“Ramassez les déjections de votre chien” : à Lunel, rien n’échappe aux caméras de surveillance parlantes

Non-port du masque, déjections canines et dépôt sauvage de déchets... Pour limiter ces trois infractions, la police municipale de Lunel (Hérault) utilise désormais de nouvelles caméras de surveillance dotées de haut-parleurs. 

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Depuis lundi 9 mai, la ville de Lunel (Hérault) est équipée de trois nouvelles caméras. Leur particularité : elles sont couplées à des haut-parleurs qui leur permettent de s'adresser directement aux contrevenants. Les infractions suivantes sont ciblées : le non-port du masque, le dépôt sauvage de déchets et les déjections canines.

Sur Twitter, le maire de Lunel (divers droite) Pierre Soujol s'est félicité de cette nouveauté.

Gagner en efficacité contre les incivilités

Ces trois caméras sont situées au niveau du musée Médard, près des Halles et du rond-point de la place de la République. Elles sont reliées au centre de supervision urbaine, installé au sein du poste de police. 

Lorsque les agents observent une infraction, un avertissement retentit à travers les haut-parleurs. Si le contrevenant ne réagit pas, une équipe de policiers municipaux est envoyée pour procéder à une verbalisation.

"Pour ne pas être sous le feu de la voix du haut-parleur, il suffit tout simplement de faire preuve de civisme !", peut-on lire sur la page Facebook de la municipalité de Lunel. 

L'objectif de ces caméras est de "gagner en réactivité et en efficacité", selon Stéphane Alibert, adjoint délégué à la sécurité.

Les haut-parleurs vont permettre de régler certains problèmes d’incivilité sans monopoliser des patrouilles qui peuvent être mobilisées sur d’autres interventions.

Stéphane Alibert, adjoint délégué à la sécurité (Lunel, Hérault)

Ce dispositif est en phase de test pendant deux mois, afin d'évaluer son efficacité. Il pourrait être étendu à d'autres zones de la ville. 

La place croissante des technologies dans l'espace public

Mais pour certaines associations de défense des droits de l'Homme, ces dispositifs de surveillance ne sont pas inoffensifs. "La multiplication de ces caméras parlantes établit une gestion déshumanisée et technologisée de l'espace public, dans un environnement toujours plus sécuritaire", avance Juliette, membre de la Quadrature du Net. Créée en 2008, cette association participe à la campagne Technopolice qui consiste à "documenter la résistance aux usages policiers des nouvelles technologies dans les villes, que ce soit par la vidéo ou le « Big Data »".

C'est infantilisant de se faire réprimander par une caméra. On fait reculer les relations interpersonnelles et humaines, qui permettent davantage le dialogue et la compréhension. Considérées seules, ces caméras peuvent sembler anodines. Mais peu à peu, ces dispositifs instillent l'acceptabilité de la présence accrue de technologies dans l'espace public.

Juliette, membre de l'association "La

Quadrature du Net"

Selon l'association, la crise sanitaire a accéléré l'usage de ces dispositifs. "C'est un peu la stratégie du chocDans le cadre d'une crise exceptionnelle comme celle que nous traversons, des moyens exceptionnels sont mis en place. Mais l'on finit par s'y habituer, alors qu'ils nous auraient semblé scandaleux et dystopiques il y a quelques années !", analyse Juliette, en faisant également référence aux drones "parlants" utilisés pendant le premier confinement. 

"Si les caméras parlantes peuvent surprendre, voire paraître intrusives, la Ville de Lunel souhaite mettre toutes les chances de son côté pour éradiquer les comportements inciviques, qui coûtent 1,5 millions d'euros par an à la collectivité", indique la municipalité sur son site.

D'autres villes d'Occitanie utilisent déjà ces caméras "parlantes". Toulouse (Haute-Garonne) en est équipée depuis 2018. La municipalité de Béziers (Hérault) a installé douze caméras haut-parleurs au mois de janvier dernier

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