osé se rendre à la gendarmerie pour porter plainte », relève Yann Reynaud, directeur de la clinique Via Domitia de Lunel.
Nos personnels de santé sont formés à l’identification des victimes de violences conjugales, car la plupart du temps, les femmes n’osent pas en parler directement. Elles disent qu’elles sont tombées, ou qu’elles se sont pris une porte. Une fois qu'elles reconnaissent qu'elles sont victimes de violence, on peut essayer de les pousser à porter plainte.
Des gendarmes formés et sensibilisés
La brigade de gendarmerie de Lunel a recueilli près de 150 plaintes pour violences intrafamiliales cette année. 20 % sont issues de la convention avec la clinique.Les gendarmes sont également formés à la prise en charge de ces victimes. « On leur explique les différentes formes de violence qui existent, la psychologie de la victime, ou encore comment l’écouter et la mettre en confiance », explique une gendarme de la brigade.
En 2019, le collectif Féminicides par compagnons ou ex a recensé 18 féminicides en Occitanie, dont 7 pour le seul département de l'Herault. Cela en fait la deuxième région de France la plus touchée par les féminicides.Avec ce dispositif, le délai de plainte est largement raccourci. La victime n’a pas à raconter 3 ou 4 fois les faits. C’est important parce qu'il est souvent très difficile pour ces femmes de rapporter à nouveau les faits subis.